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Actualités - ANALYSE

L’ambassadeur des États-unis aurait critiqué l’initiative du Premier ministre L’entretien Karamé-Nasrallah, un message fort d’appui du gouvernement au Hezbollah

L’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, aurait tout de suite saisi le message et il ne se serait pas privé de le relever au cours de son entretien plus ou moins houleux avec le président du Conseil, mardi. La visite de Omar Karamé, il y a quinze jours, au siège du Hezbollah est en effet une première de la part d’un Premier ministre libanais et elle ne pouvait donc passer inaperçue, ni pour les ambassades occidentales ni pour les différentes parties libanaises. D’ailleurs, elle n’était nullement destinée à l’être et elle était au contraire porteuse de nombreux messages dans plusieurs directions. Selon des sources proches du Hezbollah, elle est intervenue à un moment où le parti multipliait ses critiques à l’égard du gouvernement. Notamment sur sa composition qui avait donné la part du lion à l’éternel rival, Nabih Berry, et au sujet des dernières nominations, qui, selon le Hezbollah, perpétuent la tradition du partage des parts entre les pôles du pouvoir. Pourtant, le parti fait remarquer que depuis son intégration dans la vie politique libanaise au début des années 90, il n’a nommé que deux Premiers ministres lors des consultations parlementaires obligatoires : Sélim Hoss en 1998 et Omar Karamé en 2004. C’est dire qu’il se considérait très proche du leader du Nord. Seulement le gouvernement n’a pas répondu à son attente, le poussant à une attitude critique. Une discussion approfondie sur la loi électorale en gestation C’est dans ce climat plutôt froid que Omar Karamé a choisi de se rendre au cœur de la banlieue sud, dans le périmètre de sécurité du Hezbollah, pour s’entretenir avec sayyed Hassan Nasrallah. Ce qui constitue à la fois une première dans la tradition politique libanaise, Rafic Hariri ayant toujours exigé que les rencontres se déroulent hors de la banlieue sud. Cela constitue aussi un message fort d’appui au Hezbollah. Nasrallah a d’ailleurs apprécié à sa juste valeur l’initiative de Karamé, et selon les sources proches du Hezbollah, l’entretien entre les deux hommes a été plus que cordial. Les mêmes sources précisent que les deux hommes ont évoqué la situation en Palestine, en Irak et la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Ils seraient tombés d’accord pour considérer que cette résolution vise en premier l’unité interne libanaise et, par conséquent, qu’il faut tout entreprendre pour l’empêcher d’atteindre son objectif et pour resserrer les rangs internes. La situation économique et sociale du pays aurait été aussi longuement abordée, le Hezbollah demandant au président du Conseil une attention spéciale de la part de l’État envers Baalbeck-Hermel et les villages de la bande frontalière. Le Hezbollah craindrait en effet que la misère dans ces régions ne se répercute sur sa situation lors des prochaines élections législatives. Karamé aurait promis des mesures concrètes dans les plus brefs délais et un mécanisme de suivi pour cette question aurait été mis en place. Les deux hommes ont aussi parlé des dernières nominations du gouvernement. Mais le gros de l’entretien a été consacré à la loi électorale en gestation. Karamé a promis qu’un seul critère serait adopté pour le découpage électoral et que tout le monde serait logé à la même enseigne. Les deux hommes ont reconnu qu’ils étaient d’accord pour préférer les circonscriptions moyennes, et Karamé a toutefois affirmé que rien n’avait été encore décidé à cet égard, même si un projet devrait être soumis au gouvernement au cours d’une séance spéciale du Conseil des ministres dans les prochaines semaines. Les autorités libanaises et les déclarations des ambassadeurs Plus important encore que le contenu de l’entretien, c’est la déclaration de Karamé en sortant de chez Nasrallah qui a attiré l’attention des ambassadeurs occidentaux et de Feltman en particulier. Le président du Conseil a affirmé qu’il comptait demander au ministère des Affaires étrangères de pousser les ambassadeurs à ne plus aborder les sujets de politique interne libanaise, dans leurs déclarations à la presse, à l’issue de leurs entretiens avec des personnalités locales. L’ambassadeur des États-Unis aurait d’ailleurs abordé cette question avec le président du Conseil, au cours de leur entretien de mardi, et Karamé aurait expliqué qu’il avait tenu ces propos en réponse à la question d’un journaliste. Quel que soit le contexte dans lequel a été faite cette déclaration, les autorités libanaises ne semblent pas apprécier les déclarations des diplomates. Selon des sources gouvernementales, îl aurait même été décidé de divulguer à la presse la teneur des entretiens avec les ambassadeurs, si ceux-ci continuent à s’adresser aux médias. Les mêmes sources ajoutent que le gouvernement a aussi préparé une série de réponses aux critiques américaines... Pour en revenir à la rencontre entre Karamé et Nasrallah, elle exprime surtout le souci du gouvernement de ne pas renoncer à la carte de la résistance, en dépit des pressions occidentales et même de celles de certaines figures internes qui avaient critiqué l’initiative du Hezbollah de lancer l’avion sans pilote « Mersad 1 » au-dessus d’Israël, dans cette période critique. Selon les sources proches du Hezbollah, le gouvernement a donc clairement défini ses options et, de son côté, le parti compte saisir cette occasion pour confirmer son propre choix en faveur du dialogue interne. Il pourrait donc lancer dans les prochains jours des initiatives politiques internes, destinées à essayer de trouver un langage commun entre les Libanais. Car, affirment les sources en question, le Hezbollah refuse la classification des Libanais entre traîtres et loyalistes. Même s’il a choisi de mettre un terme à sa médiation entre Walid Joumblatt et les autorités syriennes et même si Nasrallah a reçu le ministre de l’Environnement Wi’am Wahhab. Mais il n’en reste pas moins favorable au dialogue interne. Et il compterait le prouver par des démarches concrètes très prochainement. Scarlett HADDAD

L’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, aurait tout de suite saisi le message et il ne se serait pas privé de le relever au cours de son entretien plus ou moins houleux avec le président du Conseil, mardi. La visite de Omar Karamé, il y a quinze jours, au siège du Hezbollah est en effet une première de la part d’un Premier ministre libanais et elle ne pouvait donc passer...