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Diaspora - Disparition

Beto Carrero, le Zorro brésilien, tire sa révérence

Le fondateur du plus grand parc d'attractions d'Amérique latine s'est d'abord fait connaître comme acteur de cinéma. Retour sur un destin hors norme.
« Beto Carrero World », le plus grand parc multithématique d’Amérique latine et le 5e dans le monde, a perdu récemment son fondateur, un fils d’émigrés libanais. João Batista Sérgio Murad, né en 1937 au Brésil, à São José do Rio Preto, dans l’État de São Paulo, était connu sous le nom artistique de Beto Carrero.
Tout jeune, João a travaillé dur dans le domaine de l’élevage du bétail avec son père Alexandre, que l’on appelait « Carreiro » (celui qui conduit une charrette de bœufs). Plus tard, il se donna ainsi le surnom de « Beto Carrero ». Il s’installa dans la capitale São Paulo à l’âge de 18 ans et commença à travailler dans la vente des annonces pour les grands journaux et revues du pays. Son agence de publicité, JB World, fondée dans les années 1970, devint 19e au rang mondial et de là commença sa fortune. Beto entra ensuite dans le monde de l’audiovisuel avec un programme à la radio, « Progama Beto Carrero », dans lequel il jouait de la musique populaire et racontait des histoires comme « hakawati » (conteur). Puis il participa en tant qu’acteur à plusieurs films de télévision et de cinéma brésiliens.
Dès son enfance, Beto rêvait de devenir le Zorro brésilien et, avec un de ses films, dans lequel il joua le rôle d’un cow-boy avec son cheval « Faísca », il devint le héros des enfants brésiliens. En 1991, visitant Disneyland aux État-Unis, il décida de créer au Brésil son propre parc thématique à la mode brésilienne. Il vendit tout ce qu’il possédait et acheta un terrain à Penha, près du littoral de l’État de Santa Catarina, ouvrant un parc d’attractions touristique, « Beto Carrero World ». Ce parc devint rapidement le plus grand d’Amérique latine, avec une superficie de 14 millions de mètres carrés et 12 000 artistes travaillant pour animer la grande infrastructure composée de 85 attractions pour les « enfants » de 4 à 80 ans. Ce complexe est dominé par une superbe structure, le Château des nations, réplique d’une construction médiévale avec de grandes tours, la plus haute, de 45 mètres, étant desservie par un ascenseur panoramique qui offre une très belle vision du littoral. À l’intérieur du château, se trouve un grand centre commercial avec une agence bancaire.
Le parc comprend aussi une ancienne ville de l’Ouest américain, où des spectacles de cow-boys enchantent les petits et les grands. Dans le grand zoo, un des plus riches du pays, qui possède un centre d’études des espèces animales, des centaines d’animaux ramenés des quatre coins de la planète proposent des spectacles étonnants d’acrobatie et autres. La grandeur du parc est complétée par un fleuve d’un kilomètre de long le traversant, avec des chutes d’eau et des grottes suscitant de grandes émotions. Le parc est également équipé de jouets électroniques, d’un cinéma avec simulateur de mouvements en technologie 3D, et les amateurs d’aventures extrêmes peuvent, à partir de la « Big Tower », effectuer une chute libre de 100 mètres, la plus grande du monde, l’équivalent d’un immeuble de 30 étages. En 17 ans d’activités, ce parc, défini par son créateur comme étant celui de la famille brésilienne, a reçu plus de 10 millions de visiteurs.
Beto Carrero, homme d’affaires et artiste, un des plus célèbres héros des enfants brésiliens, est décédé cette année, le 1er février 2008, à l’âge de 70 ans. À ses funérailles étaient présentes plus de dix mille personnes, dont le gouverneur de l’État de Santa Catarina, Luis Henrique, et de nombreux autres représentants officiels. Le président de la République, Luís Inácio Lula da Silva, a adressé ses condoléances à sa famille avec une gerbe de fleurs, et tout un peuple a rendu hommage à ce grand homme qui, avec son dynamisme, est monté sur les plus hautes marches du monde artistique et des affaires au Brésil.
Il est important de noter qu’une des principales préoccupations de Beto Carrero était la préservation de la nature, et dans le parc, entouré d’une forêt de 5 millions de mètres carrés, plus de 30 000 espèces d’arbres ont été cultivées. Par ailleurs, les enfants constituant un des plus importants patrimoines pour ce grand homme, il créa en 2004 l’Institut Beto Carrero formant des professionnels, médecins, pédiatres, dentistes, nutritionnistes, pédagogues et autres, et développant des projets sociaux en faveur des enfants pauvres, basés sur trois axes : l’éducation, la santé et l’environnement. Il disait : « Notre objectif est d’aider les enfants pauvres, de les enlever de la rue, du contact avec la violence et la drogue, et de les ramener à une ambiance de vie familiale. » Le parc a aussi contribué au développement de la région où il se trouve, la ville de Penha passant en dix ans de huit à dix-huit mille habitants en 2000. Le port de Itajai a été aménagé pour recevoir les bateaux transatlantiques avec des touristes brésiliens et étrangers, et l’aéroport local a été agrandi.
L’objectif du parc est de travailler sur l’inconscient et l’imaginaire des peuples. Toutes les civilisations y sont représentées et les visiteurs sont entraînés dans un monde de fantaisie, sans repères chronologiques, où se côtoient cow-boys, indiens, pirates, Africains et autres, évoluant à des époques différentes, la diversité faisant l’union de tous. « Beto Carrero World » poursuit actuellement ses activités sous la direction d’Alexander von Janke Murad, 28 ans, le fils de Beto Carrero. Il y a un proverbe qui dit : « Sans savoir que c’est impossible, il est parti et a réussi ». Et sans doute, le meilleur exemple au Brésil pour illustrer ce proverbe est l’histoire de João Batista Sérgio Murad, d’origine libanaise, devenu la star brésilienne Beto Carrero.
« Beto Carrero World », le plus grand parc multithématique d’Amérique latine et le 5e dans le monde, a perdu récemment son fondateur, un fils d’émigrés libanais. João Batista Sérgio Murad, né en 1937 au Brésil, à São José do Rio Preto, dans l’État de São...