Cinq braconniers pour abattre une cigogne au Liban-Nord : tout est dit dans ce cliché sur le massacre en cours dans l'indifférence générale. Photo envoyée par Michel Hallak
La chasse illégale et massive continue de faire des ravages parmi les populations d’oiseaux migrateurs, plus particulièrement au Liban-Nord. Notre correspondant Michel Hallak rapporte des scènes d’horreur où des braconniers attendent les oiseaux migrateurs au détour d’un point d’eau pour les tirer à l’aide d’armes de guerre ou de carabines de chasse, photos et vidéos à l’appui. Selon notre correspondant, ces activités illégales sont constatées dans de nombreuses régions, allant des hauteurs de Zghorta et de Bécharré, jusqu'au Akkar, en passant par Minié-Denniyé.
La chasse est totalement interdite au printemps, rappelons-le, qui est la saison de nidification par excellence. Les oiseaux migrateurs ne sont pas non plus des proies autorisées par la loi, leur passage au-dessus du Liban en automne (d’Europe en Afrique) et au printemps (de retour en Europe) fait partie de leurs pérégrinations habituelles. Le Liban est régulièrement épinglé par les nations européennes pour son inaction qui coûte chaque année des milliers de vies parmi des populations d’oiseaux protégés par les conventions internationales. Parmi les proies privilégiées par les braconniers, des cigognes noires, des cigognes blanches et des pélicans.
Passage des oiseaux migrateurs au Liban
Selon les constatations de notre correspondant et de témoins sur place, les forces de l’ordre ne sont pas suffisamment actives, même quand le braconnage se produit non loin des gendarmeries. Les activistes écologistes de la région qu’il cite appellent urgemment les ministères concernés, notamment l’Environnement, l’Agriculture et l’Intérieur, à réagir pour mettre un terme à cette chasse illégale, débridée et hors saison. Et ce n'est pas la première fois cette année qu'ils mettent en garde contre la chasse illégale d'oiseaux migrateurs. Jusqu'à présent, deux braconniers ont été arrêtés par les Forces de sécurité intérieure (FSI) le 8 mars dernier, mais ces efforts ne semblent pas encore suffisants.
Le Liban est l'un des principaux couloirs de passage des oiseaux migrateurs entre l’Afrique et l’Europe, du fait qu'il compte de nombreux points d’eau. Cependant, une loi réglementant la chasse n’a jamais été pleinement appliquée, et l’ancien ministre de l’Environnement Nasser Yassine, de facto président du Haut conseil de la chasse, avait préféré interdire la chasse, sans parvenir à mettre fin au braconnage.
Selon BirdLife International, un partenariat d'ONGs internationales de conservation des oiseaux, quelque 2,6 millions d'oiseaux seraient abattus illégalement en moyenne au Liban par des braconniers au cours d'une année.
Les vrais chasseurs respectent les animaux. Là, ce sont des personnes sans éducation et sans cerveau.
19 h 54, le 06 avril 2025