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Nos Lecteurs ont la Parole

La prima donna des cœurs

Maria est une histoire qui se rapporte au parcours d’une personne célèbre. Elle se réduit à traiter cinématographiquement un passage de la vie de celle-ci où la fiction règne, en omettant d’en faire une biographie.

En effet, le spectateur assiste à la dernière semaine de l’existence d’une grande diva internationale. Assurément elle l’est. D’une part, grâce à ses performances et à sa voix extrêmement puissante, proche de celle d’un mezzo-soprano dramatique. Et d’autre part, du fait de son identité et ses appartenances multiples, puisqu’elle est grecque, née aux États-Unis, elle épouse un homme d’affaires italien et finalement, elle s’installe à Paris où elle meurt. Dorénavant, son corps n’appartiendra plus à ce monde, mais certainement, sa voix y résonnera jusqu’à l’éternité. Il s’agit de La Callas.

La maladie provoque chez elle une diminution importante des forces physiques. Elle est dans un état de faiblesse et de fatigue significatif. Elle éprouve un fort sentiment de fragilité... Tout ce qui précède est minutieusement bien relaté à travers cette œuvre.

Également, la perte accablante de ses facultés vocales irrécupérables malgré toutes les tentatives est fidèlement reproduite.

Le spectateur assiste dès la première séquence à la fin tragique de l’héroïne à l’âge de 53 ans.

Son déséquilibre et ses caprices sont bien transmis et reçus. Notamment, son comportement, à la fois hautain et amical envers son intendant et sa cuisinière à tout faire ; à des moments, elle les dédaigne sévèrement et pourtant ils lui sont notoirement fidèles et attentionnés. Quant à d’autres, elle passe des soirées à jouer avec eux aux cartes. Dans ce cadre, les scènes qui retiennent l’attention sont celles des va-et-vient, exagérés, du piano qui se veulent amusantes...

Ses hallucinations sont le fruit des médicaments administrés hasardeusement en quantité industrielle, l’écoulement de l’action en est révélateur ; elle s’invente un interlocuteur qui la filme, se promène avec elle dans le beau et chic Paris, ils échangent longuement des propos relatifs à son passé. Elle dissimule les comprimés dans les poches de ses vêtements et partout dans les meubles de sa suite afin qu’ils ne soient pas repérés et retirés par les personnes qui l’entourent.

Une grande place est accordée à sa relation passionnée avec un riche magnat, « The Greek Tycoon ». Elle s’y attache physiquement et spirituellement en dépit de son caractère autoritaire et arrogant, et de son opposition à sa carrière. Pour ce dernier, la trahison s’avère être le revers de l’amour possessif ;

on s’aperçoit que la nouvelle du mariage d’Onassis lui est annoncée par les médias. De plus, il est encore marié, lorsqu’il lui exprime ses sentiments sur son lit de mort.

Par ailleurs, ses rapports avec sa mère sont empoisonnés et les rares conversations avec sa sœur sont mitigées.

Il est bien évident que le talent, l’interprétation et la beauté de Jolie ne peuvent qu’être salués. Néanmoins, les efforts fournis afin de reproduire les gestes et l’attitude de la prima donna, les cheveux à la Grace (Kelly) n’ont pas suffi à me convaincre qu’il s’agissait réellement du charisme de la cantatrice incarnée. D’ailleurs, Angelina n’a pas été nommée pour être oscarisée. Par contre, le mélange de sa voix à celle de Callas a, en quelque sorte, redressé la situation.

C’est un récit qui met à l’évidence la musique monumentale, mythique et épique de l’illustre « Hellène ». Sous cet aspect, les auteurs ont fait preuve d’excellence et de distinction.

Le choix des cadres, les prises de vue, les flashbacks, le noir et blanc, les passages relatifs à la vraie Callas procurent au public un immense plaisir et une sensation agréable. Bravo au cinéaste chilien Pablo Larrain.

Pour conclure, je suis sortie de la salle avec la conviction que la réalisation et la production ont donné la priorité à l’apparence visuelle et auditive sans pour autant puiser dans les profondeurs afin d’en faire un film incontournable. Toutefois, il est séduisant !

Graziella SALIBA MAKARON

Avocate à la cour

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Maria est une histoire qui se rapporte au parcours d’une personne célèbre. Elle se réduit à traiter cinématographiquement un passage de la vie de celle-ci où la fiction règne, en omettant d’en faire une biographie.En effet, le spectateur assiste à la dernière semaine de l’existence d’une grande diva internationale. Assurément elle l’est. D’une part, grâce à ses...
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