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Actualités - OPINION

L’heure est au changement

Depuis plus d’une dizaine d’années, tous les États de par le monde sont appelés à la transition démocratique, et parmi les pays arabes, le Liban faisait exception car « déjà démocratique ». Aujourd’hui, il fait encore exception puisqu’il arrache lui-même la véritable démocratie, puisqu’il décrie sa pseudo-démocratie. Il y a quelque temps, on ne pouvait qu’espérer le changement, sachant qu’il serait long et graduel, peut-être du vivant de nos petits-enfants. La concrétisation du changement devait passer par l’éducation et les mentalités afin de briser certaines résistances socioculturelles : le clanisme, le clientélisme exacerbé ou encore ce que Michael Hudson a appelé le « factionnalisme » ; trait caractéristique de l’establishment politique libanais, dans le sens où ce dernier évolue dans un infini jeu de compétition pour le pouvoir et le prestige, qui handicape le fonctionnement du système politique en le réduisant aux luttes personnelles. Un jeu de luttes personnelles qui fut sûrement pour beaucoup dans les différentes interventions étrangères au Liban. Aujourd’hui, l’heure est au changement, présage de fin d’hégémonie syrienne, de prééminence de l’identité libanaise et d’instauration de véritable démocratie. Quelques en furent les raisons, l’exclusion de certaines parties, les luttes au sein de l’élite au pouvoir, le paroxysme de l’état sécuritaire, la pression étrangère, l’assassinat politique de trop... l’important pour le citoyen est la concrétisation dudit changement. C’est dans ce cadre que l’on est en droit de se demander : quelle sera la place dans ce tourbillon pour une circulation des élites politiques ? Un changement de fond ne requiert-il pas un changement de forme, à savoir un remplacement des anciennes élites ? Ou bien, est-on en face d’une simple reproduction ? Ce qui voudrait dire, une certaine continuité, une (re)conversion des anciennes élites ? Ce qui est certain, c’est que la transition n’aurait pu être amorcée par une simple décision intraélites, car la majorité silencieuse a parlé, et le contraire est tout aussi vrai. Avec ce peuple, certaines « minorités actives » se sont mobilisées aussi, c’est-à-dire les étudiants et les associations civiles (en attendant que les mouvements syndicaux soient de la partie)... et tout ce monde ne pourrait être instrumentalisé, et une fois le but atteint, oublié. C’est dans ce sens que les élites d’aujourd’hui sont acculées à la circulation, car en termes démocratiques, le lieu du pouvoir est un lieu vide, comprenons, qu’il n’appartient à personne. Mais l’équation ne va pas dans un seul sens : les non-élites, surtout les jeunes, sont appelées à prendre leurs responsabilités vis-à-vis de l’étape suivante, à œuvrer pour une constante circulation des élites politiques, élément focal du bon fonctionnement démocratique de l’État de droit. Ce travail sera certes long et ardu. Et la transition sera sûrement celle d’une reproduction des élites aux directions et, espérons-le, celle d’une circulation aux niveaux subalternes. Ghalia FAYAD Politologue
Depuis plus d’une dizaine d’années, tous les États de par le monde sont appelés à la transition démocratique, et parmi les pays arabes, le Liban faisait exception car « déjà démocratique ». Aujourd’hui, il fait encore exception puisqu’il arrache lui-même la véritable démocratie, puisqu’il décrie sa pseudo-démocratie. Il y a quelque temps, on ne pouvait qu’espérer le...