Les observateurs internationaux ne relèvent que des incidents mineurs Abbas plébiscité à la tête de l’Autorité palestinienne

Le chef de l’OLP Mahmoud Abbas a été élu hier à une écrasante majorité président de l’Autorité palestinienne, succédant à Yasser Arafat, selon des sondages sortie des urnes. Dès l’annonce des résultats, M. Abbas a promis de mettre fin aux souffrances des Palestiniens, alors que les observateurs internationaux ne relevaient que des incidents mineurs lors du scrutin. Selon un sondage effectué par le Centre palestinien de politique et de recherches (PSR, indépendant), basé à Ramallah, Mahmoud Abbas a recueilli 66,3 % des voix contre 19,7 % pour son principal rival, l’indépendant Moustapha Barghouthi, à l’élection présidentielle palestinienne qui s’est déroulée hier. Ce sondage a été réalisé à la sortie de 122 bureaux de vote en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a précisé le PSR en estimant le taux de participation à 65 % des personnes enregistrées sur les listes électorales. Un autre sondage sortie des urnes, réalisé par l’université de Bir Zeit, près de Ramallah, crédite M. Abbas de 66,1 % des suffrages contre 18,1 % pour M. Barghouthi. Les résultats officiels doivent être communiqués aujourd’hui par la Commission électorale centrale (CEC) à Ramallah. M. Abbas était le grand favori de cette élection, la deuxième organisée dans les territoires occupés après celle qui avait vu l’accession au pouvoir de Yasser Arafat en 1996. Si sa victoire est officiellement confirmée, il disposera d’un mandat de 4 ans renouvelable une seule fois. Dès l’annonce des premiers résultats de sondage, Mahmoud Abbas a proclamé sa victoire, la dédiant à la mémoire « du dirigeant martyr Yasser Arafat », aux martyrs, aux blessés et « aux 11 000 prisonniers derrière les barreaux ». Il a promis de mettre fin aux souffrances des Palestiniens, « car c’est un peuple qui mérite notre estime, notre respect et notre fidélité ». Quelques minutes plus tôt, le directeur de campagne de M. Abbas avait déclaré que la victoire de ce dernier est « un message de démocratie du peuple palestinien au monde ». Selon lui, la large victoire attribuée à M. Abbas par les sondages est révélatrice de la domination du Fateh dans le paysage politique palestinien et « du vrai poids du Hamas », qui a appelé au boycottage du scrutin. Ramallah a tout de suite connu des scènes de liesse. Des sympathisants du Fateh, dont M. Abbas était le candidat, ont tiré des coups de feu en l’air, et quelque 200 personnes, brandissant des drapeaux palestiniens, se sont réunies dans le centre-ville pour manifester leur allégresse. Fermeture retardée de deux heures Les bureaux de vote, ouverts à 07h00 (05h00 GMT), ont fermé à 21h00 (19h00 GMT), après une décision de prolonger leur ouverture de deux heures pour permettre à plus d’électeurs de participer au scrutin. À l’origine de cette décision, la CEC a accusé Israël de ne pas avoir tenu ses engagements de faciliter la circulation de la population durant la journée de l’élection. De son côté, Moustapha Barghouthi a dénoncé des irrégularités dans le déroulement du scrutin. Il a déploré la publication hier dans un journal palestinien d’une annonce par les promoteurs d’une initiative de paix non officielle, appelant à voter pour M. Abbas, alors que la propagande électorale devait cesser vendredi à minuit. Il a en outre affirmé que l’encre indélébile utilisée par la CEC pour marquer les pouces des électeurs « peut être lavée avec de l’eau ». L’ancien Premier ministre français Michel Rocard, chef des observateurs européens qui ont sillonné les Territoires, n’a toutefois fait état que d’incidents mineurs durant le cours des opérations de vote. Le plus important est survenu à Jérusalem-Est. « Des bureaux de vote de Jérusalem-Est n’ont pas reçu les bonnes listes. Il y a eu une pagaille administrative. Cela a probablement empoisonné la vie de plusieurs milliers de personnes », a expliqué M. Rocard. De nombreux électeurs ont en effet découvert qu’ils n’étaient pas inscrits sur les listes électorales. L’ancien président américain Jimmy Carter, qui surveille également le processus, a, pour sa part, précisé qu’il n’avait constaté aucune tentative d’intimidation de la part des Israéliens. Le ministre français des Affaires étrangères, Michel Barnier, a aussi salué le bon déroulement de l’élection qualifiée de « victoire pour la démocratie » et « pour la paix ». « Pas d’incident, une forte participation : c’est une preuve de responsabilité et de maturité que les Palestiniens viennent d’apporter », a dit le ministre. Les législatives palestiniennes auront lieu en juillet, affirme Rawhi Fattouh Les élections législatives palestiniennes auront lieu le 17 juillet dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, six mois après l’élection présidentielle, a annoncé samedi le président de l’Autorité palestinienne par intérim Rawhi Fattouh. Le dépôt des candidatures pourra avoir lieu dès le 2 février, a-t-il précisé. Les dernières législatives avaient eu lieu, comme la dernière présidentielle, en 1996. « Après l’annonce des résultats définitifs de l’élection présidentielle, le vainqueur prêtera serment et mon mandat prendra fin », a ajouté M. Fattouh, qui assure l’intérim à la tête de l’Autorité palestinienne depuis le décès de Yasser Arafat, le 11 novembre 2004. Une réfugiée vote à l’âge de 107 ans Une réfugiée palestinienne âgée de 107 ans et rêvant de mourir dans son village natal, aujourd’hui en Israël, a tenu à voter hier. Assise dans un fauteuil roulant et aidée d’une de ses petites-filles, Nimah Abdelrahmane al-Khatib a voté dans un bureau électoral du camp de réfugiés de Dheisheh, près de Bethléem, en Cisjordanie. Sa petite-fille Ghada a affirmé à l’AFP que sa grand-mère lui avait demandé de cocher sur le bulletin de vote une croix à côté du nom du candidat indépendant Moustapha Barghouthi avant de le glisser dans l’urne. Elle a choisi M. Barghouthi « car son père était l’ami de l’un des fils » de la vieille Palestinienne, a expliqué Ghada. La conférence sur les réformes palestiniennes se tiendra à Londres les 1er et 2 mars, annonce Blair La conférence internationale portant sur les réformes palestiniennes aura lieu les 1er et 2 mars à Londres, a annoncé hier le Premier ministre britannique, Tony Blair, sur la BBC (télévision). « Je pense que, pour la première fois depuis longtemps, nous avons une possibilité de faire des progrès » sur le dossier du Proche-Orient, a déclaré M. Blair dans le cadre de l’émission politique dominicale « Breakfast with Frost ». « Nous avons un nouveau gouvernement israélien qui est déterminé à revigorer le processus de paix. Nous avons une nouvelle direction palestinienne qui veut la même chose », a-t-il dit. « Préparer les Palestiniens à la possibilité d’avoir un vrai État » est maintenant d’une importance primordiale, a-t-il poursuivi, expliquant que c’était l’enjeu de la conférence. Israël relance le projet d’une énorme tranchée à Rafah Le projet de creusement d’une énorme tranchée à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, pour faire échec à la contrebande d’armes entre l’Égypte et Gaza, a été relancé par le ministère israélien de la Défense. « Le coup d’envoi des travaux de ce gigantesque chantier devrait être donné dans quelques semaines », a indiqué à l’AFP un porte-parole du ministère. Le projet avait été sérieusement envisagé pour la première fois en mai 2004. Selon le quotidien israélien Yediot Aharonot, il s’agirait de creuser une énorme tranchée d’une dizaine de mètres de profondeur et de plusieurs dizaines de mètres de large sur une distance d’environ 4,5 km, le long de l’axe dit de « Philadelphie », un couloir que contrôle Israël le long de la frontière israélo-égyptienne, à l’extrême sud de la bande de Gaza. Cet axe sépare le côté égyptien du côté palestinien de la ville de Rafah, qui est à cheval sur la frontière. Des images de la centrale nucléaire de Dimona diffusées par une TV israélienne Une chaîne de télévision israélienne a diffusé pour la première fois des images de la centrale nucléaire de Dimona (sud d’Israël), l’un des sites les plus secrets de l’État hébreu jalousement surveillé jusqu’ici par la censure militaire israélienne. La dixième chaîne de télévision a ainsi diffusé vendredi soir un film vidéo d’une quinzaine de minutes du site dont Israël a toujours refusé l’accès aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les images diffusées sont essentiellement des vues extérieures, montrant les jardins bien entretenus de la centrale, avec parfois, en arrière-plan, le dôme argenté du réacteur construit avec l’aide de la France à la fin des années 1950. Sur ces images, on peut voir, notamment, des employés jouant au ballon dans un moment de récréation. La télévision israélienne s’est refusée à indiquer l’origine de cette vidéo diffusée avec l’accord de la censure militaire.