
Manifestation de retraités de l’armée libanaise sur la place Riad el-Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, le 24 avril 2025. Mohammad Yassine/L’Orient-Le Jour
Des centaines de militaires libanais à la retraite ont manifesté jeudi matin sur la place Riad el-Solh, dans le centre-ville de Beyrouth, en parallèle à une séance du Parlement qui porte, entre autre, sur une loi qui prévoit une revalorisation des pensions de ces anciens soldats et policiers, frappés de plein fouet par la crise économique que traverse le Liban depuis 2019, rapporte notre photographe sur place, Mohammad Yassine.
Le sit-in a été organisé par le Rassemblement des militaires retraités. Ces anciens militaires, qui manifestent régulièrement depuis le début de la crise, ont appelé le gouvernement de Nawaf Salam à élaborer un projet de loi « pour répondre à (leurs) demandes et à le soumettre au Parlement », selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle).
« Honte à vous, politiciens »
Parmi les principales revendications figure « l’application progressive de la loi n°46/2017, à partir du 1er juin 2025 », rapporte l’ANI. Les manifestants réclament une revalorisation de leurs pensions, en commençant par une augmentation équivalente à 50 % de la valeur de leur pension en dollars (au taux du marché), suivie d’une hausse de 10 % tous les six mois jusqu’à atteindre une revalorisation totale de 100 %.

Les salaires et les pensions du secteur public se sont effondrés avec la dépréciation brutale de la livre libanaise depuis 2019.
« Nous demandons (au nouveau gouvernement) seulement nos droits, octroyez-les-nous », peut-on lire sur une pancarte brandie par l’un des manifestants, selon une photo de notre journaliste sur place. « Honte à vous, politiciens », peut-on lire sur une autre, accrochée à un uniforme militaire et accompagnée d’un drapeau libanais.
Selon l’ANI, les manifestants dénoncent « l’injustice persistante » dont seraient victimes les militaires en général, et les retraités en particulier, « en raison de l’absence d’augmentations de salaires équitables, contrairement à celles octroyées à d’autres secteurs publics». Les protestataires ont également demandé l’approbation d’une aide mensuelle immédiate d’un montant de vingt millions de livres libanaises pour l’ensemble des retraités, jusqu’à l’application de la loi 46/2017, ajoute l’ANI.
En septembre dernier, des efforts entre le gouvernement de Nagib Mikati et un collectif de militaires à la retraite avaient pour but d’harmoniser les demandes des retraités, mais n’avaient toutefois pas débouché sur une solution.
Manifestation de proches d’islamistes détenus
Par ailleurs, des proches de détenus islamistes ont également protesté devant le Parlement afin de réclamer une loi d’amnistie. Les manifestants brandissaient notamment des photos d’Ahmad el-Assir, cheikh salafiste détenu et condamné à mort en 2017 pour les affrontements qui avaient eu lieu en juin 2013 à Abra entre des islamistes qu’il menait et l’armée libanaise. Dix-huit soldats et onze miliciens avaient été tués dans ces combats. Ses compagnons avaient été condamnés à dix ans de travaux forcés. Le prédicateur sunnite avait également été condamné le 21 août 2021 par le tribunal militaire à vingt ans de travaux forcés pour avoir combattu l’armée libanaise à Bhanine au Liban-Nord en 2014.