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Diaspora

Jamal Azar : premier retour au Liban après 50 ans d’absence

Professeur émérite à l’Université de Tulsa aux USA, ingénieur pétrolier et membre de la National Academy of Engineering
Depuis 50 ans, il se promet de retourner un jour dans son pays natal qu’il a quitté à 17 ans, en 1958, pour entreprendre des études aux États-Unis. Après plusieurs tentatives infructueuses en 1974, 1982, 1996 et 2006, en raison de l’instabilité qui régnait au Liban, Jamal J. Azar, professeur émérite à la retraite à l’Université de Tulsa, ingénieur en pétrole, et membre de la National Academy of Engineering, est finalement venu cette année passer ses vacances d’été au pays. Ce globe-trotter qui sillonne le monde en fonction des exigences de sa profession, toujours amoureux du Liban et très impressionné par les changements qu’il a observés durant sa visite, rêve de contribuer au développement de la formation d’ingénieur pétrolier au Liban, jusque-là inexistante. Il faut dire que cet expert a participé durant 39 ans à l’un des programmes de recherche sur les techniques du forage les plus connues au monde. Son expérience, sa technique et ses qualifications ne manqueraient pas non plus d’apporter une précieuse aide au Liban, lors de l’exploitation des nappes présumées de pétrole au large des côtes libanaises.

Jamal Azar s’était pourtant dirigé, dans un premier temps, vers l’industrie aérospatiale, après un doctorat en génie mécanique. « J’ai contribué à la mise en place du programme Apollo », se souvient-il. Mais au bout de 10 ans, avide de nouveaux défis, désireux de découvrir le monde, il se lance dans la recherche sur le pétrole et les techniques de forage à l’Université de Tulsa, dans l’Oklahoma. « Cela m’a ouvert de nouveaux horizons. J’ai eu de nombreuses opportunités à travers le monde », raconte-t-il, précisant que cette nouvelle expérience représentait un plus pour lui. Après avoir développé une technique de forage horizontal, destinée à atteindre des zones éloignées ou difficiles d’accès et à protéger l’environnement, après avoir aussi développé la tête de forage la plus avancée, le professeur Azar est désormais une référence américaine et internationale en la matière.
Même après sa retraite de l’université en 2004, ce consultant qui a été intégré il y a quatre ans à la prestigieuse National Academy of Engineering pour ses recherches sur les techniques de forage est toujours sollicité par de nombreuses universités à travers le monde pour évaluer et améliorer leurs programmes et par de nombreuses compagnies de pétrole et de forage pour la formation de leurs ingénieurs. Il demeure également actif au sein de l’université de Tulsa, où il pratique du travail public.
Malgré les 50 ans passés aux États-Unis loin de sa mère patrie, cet enfant de Tripoli a toujours gardé un contact avec le Liban qu’il essaie de promouvoir dans son entourage. Il est membre actif du Chabab Club de Tulsa, créé il y a 30 ans et regroupant les deux communautés libanaise et syrienne. « La communauté libanaise est très importante aux États-Unis. Elle y pratique sa culture et ses croyances religieuses et garde une relation forte et continue avec le pays, même si elle ne s’y rend pas régulièrement », note-t-il.

L’amour du pays
Le professeur raconte qu’il a été sollicité, il y a 4 ans, par l’Université américaine de Beyrouth pour la mise en place d’un programme de génie en pétrole. « Malgré ma réponse positive, les choses ne sont pas allées plus loin que cette première prise contact », déplore-t-il. Et pourtant, Jamal Azar se dit réellement soucieux d’apporter quelque chose à son pays d’origine qu’il qualifie de « leader dans le domaine éducatif ». « Malheureusement, des domaines importants y sont toujours négligés », constate-t-il.
À l’issue de son premier séjour au Liban qu’il a entrepris en éclaireur, sans sa famille, l’émigré ne tarit pas d’éloges pour son pays natal qu’il a visité de fond en comble. « Voir le Liban, c’est comme voir le paradis », confie-t-il avec émotion, précisant que l’amour pour le pays ne disparaît jamais. « Je n’ai d’ailleurs pas déserté », affirme-t-il. « Malheureusement, la situation ne m’a pas vraiment permis de le prouver. » Très impressionné par « l’amélioration radicale, les rues, les immeubles modernes et la montagne », il s’attarde sur sa ville de Tripoli, retrouvant, l’espace d’une ou deux phrases, l’accent si caractéristique du Nord. « C’est comme si Tripoli avait été recréée », remarque-t-il, ajoutant toutefois que certains coins de la ville ont conservé leur cachet d’antan. « Déçu ? Je ne l’ai été à aucun moment », tient-il à dire. Jamal Azar a pourtant échappé de justesse au dernier attentat dans la ville, arrivant sur les lieux du drame trois minutes après l’explosion. « Ce jour-là, je devais effectuer une demande de carte d’identité », raconte-t-il avec tristesse.
C’est également de la peine qu’a ressentie le professeur Azar lorsqu’il a visité la forêt des cèdres, touchée par la maladie. « Mais le chagrin a rapidement cédé la place à l’espoir, lorsque j’ai vu les petites pousses de cèdres plantées pour reboiser la forêt », observe-t-il.
S’acheter un pied-à-terre au Liban et y revenir pour des vacances avec son épouse américaine, ses enfants et ses petits-enfants est un projet que Jamal Azar rêve de réaliser très prochainement, si les circonstances le permettent. « Le Liban est un pays de paix, conclut-il. Aux Libanais d’œuvrer pour que cette paix devienne une réalité. »
Depuis 50 ans, il se promet de retourner un jour dans son pays natal qu’il a quitté à 17 ans, en 1958, pour entreprendre des études aux États-Unis. Après plusieurs tentatives infructueuses en 1974, 1982, 1996 et 2006, en raison de l’instabilité qui régnait au Liban, Jamal J. Azar, professeur émérite à la...