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Actualités - CHRONOLOGIE

L’ancien Premier ministre confirme son retour « dans les toutes prochaines semaines » Aoun invite Lahoud à assurer le transfert du pouvoir et la continuité des institutions

Paris, d’Élie MASBOUNGI Au cours d’une conférence de presse donnée hier dans un hôtel parisien, le général Michel Aoun a confirmé son intention de rentrer au Liban « dans les toutes prochaines semaines », en compagnie des généraux Issam Abou Jamra et Edgar Maalouf, qui faisaient partie de son gouvernement de militaires de 1988 à 1990. L’ancien Premier ministre exilé à Paris s’adressait à la presse à l’occasion de l’anniversaire du bombardement de Beyrouth par les troupes syriennes le 14 mars 1989. Le général Aoun a qualifié cet acte de « crime barbare, dont la responsabilité a été imputée à l’époque à l’armée libanaise par des médias manipulés ». Il l’a comparé au « crime atroce (l’assassinat de Rafic Hariri) qui heurte aujourd’hui les sentiments des Libanais et qui les réunit à nouveau, mettant un terme à la tromperie syrienne qui les avait paralysés depuis très longtemps ». Le général Aoun a réclamé par ailleurs la formation d’un gouvernement « qui répondrait aux exigences populaires et qui tiendrait compte du fait que la majorité parlementaire actuelle n’exprime pas la volonté du peuple et ne reflète ni la réalité des diverses fractions politiques libanaises ni celle des communautés du pays ». Il a ajouté qu’il est grand temps que le pouvoir soit détenu par l’opposition, par le biais d’un gouvernement de salut public ayant un programme clair et précis. Dans sa déclaration, le général Aoun a affirmé que « nos efforts devront s’accentuer en vue de faire la lumière sur tous les assassinats politiques commis au Liban et d’identifier les auteurs et les commanditaires de ces crimes terroristes qui ont coûté la vie à plusieurs leaders politiques libanais, en commençant par l’attentat contre Rafic Hariri et en remontant jusqu’à celui qui a coûté la vie à Kamal Joumblatt ». « Ces crimes monstrueux, a ajouté le général, en citant également les assassinats de Béchir Gemayel, René Moawad, Hassan Khaled, Sélim Laouzi, Riad Taha, Rachid Karamé, Dany Chamoun, Mohammed Assaf et Nazem el-Kadri, ne portent pas seulement atteinte aux intérêts des parents des victimes et des ayants droit, mais aussi à l’intérêt collectif des Libanais, car ils constituent une vraie tragédie historique. » Et l’ancien Premier ministre de poursuivre : « Cela donne aux Libanais et aux générations futures de notre pays le droit de savoir toute la vérité sur ces crimes, et ce pour sauvegarder notre mémoire collective et pour empêcher le renouvellement des mêmes atrocités à l’avenir. » « La pyramide du pouvoir libanais s’est établie à l’envers, ce qui paralyse toutes les autorités du pays et les place sous l’hégémonie des services sécuritaires, a ajouté le général Aoun. Cela paralyse le pouvoir à deux titres : d’une part, parce qu’il est incapable de se débarrasser de ses services de renseignements et de sécurité, d’autre part, parce qu’il ne peut gouverner sans ces mêmes services. » Aussi, pour lui, « la situation est très complexe et nécessite la mise en place de plusieurs procédures avant le prochain scrutin ». Selon le général Aoun, il faut « préparer ces élections sous le contrôle d’autorités dignes de confiance et hautement compétentes, afin de maintenir la sécurité et de combattre la fraude électorale ». Le général Aoun a enfin invité le président Émile Lahoud à constituer un gouvernement qui représenterait réellement la volonté du peuple, un cabinet qui serait plus apte à réformer les services de sécurité et à restaurer la paix et la justice dans le pays. « C’est là, a ajouté M. Aoun, une obligation qui incombe plus que jamais au président de la République, celui-ci devant assurer le transfert du pouvoir et la continuité des institutions constitutionnelles. » Par ailleurs, dans un communiqué distribué aux journalistes, le général Aoun indique, au sujet de son retour au Liban avec les généraux Abou Jamra et Maalouf : « Nous attendons l’annonce officielle par (le secrétaire général de l’Onu) Kofi Annan du calendrier précis du retrait total de l’armée syrienne et des services de renseignements du Liban. Les indices dont nous disposons et nos analyses indiquent que cette condition sera remplie avant l’organisation des élections législatives prévues au mois de mai. Vous pouvez donc déduire la date approximative de notre retour. Toutefois, nous avons formé d’ores et déjà deux comités (l’un au Liban et l’autre à l’étranger) afin de préparer et d’accompagner ce retour qui, en tout état de cause, aura lieu dans un cadre serein de concertations avec l’opposition. Ce retour, unanimement réclamé par toutes les composantes politiques du Liban, apportera une pierre fondamentale dans l’édification du Liban de demain et scellera la réconciliation nationale tant espérée par le peuple libanais. » En réponse aux questions des journalistes, le général Aoun devait développer plusieurs points : « Lorsque j’ai été traduit en justice au Liban pour avoir témoigné devant le Congrès américain, j’ai rappelé au ministre (de la Justice Adnane) Addoum ce qui s’était passé avec Laval et le général de Gaulle, lorsque le premier avait condamné à mort le second par contumace. On sait qui a été condamné et exécuté par la suite. » « Il n’y a pas de coordination avec les autorités pour notre retour, parce qu’il n’y a tout simplement pas d’autorités, mais ce sont des services de renseignements syriens, d’ailleurs en instance de départ, qui donnent des ordres aux services libanais », a-t-il par ailleurs indiqué. Interrogé sur le Hezbollah, le général Aoun a considéré que « le parti était une organisation de résistance jusqu’à la libération du Liban-Sud ». « Maintenant que cette tâche a été accomplie, a-t-il ajouté, on ne peut tolérer deux armées dans un même pays. En tout état de cause, le Hezbollah fait partie intégrante du peuple libanais. J’ai accordé ma confiance à mes camarades de l’opposition pour qu’ils instaurent un dialogue avec le parti. » Et de poursuivre : « Ils ont libéré le Liban-Sud de l’occupation israélienne et nous avons libéré le pays de la présence syrienne. Il faut désormais dialoguer franchement et clairement. En ce qui nous concerne, nous n’avons rien à cacher. » Sur les relations libano-syriennes, le général a considéré qu’elles « devront être redéfinies sur de nouvelles bases après le retrait syrien. À savoir des relations d’égal à égal dans le respect de la souveraineté de chaque pays et des intérêts réciproques ».

Paris, d’Élie MASBOUNGI

Au cours d’une conférence de presse donnée hier dans un hôtel parisien, le général Michel Aoun a confirmé son intention de rentrer au Liban « dans les toutes prochaines semaines », en compagnie des généraux Issam Abou Jamra et Edgar Maalouf, qui faisaient partie de son gouvernement de militaires de 1988 à 1990.
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