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Actualités - CHRONOLOGIE

CONFÉRENCE - « Non au labeur des mineurs », qu’ils soient 31 716 ou 50 000 Coup d’envoi du Programme national de lutte contre le travail des enfants

Le ministère du Travail a donné hier le coup d’envoi du Programme national de lutte contre le travail de l’enfant, étalé sur trois ans, et ce au cours d’une conférence de presse à l’hôtel Gefinor Rotana. Mais en guise de programme, c’est d’une simple conférence sur le travail des enfants au Liban et de la volonté du gouvernement de lutter contre cette réalité qu’il a été question. Conférence accompagnée de statistiques d’une étude conduite par le ministère des Affaires sociales, remontant à l’an 2000, et ne reflétant donc qu’une partie de la réalité. Quant au moyen de lutter contre ce véritable fléau qui touche officieusement plus de 50 000 enfants, mais seulement 31 716 d’après les sources officielles (chiffre de 1996), il a juste été abordé dans ses grandes lignes, mais devrait être divulgué de manière détaillée dans une seconde étape. « Non au travail des enfants » : c’est un véritable cri d’alarme que lance le directeur régional de l’Organisation mondiale du travail, Taleb Rifaï. « Nous devons travailler de pair, dit-il, pour que la lutte contre toute forme de travail des enfants devienne une priorité ; pour qu’une véritable stratégie soit mise en place dans la lutte contre le travail des enfants au lieu d’actions séparées ; pour que l’on s’attaque directement aux causes du travail des enfants, à savoir notamment la pauvreté, l’ignorance, l’exclusion scolaire. » Une campagne qui ne peut se faire, selon lui, sans la reconnaissance par le gouvernement du droit absolu de chaque enfant vivant au Liban, où qu’il vive, à bénéficier de l’enseignement gratuit. « Une rencontre au nom de l’enfance s’impose, alors que s’élèvent dans les pays du Nord et de l’Ouest des voix scandant des slogans prônant la civilisation, la démocratie, les droits de l’homme... dit à son tour le ministre du travail, Assem Kanso. Comme s’ils ignoraient que notre terre est celle des premières civilisations humaines, que notre pays a été la source des démocraties... et que nos religions célestes ont veillé à la préservation des droits de la famille. » De prime abord, les paroles du ministre Kanso surprennent. Mais M. Kanso poursuit, « nous sommes conscients que le monde s’intéresse de très près à l’amélioration des conditions de travail et qu’une paix mondiale ne peut être instaurée sans égalité sociale, car les mauvaises conditions de travail et la misère mettent en péril la paix mondiale ». Crise, pauvreté et exclusion scolaire Abordant finalement le lancement du Programme national de lutte contre le travail de l’enfant, le ministre tient à rappeler que le Liban a signé 12 conventions internationales sur 26 dans le domaine, dont celle de la lutte contre les pires formes de travail des mineurs, en 2001, notamment le travail dans les chantiers de construction, la vente de drogues ou la prostitution forcée. Et de préciser que la nouvelle stratégie de lutte contre le travail des mineurs est l’occasion, pour le Liban, de collaborer avec le bureau régional de l’Organisation mondiale du travail, avec les différents ministères et avec la société civile, mais aussi d’amender les lois du travail et de lancer des campagnes de sensibilisation contre les dangers du travail des mineurs. Quant à la situation qui prédomine sur le terrain, notamment le travail des enfants au Liban, c’est le directeur de l’Institut des recherches et des consultations, Hussein Hamdane, qui en a dressé un état des lieux. « La situation de l’enfance au Liban n’est pas catastrophique, comparée à d’autres pays, estime-t-il, mais il n’en reste pas moins que la crise économique et la pauvreté ont aggravé les choses. » Quant aux chiffres officiels, ils indiquent que 31 716 enfants travaillaient au Liban en 1996, dont 92,6 % sont libanais et le reste syriens ou palestiniens. Mais ces chiffres ne comptent pas les 22 000 mineurs qui aident régulièrement leurs familles dans les plantations de tabac. « Nous manquons de statistiques précises et récentes, déplore M. Hamdane, mais nous devons aussi faire face à un autre problème, qui est la difficulté de s’entendre sur des critères communs de l’enfance au travail. » Comment répertorier les enfants qui travaillent quand aucune norme ne définit vraiment les critères permettant de dire qu’un enfant travaille ? Comment répertorier les enfants qui travaillent dans de petites entreprises ou les fillettes qui travaillent comme bonnes à tout faire dans des maisons, et cela de manière illégale ? L’exclusion du système scolaire est un autre problème qui prend de plus en plus d’importance et qui pousse les adolescents à travailler à un âge sans cesse plus jeune. En effet, les statistiques officielles reconnaissent que 24 % des enfants âgés entre 10 et 17 ans ont déserté l’école, généralement l’école officielle, pour différentes raisons. Problème qui remet en question l’enseignement public, mais aussi toute la politique éducative du gouvernement qui punit l’échec scolaire et n’hésite pas à renvoyer les élèves lents ou paresseux. Et M. Hamdane d’insister sur la nécessité pour le gouvernement d’adopter une série de mesures préventives pour empêcher l’enfant de se retrouver trop tôt sur le marché du travail, notamment des mesures d’éveil, de sensibilisation, d’éducation. Les défis sont de taille pour le gouvernement, tant au niveau de l’évolution des lois permettant de mieux lutter contre le travail des mineurs qu’au niveau de la coopération des différents ministères, afin de mettre en place une politique éducative plus adaptée aux besoins des enfants. Il reste à espérer que les choses évolueront dans le seul intérêt de l’enfant et que des considérations d’ordre politique ne viendront pas entraver cette initiative tant attendue. A.-M. H.
Le ministère du Travail a donné hier le coup d’envoi du Programme national de lutte contre le travail de l’enfant, étalé sur trois ans, et ce au cours d’une conférence de presse à l’hôtel Gefinor Rotana. Mais en guise de programme, c’est d’une simple conférence sur le travail des enfants au Liban et de la volonté du gouvernement de lutter contre cette réalité qu’il a...