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Des « élections transparentes », une « loi indiscutable » et des « observateurs incontestables », réclame Chirac Rice menace la Syrie d’isolement si la 1559 n’est pas appliquée(photo)

PARIS, d’Élie MASBOUNGI C’est le même souci de voir les autorités libanaises organiser des élections législatives transparentes, en présence d’observateurs « incontestables », et d’appliquer la résolution 1559 du Conseil de sécurité, que le président français, Jacques Chirac, et la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, ont exprimé au cours de leur entretien nocturne, hier à Paris. Mais si le président Chirac s’est contenté de mettre en garde contre un scrutin qui ne tiendrait pas compte de ces trois critères, Mme Rice est allée plus loin en multipliant les menaces contre la Syrie si la 1559 n’est pas appliquée. « Il y a le Syria Accountability and Lebanese Sovereignty Restauration Act et nous pouvons même aller au-delà... », a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue français, Michel Barnier, après avoir menacé la Syrie d’isolement. Arrivée hier à Paris, Mme Rice a marqué une conférence donnée en début d’après-midi à l’Institut d’études politiques et, plus tard, une conférence de presse au Quai d’Orsay, par de sérieux avertissements à la Syrie, martelant qu’il est « inadmissible que Damas continue de soutenir et de donner refuge aux groupes terroristes ainsi qu’aux organisations qui refusent la paix et le dialogue ». Elle a également affirmé que les élections au Liban doivent se dérouler dans une atmosphère de liberté afin que la démocratie soit rétablie dans le pays. Mme Rice, qui venait de clôturer une visite à Rome, troisième étape d’une tournée qui l’a déjà menée en Israël et en Cisjordanie, a été reçue à l’Élysée par le président Chirac avec qui elle a passé en revue les relations franco-US. Mme Rice et M. Chirac ont réaffirmé leurs positions communes à l’égard de la situation au Moyen-Orient sur le triple volet israélo-palestinien, libano-syrien et irano-irakien. Au cours de leur entretien d’une heure, Jacques Chirac et Condoleezza Rice ont évoqué « la nécessité d’appliquer la résolution 1559 et d’organiser des élections transparentes au Liban », a rapporté le porte-parole de l’Élysée, Jérôme Bonnafont. M. Chirac devait demander à cette occasion que les élections législatives prévues au printemps soient « transparentes », estimant que « des élections transparentes impliquent une loi électorale indiscutable et un scrutin honnête, avec la présence d’observateurs incontestables », a dit le porte-parole. « La communauté internationale ne manquerait pas de réagir si tel n’était pas le cas », a estimé M. Chirac. À l’Institut d’études politiques, Mme Rice a affirmé que « tout le monde s’attend à des élections libres au Liban, car c’est là la clé de la liberté ». « Le Syria Accountability Act et plus... » Répondant à une journaliste libanaise qui l’interrogeait au sujet de la 1559, lors de sa conférence de presse conjointe avec M. Barnier, la secrétaire d’État US a déclaré sur un ton ferme, prenant à témoin son homologue français : « Cette résolution doit être et sera appliquée », ajoutant avec des menaces à peine voilées, qu’« il y a également le Syria Accountability Act » et que « l’on peut aller au-delà... ». « Il y a une interférence syrienne dans le processus démocratique au Liban et les prochaines élections dans ce pays doivent avoir lieu. La résolution 1559 doit être appliquée. Il est inadmissible que la Syrie continue d’exporter des terroristes pour détruire les efforts visant à réaliser une paix si fragile au Proche-Orient ou pour entraver la dynamique de retour de la démocratie au Liban. » Auparavant à Rome, elle avait adressé une mise en garde en bonne et due forme à la Syrie, la menaçant d’isolement « si elle continue de soutenir le terrorisme, notamment à partir du Liban-Sud ». « La Syrie n’a pas aidé, c’est le moins qu’on puisse dire, notamment en soutenant le terrorisme au Liban-Sud », a-t-elle déclaré au cours d’une conférence de presse conjointe avec son homologue italien Gianfranco Fini, avant de prendre l’avion pour Paris. « Je ne saurais le dire plus fermement : on ne peut pas d’un côté dire que l’on veut un processus de paix et, de l’autre, soutenir les gens qui sont déterminés à le faire voler en éclats. Le gouvernement syrien doit agir contre les terroristes qui utilisent une partie du Liban-Sud. La Syrie doit se montrer plus coopérative si elle ne veut pas se voir isolée, si elle ne veut pas avoir de mauvais rapports avec les États-Unis », a menacé Mme Rice. « Si parfois on observe ce qu’il faut bien qualifier de progrès minimes, cela ne correspond pas du tout aux progrès qu’il faudrait accomplir », a-t-elle ajouté. « Je dirais simplement au gouvernement syrien que s’il veut voir accélérer le processus de paix, celui de la paix globale, il doit affronter les terroristes sur son sol », a encore dit Mme Rice. La réponse de Damas Damas a promptement réagi aux mises en garde de la secrétaire d’État. La radio officielle syrienne a ainsi estimé que les accusations répétées de la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice contre la Syrie visaient uniquement à « satisfaire Israël ». « Dans toutes les déclarations qu’elle a faites lors de sa première visite au Proche-Orient, Mme Rice a notamment invité la Syrie à cesser de soutenir ce qu’elle appelle le terrorisme et de s’ingérer dans les affaires du Liban. Ces accusations de terrorisme portées contre la Syrie ne sont pas nouvelles, et bien que les États-Unis reconnaissent que Damas coopère sur cette question, ils continuent néanmoins de réclamer davantage », a indiqué Radio-Damas dans son commentaire quotidien. Selon la radio, les demandes américaines, notamment celles de Mme Rice, « n’ont qu’un seul objectif : satisfaire Israël pour qui l’unité (entre Syriens et Libanais) menace sa sécurité ». « En qualifiant les mouvements de la résistance de terroristes, l’Administration du président George W. Bush viole un droit légitime agréé par la Charte de l’Onu », a ajouté la radio.

PARIS, d’Élie MASBOUNGI
C’est le même souci de voir les autorités libanaises organiser des élections législatives transparentes, en présence d’observateurs « incontestables », et d’appliquer la résolution 1559 du Conseil de sécurité, que le président français, Jacques Chirac, et la secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, ont exprimé au cours de leur entretien...