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Actualités - ANALYSE

Analyse - La Syrie n’écarterait pas un « deal » portant sur un nouveau chef de l’État agréé d’abord par l’opposition Les élections, priorité absolue : un gouvernement de sages et la révocation des 7 attendrait un peu…

Lorsque les bâtards de l’ombre tentent de dynamiter en plein cœur l’intifada de l’indépendance et la quête de vérité à l’échelle nationale en cherchant à saper la phénoménale détermination de tout un peuple, en cherchant à ressusciter presque à l’identique la psychose putride des quinze années de guerre, cela ressemble de près comme de loin à une dernière carte abattue en désespoir de cause. Même s’ils sont conscients de la stérilité de cette démarche criminelle ; même s’ils soupçonnent bien qu’aucune IVG ne peut réussir sur l’histoire en marche ; même s’ils savent pertinemment qu’ils sont scrutés au microscope par la communauté internationale et que le rapport Fitzgerald que Kofi Annan mettra aujourd’hui à la disposition du Conseil de sécurité risque d’être fatal à plus d’une partie… « Je souhaite que ceux qui jouent la carte du pire et qui voudraient essayer de dire que sans la présence syrienne, c’est l’anarchie et les attentats qui reviennent au Liban ; je souhaite que ceux qui jouent ce petit jeu soient rapidement démasqués et condamnés, et je suis persuadé qu’ils le seront. Dans ce contexte, nous n’attaquons pas la Syrie ; nous exigeons, conformément à la résolution 1559, que la Syrie se retire entièrement du Liban, dans les délais les plus brefs, qu’elle retire ses forces armées et ses services », a asséné hier de Bruxelles un incontournable Jacques Chirac. Mais si rien ne prouve aujourd’hui scientifiquement que Damas soit innocent ou coupable, de près ou de loin, dans ces attentats de New Jdeidé et de Kaslik, une chose est sûre : c’est sur le plan politique que la Syrie joue depuis plusieurs semaines cette « carte du pire ». Pour essayer de compenser son inéluctable retrait militaire et sécuritaire, et en bloquant d’une main de fer la formation d’un nouveau gouvernement, le tuteur syrien et son pupille libanais font tout pour retarder le plus possible les élections législatives, seules à même de catalyser à une vitesse éclair la mutation du Liban et ses retrouvailles avec lui-même. En face, il y a l’opposition plurielle qui semble avoir désormais pleinement compris que seule une Chambre dont la majorité lui est acquise lui permettra de mener à bien ses revendications, et admis qu’il faudrait impérativement respecter une échelle de priorités. C’est-à-dire, un : gagner les élections ; deux : révoquer les patrons des services de sécurité et autre procureur général ; trois : faire en sorte que l’exacte vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri soit sue et connue par tous ; quatre : parachever dans ses moindres détails le volet extérieur de l’accord de Taëf. Et comme le retrait syrien, encore une fois, semble de plus en plus inéluctable, comme le rapport Fitzgerald semble n’être que la première étape d’un processus qui pourrait se prolonger peut-être même jusqu’à une sorte de Tribunal pénal international, l’opposition pourrait accepter de mettre entre parenthèses, pour un court laps de temps, sa demande de révocation des sept patrons des services, en contrepartie de la formation d’un gouvernement de sages, agréés par elle comme par les milieux loyalistes. Sachant évidemment que les sept hommes dont elle demande la mise à l’arrêt partiront inévitablement et naturellement à l’issue des élections que cette opposition se dit sûre, à l’aune de l’engagement et du ras-le-bol populaire, de gagner. Sachant aussi que cette éventualité sur laquelle les hommes du Bristol sont en train de travailler dépend d’abord de l’accord, moral mais aussi politique, de la famille Hariri. Les élections avant toutes choses, donc, aux dates prévues, sur la base de la loi de 1960 (qui intéresse visiblement beaucoup les Occidentaux) épurée de ces vicissitudes beyrouthines et autres articles 63 et 68, et sous surveillance internationale ; des élections qui sont, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, sur les lèvres du moindre des responsables occidentaux. La Syrie sait bien que le Liban, plus tôt que tard, n’y échappera pas, et elle non plus. Serait-ce donc pour cela, comme l’évoquent en ce moment certains pôles de l’opposition, que Damas serait en train de travailler sur un « deal » ? Un deal consistant à « sacrifier » l’actuel locataire de Baabda, Émile Lahoud, au profit d’un présidentiable (espèce rarissime) qui recevrait le OK de l’opposition, ainsi que l’assentiment des loyalistes (surtout d’un Hezbollah que son instinct de survie militaire, quasi animal, peut entraîner vers d’inconcevables défis) et de la Syrie, en contrepartie d’une double assurance : que soient préservés les intérêts « stratégiques » de la Syrie et garantie, sinon le statu quo, du moins l’exclusive libanisation du dossier Hezbollah. Ainsi, à défaut de grives, Damas se contenterait-il d’un merle, et s’éviterait, autant que puisse se faire, un total saut dans l’inconnu… Walid Joumblatt a d’ailleurs souligné hier que l’opposition opposera un veto à tout président de la République qui serait « l’ennemi » de la Syrie… Sauf que d’autres pôles opposants préfèrent au terme « deal » celui de « manœuvre » : ils soutiennent que c’est avant les législatives, « que le camp prosyrien cherche à reporter jusqu’à septembre 2005 », que la Syrie remplacera Émile Lahoud par un « nouvel opposant, une sorte de cheval de Troie qui, en contrepartie de son intronisation, assurerait une prochaine Chambre dont la majorité serait prosyrienne ». Il n’empêche… Indépendamment du point de savoir si ces rumeurs sont réellement fondées ou si l’actuel locataire de Baabda acceptera sans broncher cet éventuel marchandage, la priorité des priorités reste les législatives. Donc la formation d’un gouvernement, « même à 100 % loyaliste, à condition qu’aucun de ses membres ne soit candidat aux législatives », a dit hier Nassib Lahoud. Ziyad MAKHOUL
Lorsque les bâtards de l’ombre tentent de dynamiter en plein cœur l’intifada de l’indépendance et la quête de vérité à l’échelle nationale en cherchant à saper la phénoménale détermination de tout un peuple, en cherchant à ressusciter presque à l’identique la psychose putride des quinze années de guerre, cela ressemble de près comme de loin à une dernière carte abattue...