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Le président Akaïev aurait quitté le pays L’opposition kirghize fait sa révolution et prend le pouvoir (Photo)

L’opposition a pris le pouvoir hier au Kirghizstan, à l’issue d’une seule journée de manifestations à Bichkek, la capitale, alors que le chef de l’État Askar Akaïev aurait quitté le pays. Tout est allé très vite dans la capitale kirghize, qui était jusque-là restée épargnée par le mouvement de protestation, né des élections législatives de février-mars, jugées frauduleuses par l’opposition. Des milliers de personnes ont commencé à manifester dans la matinée. Quelques heures plus tard, en fin de journée, les sièges de la présidence et du gouvernement étaient aux mains des manifestants qui les avaient pris d’assaut, de même que la télévision nationale. Des heurts ont eu lieu au cours de la journée, qui ont fait une trentaine de blessés entre forces de l’ordre et manifestants, avec des coups de matraque, des jets de pavés et une charge de policiers à cheval. Aucun coup de feu n’a toutefois été tiré, alors que des armes et des caisses de munitions avaient été stockées par les soldats à l’intérieur de la « Maison blanche », le siège de la présidence. En début d’après-midi, alors que les policiers, munis de boucliers, s’écartaient, et que certains passaient même du côté des manifestants, ces derniers ont pris d’assaut le bâtiment, le drapeau national du Kirghizstan a été brandi aux fenêtres, et les portraits du président Akaïev ont volé au-dehors. Quant au président kirghiz, Askar Akaïev, 60 ans, au pouvoir depuis 1990, il s’était volatilisé depuis hier matin. Réfugié sur la base russe de Kant, près de Bichkek, selon les premières rumeurs, parti pour la Russie, selon d’autres, négociant depuis une de ses résidences avec un représentant de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), à en croire d’autres. Mais l’OSCE a assuré dans un communiqué ne pas savoir où se trouvait le chef de l’État. Un des leaders de l’opposition, Kourmanbek Bakiev, a annoncé dans l’après-midi qu’il avait quitté le Kirghizstan et que le Premier ministre avait démissionné. Ces informations n’ont pas été confirmées officiellement, et l’incertitude régnait toujours en fin de journée, alors que les agences russes affirmaient, sans citer leurs sources, qu’Akaïev et sa famille avaient atterri au Kazakhstan. Pendant ce temps, la Cour suprême a annulé les résultats des dernières élections. L’ancien Parlement (celui existant avant les législatives de février-mars) s’est tout de même réuni et a nommé Ichenbaï Kadyrbekov nouveau président de la Chambre en lui confiant l’intérim à la tête de l’État. Les parlementaires ont aussi confié les tâches du gouvernement au Conseil de coordination d’unité nationale, formé par l’opposition et présidé par M. Bakiev. Libéré de prison par ses partisans hier, dans des circonstances peu claires mais probablement avec l’accord tacite des policiers, un des leaders de l’opposition, l’ancien vice-président Felix Koulov, emprisonné depuis 2000, a lancé un appel au chef de l’État, l’exhortant à accepter une passation pacifique et « constitutionnelle » des pouvoirs et appelant la population au calme. M. Koulov, ancien chef des services de sécurité, est aux yeux de nombre d’analystes l’homme qui saura unir l’opposition kirghize, aujourd’hui composée de mouvements hétéroclites, dont le seul point commun réel est la volonté de se débarrasser d’Akaïev. Le Parlement kirghiz a chargé hier soir Felix Koulov de diriger par intérim l’ensemble des forces de sécurité du pays. La rapidité des événements, apparemment peu encadrés, semble avoir surpris jusqu’aux leaders de l’opposition. « Ce matin encore, je ne m’attendais pas à cette tournure des événements », a déclaré M. Bakiev. La Russie a, de son côté, appelé à « ramener la situation sur le terrain de la légalité » au Kirghizstan et à appliquer la Constitution. Et le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a appelé l’OSCE à la responsabilité, l’accusant en substance d’avoir encouragé le mouvement d’opposition au Kirghizstan. Les deux « héros » des précédentes révolutions perpétrées dans l’ex-URSS, le président géorgien Mikhaïl Saakachvili et son homologue ukrainien Viktor Iouchtchenko, ont réagi, le premier appelant l’opposition à ménager une issue « civilisée » à la crise, le second se proposant comme médiateur « pour rétablir l’ordre civil ». Quant aux États-Unis, l’ambassadeur américain au Kirghizstan, Stephen Young, a apporté, dans une déclaration à la chaîne de télévision américaine CNN, son soutien à l’opposition kirghize.
L’opposition a pris le pouvoir hier au Kirghizstan, à l’issue d’une seule journée de manifestations à Bichkek, la capitale, alors que le chef de l’État Askar Akaïev aurait quitté le pays.
Tout est allé très vite dans la capitale kirghize, qui était jusque-là restée épargnée par le mouvement de protestation, né des élections législatives de février-mars, jugées...