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Liban - Interviews

Révision de stratégies, nouvelles ressources, coopération méditerranéenne : des idées pour une meilleure gestion de l’eau

Rencontrés au cours de la deuxième semaine de l'eau, qui se tient depuis mercredi à Beyrouth, des responsables et des experts nous font part de leur vision d'une meilleure gestion de l'eau en Méditerranée. Le congrès est coorganisé par la Direction générale des ressources hydrauliques et électriques du ministère de l'Énergie et par le Partenariat global de l'eau en Méditerranée (GWP-Med).
Président du GWP-Med (composante méditerranéenne du GWP et outil exécutif de la composante méditerranéenne de l'Initiative de l'eau de l'UE, dirigée par la Grèce), Michael Scoullos explique d'emblée que l'idée phare de son organisation, celle dont elle assure la promotion de par le monde, c'est la gestion intégrée des ressources hydrauliques.
« Actuellement, au Liban, nous aidons à la révision de l'ancienne stratégie décennale du ministère de l'Énergie et de l'Eau et à rédiger un plan de gestion intégrée de l'eau », explique M. Scoullos. Il précise que, contrairement à l'ancienne stratégie qui était principalement fondée sur la construction de barrages, ce nouveau plan portera sur les différents aspects du problème. « C'est un programme ambitieux, souligne-t-il. Nous espérons que le processus se poursuivra, sachant qu'il prendra du temps pour être complété. Nous en sommes à la première phase, pour déterminer quels sont les obstacles à franchir. »
M. Scoullos rappelle cependant que la deuxième semaine de l'eau devrait aider à l'élaboration d'un message méditerranéen en vue du cinquième forum qui aura lieu à Istanbul. Selon lui, ce message devrait contenir les points les plus importants qui seront à la base de l'élaboration d'une stratégie méditerranéenne, décidée par les ministres euro-méditerranéens de l'Eau, qui font aujourd'hui partie de l'Union pour la Méditerranée (UPM), en Jordanie, en décembre.
Également rencontrée au cours du congrès, une compatriote de M. Scoullos, l'ambassadrice Rose Ieremia, qui représentait le ministère grec des Affaires étrangères. « Nous sommes actuellement en train de coordonner nos efforts en vue de notre présence au cinquième forum de l'eau à Istanbul le mois prochain », déclare Mme Ieremia.
Elle insiste sur les lacunes de la coopération entre les pays et les acteurs de la région et sur la nécessité de renforcer cette coopération en vue d'obtenir des résultats plus probants en matière d'économie de l'eau. « L'eau devrait être une priorité dans la politique internationale, sinon, on le regrettera », assure-t-elle.

« Des ressources non conventionnelles »
Le Liban, Michel Soulié connaît bien. Chargé de mission à l'association Agropolis International à Montpellier, il a déjà participé à plusieurs projets ici, notamment dans le domaine de l'irrigation.
M. Soulié insiste sur l'importance de la collaboration dans l'élaboration des stratégies. « Dans un certain nombre d'années, nous allons tous nous heurter à des problèmes qui vont émerger sur tout le territoire méditerranéen, précise-t-il. Il va falloir réduire la demande d'une part. D'autre part, certaines zones de la Méditerranée vont être fortement affectées par le changement climatique. »
« En Méditerranée, il nous faudra absolument développer des ressources dites non conventionnelles », poursuit l'expert. Que veut-il dire par là ? « Ces ressources-là, c'est la dessalinisation, c'est la réutilisation des eaux usées traitées, c'est tout ce qui permet d'avoir des ressources en eau non accessibles directement », explique-t-il.
Mais de telles méthodes ne restent-elles pas trop coûteuses ? « C'est économiquement viable, parce que nous avons réduit considérablement le coût, répond M. Soulié. Actuellement, le coût du dessalement d'un mètre cube d'eau de mer est accessible, et pas beaucoup plus élevé qu'un mètre cube d'eau douce qu'il faut aller chercher en profondeur. C'est une des solutions, mais pas la seule. La réutilisation des eaux usées en est une autre, un peu plus chère mais intéressante. »

« Tous les acteurs impliqués »
Hachmi Kennou est directeur exécutif de l'Institut méditerranéen de l'eau (IME). Il explique que cette ONG regroupe un grand nombre d'acteurs de la communauté de l'eau en Méditerranée, venant d'administrations officielles ou des professionnels, dont des Libanais. Elle appuie d'ailleurs un nombre de projets au Liban, notamment dans le domaine de l'irrigation, avec divers partenaires.
M. Kennou confirme que « chaque acteur, l'IME inclus, a sa part, aussi modeste soit-elle, dans le discours politique lancé pour la mise en place d'une véritable stratégie méditerranéenne de l'eau ».
Mais la coopération entre les pays est-elle suffisante à ce niveau ? « Aujourd'hui, les Méditerranéens sont conscients de ce qui se passe dans leur environnement marin et les préoccupations vont de la sécurisation de l'approvisionnement en eau potable à la dépollution des sites naturels, principalement du littoral, dit-il. D'où l'initiative initiée lors du dixième anniversaire de la convention de Barcelone lancée par la Communauté européenne, pour un très grand programme de dépollution de la Méditerranée. Les pays auront des engagements à tenir. Il ne faut pas non plus oublier le Plan d'action pour la Méditerranée, un programme des Nations unies, visant aussi la dépollution. » Il est vrai qu'on s'y perd un peu... « C'est vrai, mais c'est pour cela que cette stratégie va coordonner entre toutes ces initiatives et tous ces programmes », répond-il.

Une meilleure gestion à Tripoli
L'un des participants au congrès était Francis Stéphan, chargé de mission à l'Agence française de développement (AFD). Il nous parle des projets de son agence au Liban et en Méditerranée, et précise que le secteur de l'eau a été la toute première priorité de l'AFD dès son installation à Beyrouth en 1999. M. Stéphan nous apprend que son organisation a financé l'installation de réseaux d'alimentation en eau dans le Sud ainsi qu'au Nord, à Tripoli, notamment pour la gestion de l'eau. « Nous avons eu des résultats intéressants au niveau de la perte d'eau dans les réseaux, de la facturation et du suivi des paiements, et dans la qualité du service, puisque l'eau est aujourd'hui desservie 24h/24 et est parfaitement potable », explique M. Stéphan.
Président du GWP-Med (composante méditerranéenne du GWP et outil exécutif de la composante méditerranéenne de l'Initiative de l'eau de l'UE, dirigée par la Grèce), Michael Scoullos explique d'emblée que l'idée phare de son organisation, celle dont elle assure la promotion de par le monde, c'est la gestion intégrée...
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