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Armageddon


Megiddo, une colline tranquille dans le nord de la Palestine biblique. Tranquille jusqu’à ce que se découvrent ses propriétés stratégiques et qu’elle devienne, surplombant la plaine de Jezreel, un lieu de batailles historiques, terrestres d’abord, eschatologiques ensuite. Dans son Apocalypse, Jean l’évangéliste en fait le lieu du combat ultime entre le bien et le mal, le Christ et les puissances démoniaques. La bataille de Megiddo, l’Armageddon, est la guerre ultime, le moment de basculement qui marque la fin d’un monde.

Y sommes-nous ? Le passage à l’acte nucléaire est-il imminent ? Rarement depuis Hiroshima et Nagasaki a-t-on été aussi proche d’une telle probabilité. L’hubris du Premier ministre israélien, sa certitude d’offrir aux États-Unis, en la matière du territoire israélien, rien de moins qu’un super porte-avions américain au cœur du Moyen-Orient lui autorisent tout le mépris possible des lois internationales.

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Pendant qu’il lance ses chasseurs sur l’Iran, il poursuit le massacre des Palestiniens qui meurent encore par dizaines tous les jours, de faim ou fusillés à bout portant dans les files d’aide alimentaire. Cette guerre, pourtant, n’a plus lieu de se poursuivre. À bout de force, Gaza n’est plus ce danger dont Israël entendait se prévenir depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Netanyahu se cherchait sans doute un avenir. Étrange Armageddon qui se joue désormais entre le mal et le mal. Entre Israël qui s’offre comme défenseur des intérêts de l’Occident en conduisant des guerres canailles et l’Iran qui jouait les empires en manipulant, autour de son territoire, des milices idéologisées, cancers des pays dont elles émanaient, on n’a pas envie de choisir son camp.

On peut se réjouir qu’Israël affaiblisse cette pieuvre dans son seul intérêt. On peut s’inquiéter qu’un Israël vainqueur de l’Iran devienne, avec cette mentalité de hors-la-loi débridé et protégé, la police du nouveau Moyen-Orient. Certains diront que ce ne sera pas pire que l’Iran ou la Syrie. Cela signifie qu’on n’aura jamais mieux. Cela signifie surtout que l’arme nucléaire est désormais le seul critère de dissuasion et de domination et qu’il n’y a plus d’espoir de désarmement au niveau mondial. Il n’y a qu’à voir Kim Jong-un faire son nouveau riche sur les plateformes électroniques, rappeler le monde au souvenir de son visage lunaire, tout à coup accessible et souriant, proposant ses services et tendant la main à de nouvelles alliances.

Pendant ce temps, le petit Liban, pays fondateur de l’ONU, rare exemple de pluralité au cœur d’un voisinage monochrome et rigide, ne se fait aucune illusion sur son autonomie future. Futur est d’ailleurs pour les Libanais un trop grand mot. Toujours fâchés avec le passé, ils ont cultivé le talent de vivre au présent le meilleur de la vie. Pour une fois (momentanément ?) épargnés par les grands événements qui se jouent autour d’eux, à présent que le Hezbollah semble hors jeu, ils poussent les basses et regardent, dans leur ciel, les salves de missiles se croiser comme autant d’étoiles filantes. La guerre Israël-Iran ne fait même pas débat : « Que les pastèques se fracassent entre elles », disent-ils dans leur langage savoureux, forgé par les guerres et les disputes de murs mitoyens. Déjà des plaisantins prétendent réserver dans les pubs des tables avec « vue sur les missiles ». « On n’a pas de tête » sous nos cieux, dirions-nous dans notre jargon. Dans l’œil du cyclone, littéralement, et au premier rang de la troisième guerre mondiale, nous accueillons la fin du monde en dansant, shootés à l’adrénaline. Les doigts croisés pour que les experts aient raison et que le vent nucléaire, s’il advenait, navigue plus au sud de nos bords. Dans le cas contraire, on n’aurait qu’à souffler.

Megiddo, une colline tranquille dans le nord de la Palestine biblique. Tranquille jusqu’à ce que se découvrent ses propriétés stratégiques et qu’elle devienne, surplombant la plaine de Jezreel, un lieu de batailles historiques, terrestres d’abord, eschatologiques ensuite. Dans son Apocalypse, Jean l’évangéliste en fait le lieu du combat ultime entre le bien et le mal, le Christ et les puissances démoniaques. La bataille de Megiddo, l’Armageddon, est la guerre ultime, le moment de basculement qui marque la fin d’un monde. Y sommes-nous ? Le passage à l’acte nucléaire est-il imminent ? Rarement depuis Hiroshima et Nagasaki a-t-on été aussi proche d’une telle probabilité. L’hubris du Premier ministre israélien, sa certitude d’offrir aux États-Unis, en la matière du territoire israélien, rien de moins...
commentaires (5)

"... le petit Liban, pays fondateur de l’ONU ..." - ou peut-être plus modestement... co-fondateur?

Gros Gnon

17 h 32, le 19 juin 2025

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Commentaires (5)

  • "... le petit Liban, pays fondateur de l’ONU ..." - ou peut-être plus modestement... co-fondateur?

    Gros Gnon

    17 h 32, le 19 juin 2025

  • Excellent papier comme dab. Et quelle bonne idée de ressusciter l'expression bien libanaise "battikh ykasser battikh" même en VF. Je l'avais perdue de vue et je trouverai très certainement une occasion de la placer.

    Marionet

    16 h 21, le 19 juin 2025

  • Des tables avec but sur les missiles - tres bien Trouvé!

    Fredrik Kullberg

    14 h 56, le 19 juin 2025

  • Brillant comme d’habitude. Le discernement devient un luxe, heureusement, il y a vous, notre luxe.

    Gédéon Maya

    12 h 06, le 19 juin 2025

  • tres drole ! pour le malheur de bcp !

    L’acidulé

    09 h 14, le 19 juin 2025

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