Manifestation de retraités de l’armée libanaise sur la place Riad el-Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, le 24 avril 2025. Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour.
Quatre jours après une nouvelle manifestation de militaires libanais à la retraite à Beyrouth, frappés de plein fouet par la crise économique que traverse le Liban depuis 2019 et réclamant notamment une revalorisation de leurs pensions, le « Mouvement des militaires retraités » a publié un communiqué véhément lundi dans lequel il annonce « une nouvelle phase de la lutte » et menace de désobéissance civile.
« Après avoir épuisé toutes les voies du dialogue et de l’expression pacifique, et après avoir été confrontés à un silence absolu et à un mépris humiliant de nos revendications légitimes, nous, les militaires retraités, annonçons aujourd'hui une nouvelle phase de lutte » commence le communiqué, relayé par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Les vétérans demandent au gouvernement d'approuver « l'octroi dès sa prochaine réunion d'une aide immédiate de vingt millions de livres libanaises, suivie d'une étude complète sur la question des salaires ». La manifestation de jeudi s'est tenue concomitamment à une séance du Parlement qui portait, entre autre, sur une loi qui prévoit une revalorisation des pensions de ces anciens soldats et policiers. Les manifestants demandaient une augmentation équivalente à 50 % de la valeur de leur pension en dollars (au taux du marché), suivie d’une hausse de 10 % tous les six mois jusqu’à atteindre une revalorisation totale de 100 %.
« Plus rien à perdre »
« Nous avons longtemps patienté et supporté l'insupportable, mais notre patience est épuisée et notre capacité de tolérance a franchi toutes les lignes rouges. Le silence des autorités successives et actuelles n'a été qu'un mépris envers notre dignité, nos sacrifices et nos familles qui souffrent de la faim et du besoin » dénoncent les vétérans, qui disent « n'avoir plus rien à perdre ». « À partir d'aujourd'hui, nos actions ne doivent plus être de simples protestations épisodiques, mais doivent faire trembler la terre sous les pieds des lâches et de ceux qui tirent profit de notre souffrance » lâche le communiqué. « Nous savons comment défendre nos droits et notre dignité par tous les moyens légitimes » nuance-t-il.
Brandissant le spectre de « la désobéissance civile si cela s'impose », les vétérans menacent de « bloquer les routes, paralyser les institutions », et potentiellement se « mobiliser durant les élections municipales dans toutes les régions si nécessaire », dans le courant du mois de mai.
Les salaires et les pensions du secteur public se sont effondrés avec la dépréciation brutale de la livre libanaise depuis 2019. Les manifestants dénonçaient jeudi « l’injustice persistante » dont seraient victimes les militaires en général, et les retraités en particulier, « en raison de l’absence d’augmentations de salaires équitables, contrairement à celles octroyées à d’autres secteurs publics».
En septembre dernier, des efforts entre le gouvernement de Nagib Mikati et un collectif de militaires à la retraite avaient pour but d’harmoniser les demandes des retraités, mais n’avaient toutefois pas débouché sur une solution.
