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Liban - Pause verte

Des idées plein les tiroirs

Les tiroirs de notre administration officielle doivent être très riches. Oh, pas de sous, nécessairement, mais de ces centaines, voire de milliers d' « études », de « plans », de « stratégies », de « projets », élaborés par des experts locaux ou étrangers, au fil des ans. Combien d'entre eux ont été appliqués, notamment dans le domaine de l'environnement ? Si peu.
Il n'y a qu'à compter les dizaines de plans directeurs des carrières, de plans de gestion des déchets ménagers... dont on a abondamment entendu parler avant qu'ils ne disparaissent comme ils nous ont été révélés. Sans réellement voir le jour. Ils n'étaient certainement pas parfaits, mais ils méritaient au moins de lancer le débat, au lieu du statu quo actuel qui n'en finit plus de se prolonger. Et la stratégie nationale de l'eau dont le délai d'application est repoussé jusqu'en 2018 - un seul barrage, celui de Chabrouh, a été réalisé au cours de toutes ces années - alors même que les cris d'alarme sur les perspectives de pénurie d'eau dans le bassin méditerranéen, en raison du changement climatique, se multiplient ? À quoi sert réellement une stratégie, même très élaborée, si elle reste lettre morte ?
À qui incombe la responsabilité ? Difficile à dire, tant les acteurs sont multiples dans ce genre de dossiers. Mais les conséquences ne sont pas, elles, difficiles à déterminer. En voici une, résultant de la négligence à protéger les ressources hydrauliques. Mardi, le député Assem Araji dénonce le taux de pollution de plus en plus alarmant du fleuve du Litani, l'un des plus grands du pays. Il a appelé « le ministre de l'Environnement et tous les responsables concernés » à passer ne serait-ce qu'une seule nuit à Bar Élias ou dans tout autre village riverain du Litani, pour « humer » les odeurs nauséabondes qui empoisonnent le quotidien des habitants de cette partie de la Békaa.
Certes, nous sommes en période électorale, et les députés ne sont pas sans reproches, surtout quand ils attendent quatre ans pour soulever de tels sujets. Certes, toute déclaration, même si elle porte sur des sujets d'intérêt public, n'est pas nécessairement dépourvue d'étroits calculs politiciens. Mais le fait est là : la pollution du Litani est devenue légendaire, sans que des efforts assez importants ne soient déployés en vue d'y mettre fin.
Est-il irraisonnable de penser que la situation est la même en ce qui concerne les autres cours d'eau ? Et le littoral, alors ? À Saïda, la situation du dépotoir côtier reste inchangée et rien ne freine la pollution qui en résulte. Le président de la municipalité de la ville, Abdel-Rahman Bizri, soulevait de nouveau ce problème récemment, en déplorant que la solution prévue tarde tant à se mettre en place en raison de « tiraillements politiques ».
Des odeurs nauséabondes se dégagent du Litani et indisposent les habitants ? Idem à Saïda, en ce qui concerne le dépotoir ? Elles sont là au moins pour prévenir que l'environnement est malsain. Celui-ci l'est-il moins quand on n'est pas victime d'une nuisance directe ? C'est toute cette stagnation, ce manque de prévoyance et de coordination, ces délais sans cesse repoussés pour adopter des solutions à de vieux problèmes qui dégagent, à qui sait la percevoir, une puanteur insupportable.
Les tiroirs de notre administration officielle doivent être très riches. Oh, pas de sous, nécessairement, mais de ces centaines, voire de milliers d' « études », de « plans », de « stratégies », de « projets », élaborés par des experts locaux ou étrangers,...
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