À entendre nos croûtons politiques s’autoféliciter du bon déroulement des élections municipales, on penserait qu’ils ont résolu d’un coup les problèmes du réchauffement climatique, de la famine dans le monde et de l’alignement des planètes du système solaire.
Curieux comme de bêtes échéances, qu’on qualifierait de naturelles dans les pays normaux, prennent chez nous une tournure à la fois pompeuse et guignolesque, mettant aux prises des protagonistes qu’on désigne pudiquement sous le label bas-ventral de « parties », lesquels se scindent en clans, passent leur temps à se visiter aux heures de travail, échangent des messes basses, avant de se savonner mutuellement la planche avec des airs de comploteurs.
Finalement, on ne s’ennuie pas dans ce scrutin où les candidats les moins bons disputent à leurs adversaires franchement mauvais le privilège de briller dans ce qui pourrait être la pantalonnade de l’année. Un peu comme à Tripoli où quatre jours après la clôture du vote, on continue encore de barboter dans les bulletins. Gageons qu’une fois les résultats publiés, on verra comment l’inexactitude du nombre sera compensée par la précision des décimales. Bref, un festival ! Et aussi un remake grossier des singeries législatives qui font croire au Libanais d’en bas qu’en allant titiller la fente d’une urne en plastique, il va donner à cette république de poche un goût différent de celui de la banane.
Encore heureux qu’à Beyrouth, un cartel de candidats éclairés tente d’opérer une percée en assurant en même temps la parité à la fois de genre et confessionnelle. Ça nous changerait des vieux barbons des partis venus fourrer leur truffe dans un scrutin qu’ils s’acharnent à polluer par leurs concepts de marchands de tapis hérités des acclamations seigneuriales.
Il reste que ces élections ont jusque-là bradé les ego de quelques turlupins dont le prestige a viré au bandage herniaire usagé. Et patatras !
C’est qui qui est tombé du cocotier ? Le Basileus bien sûr, qui se trimballe encore quelques pelures d’orange rapidement aplaties dans les grandes villes du Kesrouan. Ne lui reste plus que quelques sièges de cailloux périphériques pour parader au nom des chrétiens. Les temps ont changé aussi pour les descendants du Bteghrinator. Certes, ils ont sauvé leurs miches dans le Metn, mais jurent de décrocher la fédération des municipalités les doigts dans le nez.
Déjà avant même le début du scrutin, le Mollasson du Futur avait quant à lui baissé son froc, mais attention, avec fermeté et détermination ! Son absence ouvre un boulevard devant la société civile, à moins que la scène sunnite ne tourne à la foire d’empoigne. Le tableau serait bien évidemment incomplet sans le prochain round au Sud, où l’OPA sur la communauté chiite exercée par le Taulier du Parlement et les lambeaux du Parti barbu a été remplacée par un syndrome de Stockholm durable.
Quatre bonnes semaines de franche rigolade pendant que les patrons communautaires se succèdent pour haranguer des ouailles au ventre creux, mais en transe. Tant pis ! À défaut de manger du poulet, les excités se consoleront avec de la chair de poule…
Pourquoi censurer mon commentaire? Il ne disait rien de plus que tous ceux qui félicitent M. Nasr qui dérange certains esprits chagrins.
12 h 51, le 17 mai 2025