Rechercher
Rechercher

Diaspora - BUENOS AIRES, Nada MERHI

Les Libanais d’Argentine : 1,5 million d’émigrés répartis dans les 24 États du pays

L’Argentine compte plus d’un million et demi d’émigrés libanais. Dispersés aux quatre coins de ce pays, ils ont pu rétablir le contact avec leur pays d’origine grâce aux efforts déployés en ce sens par l’ambassadeur Hicham Hamdan. Leur revendication ? Le droit de vote et que le Liban ne les oublie pas.
Au siège de l’ambassade du Liban à Buenos Aires, les traditions libanaises sont maintenues, au moins le temps d’une soirée hebdomadaire organisée à l’intention de la communauté libanaise d’Argentine. Celle-ci compte plus d’un million et demi d’émigrés, les premiers Libanais s’étant installés en Argentine il y a plus de 150 ans. Ces soirées, au menu desquelles les plats, la culture et la musique libanais sont à l’honneur, visent à resserrer les liens entre les membres de la communauté et leur pays d’origine, « d’autant qu’un grand nombre d’entre eux ne connaissent pas le Liban », comme l’explique Hicham Hamdan, ambassadeur du Liban en Argentine depuis 2000.
« L’ancienneté de la diaspora en Argentine est l’une des difficultés que nous rencontrons au niveau de notre mission diplomatique, d’autant que les émigrés appartiennent à la troisième génération, certains même à la quatrième génération, souligne M. Hamdan. Les membres de cette communauté libanaise ont donc perdu presque totalement les liens avec le Liban et l’usage de leur langue maternelle et se sont entièrement intégrés dans la société argentine. De plus, ils sont dispersés dans les quatre coins du pays qui compte 24 États sur une superficie de presque trois millions de kilomètres carrés. Cela rend encore plus difficile l’organisation d’un travail institutionnel au sein d’un groupe et la possibilité de former un lobby à travers lequel on pourrait éventuellement atteindre tous les émigrés libanais. »
Toutefois, en raison de son intégration dans la société argentine, « la communauté libanaise est devenue un élément actif et influent sur tous les plans, économique, industriel, politique, culturel, journalistique et social », poursuit l’ambassadeur. « Les Libanais ont brillé dans les différents secteurs, affirme-t-il. Ils ont une belle image du pays de leurs ancêtres et un grand nombre d’entre eux désire le connaître. Mais pour ce faire, il est important de maintenir le lien avec eux et de faire en sorte de les atteindre où qu’ils soient. Ce qui n’est pas une tâche mince, puisque, d’une part, la majorité d’entre eux ne connaît pas la langue arabe et, d’autre part, nous ignorons les lieux où ils se trouvent. »
Pour mener à bien sa mission, Hicham Hamdan n’a pas hésité à aller à la rencontre des émigrés libanais aux quatre coins de l’Argentine, même à « mes propres frais ». « J’ai visité certains États sept fois et j’ai répondu à toutes les invitations que j’ai reçues des différentes institutions et associations libanaises, indique-t-il. J’ai établi des contacts avec les 186 institutions et associations libanaises en Argentine. De plus, pour renforcer les contacts avec les membres de la communauté, j’ai créé sur le site Internet de l’ambassade une page en langue espagnole sur laquelle nous publions toutes les informations que doivent connaître les émigrés libanais et les Argentins sur le Liban. Ce site est continuellement mis à jour et nous y introduisons des informations relatives aux différents domaines de la vie libanaise, mis à part la politique. D’un autre côté, j’ai encouragé les membres de la communauté libanaise à nous fournir des informations qu’ils désirent partager avec le monde et que nous publions également sur le site. »

Un pays-message
Les efforts déployés par la mission diplomatique libanaise à Buenos Aires ont commencé à porter leurs fruits. « Nous avons en fait fini par établir le contact avec les émigrés libanais dans les vingt-quatre États, remarque M. Hamdan. Bien sûr, nous devons assurer une continuité à ce travail énorme qui a été fait. Du fait de la situation actuelle au Liban, l’administration n’a malheureusement pas les moyens de renforcer le rôle de la mission diplomatique libanaise en Argentine. Nous avons dû être innovateurs. J’ai ainsi eu l’idée de former un comité que nous avons baptisé “Les dames de Gebran Khalil Gebran”. Il rassemble d’importantes figures de la société argentine avec qui l’ambassade collabore pour organiser des activités à l’intention des émigrés libanais. Avec l’aide de ce comité, nous avons également organisé des expositions sur l’histoire des Libanais en Argentine et l’artisanat libanais, ainsi que des forums culturels, des activités folkloriques. De plus, des cérémonies sont organisées à l’occasion de la fête de l’Indépendance du Liban et de la Journée de l’émigré. »
À travers ces activités culturelles et sociales, renforcées d’ailleurs par des publications de l’ambassadeur Hicham Hamdan dans le quotidien argentin La Nación, l’ambassade du Liban à Buenos Aires entend montrer un autre visage du Liban, celui du « pays-message », tel que proclamé par le pape Jean-Paul II au cours de sa visite à Beyrouth en 1997.
« Il s’agit d’ailleurs du plus grand cadeau qui ait pu être offert au Liban, indique M. Hamdan. En effet, la plus grande richesse du Liban c’est cette capacité qu’ont les différentes communautés à vivre ensemble et à dialoguer. Contrairement à ce que d’aucuns pensent, la diversité confessionnelle n’a pas nui au Liban, mais l’a protégé. Elle a maintenu sa démocratie et préservé son unité. »

La bataille de Hamdan
La bataille que mène M. Hicham Hamdan en faveur du Liban l’a poussé à empêcher plusieurs des émigrés à vendre leurs propriétés dans leur pays d’origine, en leur « posant des conditions extrêmement difficiles ». « De plus, j’insiste auprès d’eux pour qu’ils n’abandonnent pas leur nationalité libanaise et je les invite même à prendre les mesures nécessaires pour qu’elle soit accordée à leurs enfants, explique-t-il. Je leur assure que leur pays d’origine n’établit aucune différence entre un Libanais et un autre. Je suis druze et c’est auprès des chrétiens que je mène cette bataille, parce que nous refusons que le Liban perde ses spécificités au Proche-Orient. Cela est essentiel non pas au niveau communautaire, mais national. »
Et M. Hamdan de poursuivre : « Nous estimons que la société et les autorités libanaises doivent accorder une plus grande importance aux communautés libanaises en Amérique latine, qui souhaitent que leur pays d’origine ne les oublie pas. Cette région est encore plus importante que l’Europe. Le Brésil à lui seul compte plus de dix millions d’émigrés libanais. Sans oublier l’Argentine, la Colombie, le Chili, l’Équateur… Un congrès s’est tenu en février dernier entre les ministres arabes des Affaires étrangères et les ministres des AE d’Amérique latine pour établir une coopération. Je souhaite que le Liban soit le pont qui assure les liens nécessaires au développement de ce genre de coopération. »
L’Argentine compte plus d’un million et demi d’émigrés libanais. Dispersés aux quatre coins de ce pays, ils ont pu rétablir le contact avec leur pays d’origine grâce aux efforts déployés en ce sens par l’ambassadeur Hicham Hamdan. Leur revendication ? Le droit de vote et que le Liban ne les oublie pas. Au...