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Nos Lecteurs ont la Parole

« Arzé » ou la détermination en dépit des entraves

Au cours de mon passage à Paris, j’ai eu l’occasion d’assister à la projection de Arzé dans le cadre du Festival du film libanais, à l’Institut du monde arabe, en présence de son président Jack Lang dont l’allocution du jour exalta ma patrie, me rendant encore plus fière d’y appartenir.

Ce film exceptionnel m’a touchée au plus profond et mes sentiments se sont affirmés quand j’ai appris le choix du comité libanais de présélection aux Oscars que Arzé y représente le pays du Cèdre dans la catégorie du meilleur film étranger.

L’histoire traite subtilement de plusieurs thèmes à la fois pour en faire un récit aussi dense que pertinent.

Le spectateur se retrouve face à la relation d’une mère et de son fils dont l’éducation lui incombe intégralement. En effet, elle se donne tout entière afin de subvenir aux besoins de son foyer, jusqu’au point de s’approprier un bien qui n’est pas le sien dans le but de le vendre et d’acheter un scooter pour agrandir son petit commerce et par conséquent continuer à assurer dignement les vivres de sa famille. Quelle contradiction ! Commettre un délit pour assurer sa dignité ! Faut-il la condamner, sachant qu’elle avait l’intention de restituer l’objet au moment opportun ? Ne rappelle-t-elle pas par extrapolation le personnage de Jean Valjean de Victor Hugo ?

Par ailleurs, nous sommes face à la souffrance d’une femme vivant dans l’incertitude, se mettant à l’écart de la société, ignorant le sort de son bien-aimé disparu dans des conditions fâcheuses. Ne sommes-nous pas mis face à face avec la détresse d’une tranche de Libanais en quête de connaître le destin de leurs absents ? Finalement, Arzé l’aide à se réintégrer et à se relever.

De même, il y a cette affinité inébranlable entre un adolescent et sa maman : à des moments, ils ont de violentes disputes, et à d’autres, ils font preuve d’une complicité notoire. Le public décèle cette tendresse à travers les différentes séquences.

Ce jeune homme vit de son côté une réalité amère ; sa dulcinée est contrainte d’émigrer avec sa famille et on assiste à ce déchirant arrachement.

Ce film, c’est aussi le déferlement d’une multitude de caractères représentant chacun d’entre eux les différents courants politiques et religieux.

L’héroïne principale parcourt la capitale à la recherche du coupable qui a dérobé le scooter nouvellement acquis. Elle est confrontée tout au long à des personnes s’innocentant tout en inculpant l’autre, et pourtant ces personnes représentent les deux faces d’une même pièce. Ne serions-nous pas en présence d’une ribambelle de chefs dont la devise serait : tous sont des escrocs mais pas moi ? C’est l’exemple même du déni de responsabilité.

Le prénom « Arzé », en correspondance avec le titre, est approprié, les qualités de cet arbre symbole du pays conviennent parfaitement au caractère du personnage.

Le spectateur ignore totalement la confession de Arzé et aucun indice ne l’aide. Il est amené à réagir avec les peines de cette jeune femme sans y prêter attention.

Auprès de Diamant Bou Abboud et Betty Taoutel, la réalisatrice Mira Shaib réunit des comédiens chevronnés tels que Junaid Zeineldine, Élie Mitri, Fadi Abi Samra, Fouad Yammine, Tarek Tamim et d’autres, sans oublier Faden Fakih et Bilal al-Hamwi.

Ce film sur les femmes, réalisé (au sens large du terme) par des femmes, fait avancer en quelque sorte la cause des femmes.

Avocate à la cour

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Au cours de mon passage à Paris, j’ai eu l’occasion d’assister à la projection de Arzé dans le cadre du Festival du film libanais, à l’Institut du monde arabe, en présence de son président Jack Lang dont l’allocution du jour exalta ma patrie, me rendant encore plus fière d’y appartenir. Ce film exceptionnel m’a touchée au plus profond et mes sentiments se sont affirmés...
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J’espère qui passera en Italie

Eleni Caridopoulou

14 h 01, le 02 novembre 2024

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Commentaires (1)

  • J’espère qui passera en Italie

    Eleni Caridopoulou

    14 h 01, le 02 novembre 2024

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