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Les habitants de la Békaa empêchés d’arriver à destination La rue transformée en tribune de la liberté (photos)

C’est du jamais-vu. Que ce soit par voie de terre ou par voie de mer, les Libanais se sont obstinés à atteindre coûte que coûte le centre-ville, même si le prix à payer devait être assez élevé pour certains. Venus exprimer leur ras-le-bol après plusieurs décennies d’asservissement et formuler le désir d’en finir avec un passé chargé de refoulement et de frustration, ils sont arrivés en rangs serrés, usant de tous les moyens possibles et imaginables pour converger vers le rendez-vous de l’espoir. Le spectacle qui s’offrait hier dès 10 heures du matin était digne d’une fiction. Jamais histoire n’aura témoigné d’une telle détermination et d’un acharnement à toute épreuve. Empruntant voitures, cars, vans, autobous, vélos, mobylettes, voire camions et barges, les manifestants ont afflué des quatre coins du pays en direction de la place de la Liberté. En l’espace de quelques heures, des centaines de milliers de véhicules ont investi les autoroutes et les axes routiers conduisant au lieu du rendez-vous. Par petits groupes, et au fur et à mesure que l’heure de la cérémonie approchait, les protestataires déferlaient par vagues successives vers le cœur de la capitale. Certains n’y sont jamais arrivés. Venus en force du Akkar, de Bécharré, d’Amioun, du Koura, de Tripoli, de Batroun, de Jbeil, du Kesrouan, de Zahlé, de Aley, de Baabda, de la Békaa, du Chouf, de l’Iklim el-Kharroub, de Saïda, de Jezzine, et bravant les « barrages » et obstructions de tout genre, les manifestants ont pris d’assaut dès 9 heures du matin le réseau routier, saturant dès 14 heures les artères principales. Des files interminables de voitures se sont formées aux portes de la capitale, bloquant des centaines de milliers de manifestants dans leurs voitures. Certains n’ont pas hésité à abandonner leur véhicule sur place pour poursuivre leur chemin à pied, dévorant plusieurs kilomètres pour venir rejoindre la foule en délire. Bien que plusieurs milliers de bus aient été affrétés pour réduire la congestion et faciliter le transport des citoyens, les voitures ont continué d’affluer même après 16 heures, soit une heure après l’heure fixée pour l’ouverture de la cérémonie officielle. Plus avisés que d’autres, certains manifestants ont mis à profit leur sens créatif, empruntant la voie maritime pour rejoindre leurs concitoyens. De Tripoli en passant par Jounieh jusqu’à la marina du centre-ville, petites et moyennes embarcations ont réussi à transporter plusieurs dizaines de passagers. Organisé la veille, l’acheminement des citoyens a été notamment assuré par les municipalités, notables et formations politiques de l’opposition qui ont mis des dizaines de bus et de vans à la disposition des manifestants. Mais le chemin de la liberté n’a pas été une sinécure pour tous les protestataires, certains groupes ayant été harcelés en cours de route par les partisans des formations loyalistes. Formé de 92 bus et de 40 voitures, le convoi en provenance de Bécharré a été retardé par un jet de pierres lancé par les membres du PSNS de la région de Amioun, un incident qui a fait 7 blessés parmi les manifestants. Le scénario était un peu plus pernicieux dans la Békaa où les chauffeurs de bus réservés la veille ont été soudoyés par les loyalistes qui leur ont payé chacun 100 $ pour ne pas se montrer au point de rassemblement, selon des témoins cités par les médias. À Tripoli, ceux qui n’ont pas réussi à se trouver une place dans les véhicules de location ont décidé de contourner le problème en manifestant sur place. Vers 15 heures, alors que la place des Martyrs et la place Riad Solh étaient déjà saturées de monde, on pouvait encore distinguer à l’horizon une immense file de voitures qui était restée bloquée dans le prolongement de la chaîne humaine. Hier, la rue était devenue, le temps d’une parenthèse exceptionnelle de l’histoire du Liban, la tribune des citoyens aguerris. Je.J.

C’est du jamais-vu. Que ce soit par voie de terre ou par voie de mer, les Libanais se sont obstinés à atteindre coûte que coûte le centre-ville, même si le prix à payer devait être assez élevé pour certains. Venus exprimer leur ras-le-bol après plusieurs décennies d’asservissement et formuler le désir d’en finir avec un passé chargé de refoulement et de frustration, ils sont...