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Rencontre d’une symbolique particulièrement importante entre la délégation de députés opposants et Aoun « Le peuple libanais, dans toutes ses composantes, doit être maître de son destin », martèle Barnier devant l’opposition plurielle (Photo)

Paris, d’Élie MASBOUNGI La délégation parlementaire de l’opposition libanaise a clôturé sa visite en France hier avec une ferme réaffirmation du soutien français à la ligne suivie par les opposants libanais dans leur ensemble, à savoir l’insistance sur un « départ rapide et intégral des troupes syriennes stationnées sur le territoire libanais ainsi que de tous les services de sécurité y afférents, et ce avant les élections législatives qui doivent, toujours selon Paris, se dérouler dans les délais constitutionnels ». Il est évident – et cela est apparu au cours de l’entretien des parlementaires libanais avec le ministre des Affaires étrangères, M. Michel Barnier – que la France soutient également les autres demandes de l’opposition libanaise, notamment l’exigence d’une enquête internationale sur l’assassinat de Rafic Hariri et la désignation des responsables. La position française, telle qu’exprimée après la réunion du Quai d’Orsay par le porte-parole du ministère, M. Hervé Ladsous, était plus nuancée puisqu’il a indiqué que la France n’insiste pas pour un désarmement immédiat du Hezbollah. En fait, Marwan Hamadé et d’autres membres de la délégation ont plaidé au cours de la réunion du Quai d’Orsay pour une solution de ce dernier point par un dialogue avec le Hezbollah, considérant la question du désarmement de la milice chiite comme un problème interne. À l’issue de la rencontre, le service de presse du Quai d’Orsay a publié le communiqué suivant : « Le ministre Michel Barnier a reçu ce matin une délégation de parlementaires libanais, dirigée par M. Marwan Hamadé, ancien ministre. « Le ministre s’est entretenu avec ses interlocuteurs de l’évolution de la situation politique au Liban et des perspectives du mouvement démocratique. Comme il avait encore eu l’occasion de le faire hier, le ministre a réaffirmé que le seul objectif de la France était la souveraineté politique du Liban et sa liberté : “Le peuple libanais qui s’exprime tous les jours, dans toutes ses composantes et dans toute sa diversité, doit être maître de son destin.” « Tout en soulignant que la France resterait aux côtés de tous les Libanais, le ministre a rappelé à ses interlocuteurs nos exigences : – la mise en œuvre de la résolution 1559, à commencer par le retrait de l’armée et des services de renseignements syriens : – la nécessité de faire toute la lumière sur l’assassinat de Rafic Hariri ; – la tenue d’élections législatives libres et transparentes, sous observation internationale. « Le ministre a réaffirmé notre totale détermination et celle de la communauté internationale, et notre attente d’actions concrètes. » Avant la rencontre, Marwan Hamadé avait indiqué que les parlementaires allaient « demander à M. Barnier la poursuite des pressions de la communauté internationale ». « Si le premier redéploiement syrien est terminé en mars, le retrait total doit être terminé en avril afin que des élections libres aient lieu en mai en présence d’observateurs internationaux, et que le meilleur gagne », avait-il dit à la radio privée Europe 1. Petit déjeuner avec Aoun Avant de se rendre au ministère des Affaires étrangères, les députés libanais avaient pris leur petit déjeuner au Plaza Athénée avec l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, qui a salué chaleureusement Marwan Hamadé, lui disant notamment : « Je suis heureux de vous revoir en bonne forme », alors que le député Ghattas Khoury enroulait autour du cou du général le célèbre foulard rouge et blanc que portent les manifestants à Beyrouth. La délégation au grand complet, MM. Hamadé et Khoury, ainsi que Mme Nayla Moawad et MM. Nassib Lahoud, Mohammed Kabbani, Misbah el-Ahdab, Ahmed Fatfat et Farid Makari, a échangé des vues avec l’ancien Premier ministre, dégageant des objectifs communs contenus dans les accords de Taëf et les termes de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Les personnalités présentes ont réaffirmé leurs positions sur le retrait total des troupes syriennes du Liban avant les élections législatives de mai prochain, mais aussi sur la nécessité de charger une commission internationale de l’enquête sur l’horrible assassinat de Rafic Hariri. À l’issue de cette rencontre, le général Michel Aoun a affirmé son soutien le plus ferme à l’intifada pour l’indépendance, ajoutant que ce mouvement de l’opposition se poursuivra au-delà du retrait syrien. « Nous avons mis l’accent sur le fait que ce qui se produit à Beyrouth se produit également ici, et va se poursuivre après le retrait syrien et le rétablissement de la souveraineté », a-t-il indiqué. Prié de dire si des divergences étaient apparues au cours de ses entretiens avec les députés opposants, le général Aoun a affirmé qu’il n’y avait pas de divergences, mais qu’il peut apparaître au sein de tout front politique des vues différentes. Il a ajouté que dans le cas présent, tout le monde est d’accord pour une action commune dans le cadre des principes démocratiques. Le général Aoun a toutefois fait un pas de plus en direction de l’opposition plurielle en estimant que quelle que soit la référence adoptée, la 1559 ou les accords de Taëf, l’objectif doit être un retrait total des forces syriennes du pays. Il a souligné que son retour interviendra avant les élections législatives et après le retrait syrien. Michel Aoun a en outre fait preuve de fermeté vis-à-vis du Hezbollah, l’appelant à remettre ses armes à l’État et à rejoindre la vie politique. « Il s’agit de la seule garantie pour la sûreté du Hezbollah. Nous le lui conseillons. Mais sayyed Nasrallah a choisi de suivre des sentiers épineux. Nous ne l’accompagnerons pas sur cette voie, même si nous ne nous mettrons pas non plus en travers de sa route », a-t-il indiqué. Il a ajouté, en réponse à une question, que le Liban serait « le dernier pays arabe à signer un traité avec Israël », rejetant « les attaques de certains au sujet de relations fictives avec Israël, et ce au moment où la plupart des pays arabes tiennent des réunions avec Israël ». De son côté, Marwan Hamadé a affirmé que cette réunion « constructive et fructueuse » avec Michel Aoun était « la consécration définitive de l’union des forces de l’opposition nationale dans le cadre de l’intifada de l’indépendance qui entend agir pour la libération du Liban sous le seul drapeau libanais ». Il a ajouté que la force de l’opposition est justement la diversité des vues dans ses rangs, et que la réunion avec le général Aoun « a jeté les ponts pour passer au stade du Liban libre et indépendant, du Liban des institutions démocratiques qui se réalisera notamment par la découverte de la vérité sur l’assassinat de Rafic Hariri ». « Nous attendons les élections. Hariri devait mener la grande majorité de l’opposition vers la victoire, mais ils ont essayé d’arrêter ces élections (en le tuant). Sa mort sera le germe de l’intifada réelle, à travers des élections victorieuses qui permettront aux Libanais de recouvrer leur indépendance », a noté M. Hamadé. Et d’ajouter : « C’est nous qui avons fait échouer le 17 mai, pas ceux qui étaient occupés à nager dans les piscines, à l’époque. Nous ne permettrons pas le rétablissement des climats qui prévalaient au moment du 17 mai. » D’autres députés ont également pris la parole devant les journalistes, notamment Ahmed Fatfat qui a indiqué que cette rencontre avec le général Michel Aoun était toute naturelle et que les vues étaient concordantes sur les questions de fond (retrait syrien total avant les élections et enquête sur l’assassinat de Rafic Hariri) malgré certaines nuances qui sont, a-t-il dit, naturelles dans toute action démocratique. Tout aussi symbolique, la position de Nayla René Moawad, qui a estimé que « cette rencontre vient consacrer une coordination sur le terrain entre le CPL et les différentes forces de l’opposition par un accord sur toutes les questions importantes ». Le député Ghattas Khoury s’en est violemment pris au Premier ministre Omar Karamé, dont il a contesté la légitimité, estimant qu’il « n’a pas les qualités requises pour diriger un cabinet d’union nationale ». Quant au député Nassib Lahoud, il a souligné la nécessité d’organiser des élections libres dans les délais constitutionnels, mettant l’accent sur l’attachement de la France à la souveraineté du Liban. En soirée, la délégation a regagné Beyrouth.
Paris, d’Élie MASBOUNGI
La délégation parlementaire de l’opposition libanaise a clôturé sa visite en France hier avec une ferme réaffirmation du soutien français à la ligne suivie par les opposants libanais dans leur ensemble, à savoir l’insistance sur un « départ rapide et intégral des troupes syriennes stationnées sur le territoire libanais ainsi que de tous les services de...