Pas d’ordre de grève officiel, les écoles en principe ouvertes L’opposition appelle à manifester place des Martyrs(photo)

Les forces de l’opposition ont appelé à la participation à une grande manifestation qui se tiendra aujourd’hui, à midi. Deux jours après le discours du président syrien Bachar el-Assad au cours duquel il a annoncé le retrait de ses troupes, les participants à cette manifestation se retrouveront directement à la place des Martyrs, comme les y ont invités les députés Farès Souhaid, Mansour el-Bone et Pierre Gemayel. Il était initialement prévu qu’ils traversent à pied la distance qui sépare le site de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, près de l’hôtel Saint-Georges, de la place des Martyrs, lieu où il a été enterré et où des sit-in continus se tiennent depuis le 16 février. Mais il en a été décidé autrement hier dans la soirée. Ce mouvement, comme ceux qui l’ont précédé, est placé sous le signe de la revendication d’un retrait total des troupes syriennes du Liban, et de la vérité sur l’identité des meurtriers de Rafic Hariri. À 12h55, heure de l’explosion de la bombe qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre et à ses compagnons, le 14 février, une minute de silence devrait être observée. Contrairement à lundi dernier, où un important rassemblement avait également eu lieu, aucun ordre de grève n’a été officiellement décrété par les organismes économiques. Les commerces et les institutions devraient donc en toute logique ouvrir leurs portes aujourd’hui. Pour ce qui est des écoles, les directions et les parents étaient toujours livrés à eux-mêmes concernant les décisions à prendre. Toutefois, le secrétaire général des écoles catholiques, le père Marwan Tabet, a indiqué hier à la LBC que « le secrétariat a décidé qu’il serait préférable que les établissements membres fonctionnent normalement demain (aujourd’hui) ». Il a poursuivi : « Nous ne nous opposons pas à la volonté des élèves qui voudraient participer à la manifestation. Mais nous leur demandons de se rendre à l’endroit donné directement à partir de leurs domiciles, sans se regrouper au siège de leur école, parce que nous ne sommes pas prêts à assumer la responsabilité de ce qui pourrait leur arriver. De plus, le lendemain, ils devraient être munis d’un billet de leurs parents, prouvant que ceux-ci les avaient autorisés à se rendre à la manifestation. » Par ailleurs, la rue libanaise demeurait hier en ébullition, que ce soit du côté de l’opposition ou des forces prosyriennes. Le sit-in place des Martyrs s’est poursuivi comme d’habitude, hier soir. Des milliers de personnes se sont rassemblées devant la statue des Martyrs, drapeau libanais à la main, foulard blanc et rouge autour du cou. Chansons patriotiques, slogans antisyriens et souverainistes scandés, discours prononcés... L’atmosphère était similaire à celle des autres soirs. Un commentateur au micro lisait les titres de page une des journaux de différents pays, toutes consacrées, cette semaine, aux événements de Beyrouth, particulièrement à la démission du gouvernement lundi dernier. Ailleurs, dans les rues de la capitale, des manifestations mobiles ont été observées un peu partout. Des partisans de l’opposition se sont ainsi regroupés en dizaines de voitures, main sur le klaxon et brandissant des drapeaux libanais. De leur côté, des groupes clairement proches des milieux loyalistes ont fait de même, arborant sur leurs véhicules des photos des présidents syrien, Bachar el-Assad, et libanais, Émile Lahoud. Ils portaient également des drapeaux libanais. Les risques d’altercations ne sont pas à écarter. En témoigne cette scène, qui s’est déroulée sur l’avenue Béchara el-Khoury, un peu plus haut que la place des Martyrs où se tenait le sit-in, dans la soirée d’hier : d’un trottoir à l’autre, deux groupes de jeunes se sont apostrophés en termes véhéments. Alors que les premiers scandaient des slogans prosyriens, sur fond de chants patriotiques et de discours provenant du sit-in, les seconds, qui s’y rendaient visiblement, leur ont lancé des expressions particulièrement insultantes envers la Syrie. Le premier groupe, très dépité par cette attitude, les a injuriés en retour, s’en prenant à eux personnellement, avant que tous ne s’éloignent sans qu’aucun autre incident ne survienne...