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Diaspora

L’énergie libanaise à travers les continents

L’unité des Libanais commence par celle des communautés libanaises de l’étranger, auxquelles le Liban offre aujourd’hui une triste image de faiblesse. Notre défi en ce XXIe siècle est pourtant d’inverser le courant migratoire en direction de notre pays, en y incluant les amis du Liban.
Il est évident que les récents événements qu’a connus le Liban, dont la dernière guerre de l’été 2006, sont loin de servir cet objectif. L’annulation, pour des raisons sécuritaires, pour la 2e année consécutive, du Salon du livre en français qui devait se tenir en ce moment à Beyrouth n’arrange pas non plus les choses. Cela a privé des milliers d’écoliers et d’universitaires libanais de la plus grande manifestation culturelle de l’année. Des dizaines de maisons d’édition et d’écrivains des pays francophones allaient de plus s’associer à cette rencontre.
Il est intéressant de rappeler les propos du général Charles de Gaulle, tenus en 1965 à Beyrouth : « Les liens entre la France et le Liban s’illustrent par leur solidité et leur sincérité. Si la France est investie d’une mission en Orient, le Liban est, de son côté, investi d’une mission en Europe. C’est pourquoi il importe à nos deux pays de demeurer en accord, solidaires, non seulement sur les questions d’ordre pratique, mais également sur les questions politiques. Cette coopération peut aider à restaurer la paix dans la région où se trouve le Liban et contribuer ainsi à la paix dans le monde. »
Le Liban a non seulement une vocation culturelle et politique, mais aussi une vocation religieuse. Il intéresse nombre d’Européens et de Maghrébins, qui y trouvent un modèle unique de coexistence applicable à leurs pays. C’est ainsi qu’une amie algérienne résidant en France, de passage à Byblos pour y découvrir ses merveilles archéologiques, est entrée prier dans une mosquée pour la première fois de sa vie. Elle s’est retrouvée à la sortie en plein milieu d’une procession mariale qui l’a conduite à l’église d’à côté, où la messe a été célébrée en arabe, langue qu’elle croyait réservée à l’islam. Une autre amie française a été bouleversée de découvrir que les chrétiens priaient aussi au Liban dans la langue du Christ. Elle a aussitôt demandé qu’on lui écrive le Notre-Père phonétiquement en syriaque et en arabe également. Ce sont des sujets de dialogue parmi d’autres, que les Libanais de France doivent approfondir. Ils provoqueront ainsi des débats fructueux sur le Liban pour mieux faire connaître sa mission, dans un pays où la majorité de la population est acquise à notre cause.
Et c’est dans la foulée de la grande exposition sur les Phéniciens et leurs cités mère, qui s’ouvre aujourd’hui à l’Institut du monde arabe à Paris, que la question phénicienne commence à resurgir. Ainsi, en Bretagne, des chercheurs, historiens et journalistes vont s’attaquer à un sujet longtemps occulté. Quel a été l’impact des Phéniciens venus du Liban sur la Bretagne française, ainsi que sur la Grande-Bretagne et l’Irlande ? Ils ont en effet exploré ces terres au Ier millénaire av. J.-C., après que des marins et commerçants de Tyr se furent établis à Cadix, en Espagne, puis à Carthage, en Tunisie. L’idée a été lancée de Byblos il y a deux mois par Guy Gay-Para, malheureusement trop tôt disparu. Cette réflexion a été rapidement relayée par Gabriel Enkiri entre Paris et Lorient. Nous avons ainsi découvert un livre phare écrit il y a deux ans par Camille Busson, relatant l’épopée phénicienne et son impact civilisateur sur l’ouest de la France situé sur la mythique route de l’étain. Ce livre servira de base au colloque sur « Les Phéniciens en Bretagne », prévu pour le printemps prochain.
Camille Busson écrit en conclusion de son ouvrage : « Ainsi, après lui avoir donné son nom même, les Phéniciens auront apporté à la Bretagne les ferments de sa légitimité à prétendre occuper une place de choix dans ce monde en réseau appelé à dominer l’économie du XXIe siècle. Mais pour reprendre la pensée de Malraux, ce monde sera ou ne sera pas selon sa capacité spirituelle à se construire dans une conscience de l’universalité. La Bretagne, pour sa part, devra se souvenir du syncrétisme dont firent preuve les Phéniciens de Canaan en apportant à la civilisation des Mégalithes leur dieu Baâl et leur déesse mère Astarté/Tanit, ce qui fit si bien recette pour sa “celtisation” puis sa christianisation au cours des siècles qui suivirent. La Bretagne d’aujourd’hui saura-t-elle retrouver sa mémoire et saisir sa chance ? Les “hommes de Téviec” jugeront ! »
Le débat sur la question phénicienne pourra être bientôt porté au Brésil, qui accueille la plus grande communauté libanaise au monde et où le livre de père Émile Eddé, Les Phéniciens ont-ils découvert l’Amérique ?, mérite un examen approfondi.
Notre ambition est d’étendre la grande famille mondiale du Liban à tous ces continents, aux Libanais d’origine, les Libanais de sang, et aux amis du Liban, les Libanais de cœur, afin d’y ancrer les bases de la renaissance libanaise. Les effets bénéfiques de cette action ne manqueront pas de se faire vite ressentir sur la mère patrie.
L’unité des Libanais commence par celle des communautés libanaises de l’étranger, auxquelles le Liban offre aujourd’hui une triste image de faiblesse. Notre défi en ce XXIe siècle est pourtant d’inverser le courant migratoire en direction de notre pays, en y incluant les amis du Liban. Il est évident que les récents...