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Actualités - OPINION

Le moment est venu pour un sommet libano-syrien, estiment les milieux politiques Le régime invité à apaiser les tensions pour prévenir une explosion postélectorale

Les professionnels de la politique redoutent beaucoup les suites des élections, que les résultats soient favorables aux loyalistes ou aux opposants. De l’avis général, le régime est le mieux placé pour apaiser les tensions afin de prévenir une explosion postélectorale. Ou même qui se produirait avant, si ce n’est pendant, l’échéance du printemps. En effet, le climat est déjà si échauffé que le risque de heurts de rue, d’affrontements armés, ne peut être exclu. Le pays en serait gravement déstabilisé. Et cela se répercuterait fatalement sur sa situation économique, déjà peu reluisante. La Banque centrale pourrait alors ne plus être en mesure, malgré l’importance de ses réserves, de protéger la livre. Dont l’effondrement serait absolument catastrophique sur le plan social. Épaulé par la Syrie, le régime devrait être capable de calmer le jeu. En suivant les conseils avisés du président Sélim Hoss. Qui estime qu’un retrait syrien sur la Békaa, accompagné d’un calibrage du volume de ces forces ainsi que de la détermination de la durée de leur séjour, constituerait une avancée positive significative. Surtout si les services de renseignements militaires syriens, ou la direction syrienne, cessent de se mêler des affaires intérieures libanaises, politiques ou autres. Le même principe devant, évidemment, s’appliquer également aux services libanais. Cette normalisation permettrait aux Libanais, juge l’ancien président du Conseil, de se retrouver démocratiquement autour d’une nouvelle loi électorale valable dans le fond comme dans la forme. Cela fait des années que les libanistes luttent pour une telle normalisation. L’appel de Hoss n’est donc ni exclusif ni exceptionnel. Mais son importance tient au fait qu’il émane d’un pôle qui ne peut être soupçonné ni de malveillance à l’encontre du pouvoir ou de la Syrie ni de courir après des intérêts personnels. Il souligne d’ailleurs, dans sa récente lettre ouverte aux dirigeants libanais et syriens, que sa franchise se fonde sur le souci de servir l’intérêt national bien compris autant de la Syrie que du Liban. Dont l’unité se trouve menacée, sous-entendu par la perpétuation de l’état de fait et des ingérences. Le président Karamé répond, pour sa part, que le moment n’est pas opportun pour le retrait des forces syriennes. Un argument qui passe mal auprès de la majorité des Libanais. Qui ne voient pas comment l’État libanais, 16 ans après Taëf, et tout en se rengorgeant au sujet de la brillante réhabilitation de ses forces régulières, prétend avoir toujours besoin des Syriens sur le terrain. Pour faire œuvre de police intérieure, bien plus que pour faire face à Israël. Les mêmes professionnels pensent que les temps sont mûrs pour un sommet libano-syrien. Qui déciderait d’accélérer, et de parachever, le repli sur la Békaa. En posant un cahier des charges englobant le volume, la durée de séjour dans la haute plaine et les rapports des forces syriennes avec les autorités libanaises locales, comme l’édicte Taëf. Dans de telles conditions, ajoutent ces sources, il semble évident que les pressions américaines pour l’application de la 1559 s’émousseraient et que le couple Beyrouth-Damas y gagnerait un répit de plusieurs mois. Pour retarder l’application des autres clauses, concernant les camps palestiniens, le déploiement de l’armée au Sud et le désarmement du Hezbollah. Un arrangement qui interviendrait à la satisfaction des loyalistes, mais également de certains opposants, comme Walid Joumblatt. Qui pensent que les Syriens peuvent rester dans la Békaa à titre purement militaire, pour les nécessités stratégiques face à Israël. Mais d’autres pôles soulignent qu’il existe des traités de sécurité et de défense bilatéraux liant la Syrie au Liban. Textes d’alliance qui sont assez suffisants pour qu’il n’y ait pas besoin de garder des troupes syriennes dans ce pays. Dans la conjoncture présente, le principal est d’obtenir l’assurance que les services de renseignements syriens, ou libanais, ne vont pas fausser les élections législatives. Afin qu’elles se déroulent dans un climat sain, ouvrant la voie à un vrai dialogue national. Que le président Lahoud organiserait et superviserait. Selon les professionnels cités, il faudrait dans ce cadre que le consensus porte d’abord sur la libération de Geagea et le retour de Aoun. En vue d’un pacte d’entente nationale complet, comme le prévoit Taëf. On devrait ensuite traiter la question des camps palestiniens. Y améliorer les conditions de vie. Mais veiller à ce qu’ils remettent leur arsenal à l’État libanais et ne puissent plus jouir d’une extraterritorialité d’îlots d’insécurité, d’antres du crime et de la subversion. Enfin, opposants et loyalistes s’entendraient pour que le Hezbollah, dont les mérites de résistance sont reconnus, ne soit pas dissous. Mais se tournerait vers l’action politico-sociale uniquement, en remettant ses armes à l’État qui déploierait son armée à la frontière, comme il doit le faire normalement. Émile KHOURY
Les professionnels de la politique redoutent beaucoup les suites des élections, que les résultats soient favorables aux loyalistes ou aux opposants. De l’avis général, le régime est le mieux placé pour apaiser les tensions afin de prévenir une explosion postélectorale. Ou même qui se produirait avant, si ce n’est pendant, l’échéance du printemps.
En effet, le climat est déjà...