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Actualités - OPINION

Vases communicants

Ils sont sourds, ils sont aveugles, mais sont loin d’être muets. Et quand ils ouvrent la bouche, c’est immanquablement pour dire au mieux des bêtises, au pire des énormités, des insultes à l’intelligence la plus élémentaire couplées de propos scabreux que ne renierait pas le dernier des malfrats. Le gouvernement actuel doit s’en aller. Aujourd’hui plutôt que demain. Il doit rendre son tablier, se faire oublier au plus vite. Un départ dans ce qui lui reste de dignité pour éviter une retraite sous les huées de la population. Et qu’on ne vienne surtout pas nous rebattre les oreilles d’avertissements du genre : « Le pays risque de sombrer dans le chaos », « un départ précipité créerait un vide institutionnel ». Le gouvernement était aux abonnés absents avant le drame, pendant le drame et, surtout, après. Ses prestations ne laisseront certainement pas un souvenir glorieux dans la mémoire des Libanais. Le chaos ? Allons donc ! Les gens, tous âges, toutes couches sociales et toutes confessions confondus, ont donné la preuve, au cours des derniers jours, de leur grande maturité. Leur unité dans l’adversité constitue, à cet égard, la meilleure garantie contre toute dérive. Mais cette mobilisation doit continuer, enfler, gagner toutes les fractions de la société, les tièdes, les hésitants, ceux « qui veulent bien mais qui n’osent pas ». Cette mobilisation doit nécessairement englober ceux qui ont déjà humé et savouré le parfum de la liberté au Sud, ceux-là mêmes qui ne peuvent et ne doivent rester insensibles au souffle de la liberté qui balaie le reste du pays. Quatre jours encore avant la grève générale décrétée par les associations économiques, quatre jours encore avant « l’heure de vérité » au parlement : lundi, si, d’ici là, Karamé n’a pas déjà entamé sa seconde traversée du désert, c’est tout le peuple qui doit dire « non » au gouvernement, soutenir les députés frondeurs, les derniers des braves, ceux qui exigent la vérité, toute la vérité, ceux qui veulent éviter à tout prix que Rafic Hariri soit assassiné une seconde fois. Un rassemblement pour l’honneur, un rassemblement pour empêcher le parlement de sombrer dans le déshonneur. Et la Syrie dans tout cela ? Indépendamment des pressions internationales de plus en plus fortes, indépendamment des suspicions et accusations formulées ou proférées ici et ailleurs, réalise-t-on sur les rives du Barada que rien ne sera plus comme avant au Liban ? Que le maintien de la présence syrienne aura, à bref délai, de lourdes conséquences aussi bien politiques qu’économiques ? Que la communauté internationale est à la veille d’adopter des sanctions drastiques contre Damas ? Les caciques du régime ont-ils eu le temps de prendre le pouls de la population syrienne submergée d’images télé sur « l’intifada de l’indépendance », interpellée par les slogans « Syrie dehors », « Liberté, liberté » ô combien perturbateurs ? Tiendront-ils compte de l’appel des 200 intellectuels syriens exhortant Bachar el-Assad à retirer ses troupes du Liban, à établir des rapports d’égal à égal avec ce pays et à entreprendre les réformes nécessaires en Syrie même ? Le temps presse, les flammes avancent à grande vitesse, et toute déstabilisation au Liban se répercutera, cette fois, inévitablement sur la Syrie. Les tabous sont tombés, les masques aussi. Les cris, les grands silences qui résonnent à Beyrouth doivent être entendus à Damas. Pour le bien du Liban évidemment, mais désormais et surtout pour le bien de la Syrie. Nagib AOUN

Ils sont sourds, ils sont aveugles, mais sont loin d’être muets. Et quand ils ouvrent la bouche, c’est immanquablement pour dire au mieux des bêtises, au pire des énormités, des insultes à l’intelligence la plus élémentaire couplées de propos scabreux que ne renierait pas le dernier des malfrats.
Le gouvernement actuel doit s’en aller. Aujourd’hui plutôt que demain. Il doit...