Vers 14h30 samedi, le Hezbollah a officiellement annoncé que son chef, Hassan Nasrallah, avait été tué. Après une nuit particulièrement éprouvante, marquée par un pilonnage intense de la banlieue sud de Beyrouth, l'armée israélienne avait affirmé, quelques heures plus tôt, que le chef du Hezbollah avait été tué dans le raid sur le QG du parti. Le Hezbollah a mis plusieurs heures à confirmer cette information. Samedi, les frappes israéliennes se poursuivaient au Liban-Sud, dans la Békaa et dans la banlieue sud de Beyrouth.
Les principaux faits
-Le Hezbollah a officiellement annoncé, samedi vers 14h30, que son leader, Hassan Nasrallah, avait été tué. Dans un communiqué lu en direct sur la chaîne du parti al-Manar, le groupe chiite a annoncé que « le maître de la résistance » Hassan Nasrallah « s'est déplacé aux côtés de son Seigneur en tant que grand martyr ». « La direction du Hezbollah s'engage à poursuivre son jihad face à l'ennemi, en soutien à Gaza et à la Palestine, en défense du Liban », a ajouté le communiqué. Le nom de Hachem Safieddine, chef du Conseil exécutif du Hezbollah, circule pour lui succéder.
-Le Liban a décrété un deuil national de trois jours de lundi à mercredi prochain, a annoncé le bureau du Premier ministre sortant Nagib Mikati dans un communiqué. La Syrie a fait de même, tandis que l'ayatollah Ali Khameini a lui déclaré cinq jours de deuil.
-« L'élimination de Nasrallah est l'une des actions les plus importantes de l'histoire d'Israël, et nous ne nous arrêterons pas », a prévenu le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, cité par la radio de l'armée israélienne, sur X.
-L'armée israélienne affirme avoir tué la totalité du Conseil militaire du Hezbollah, à l'exception d'un commandant. Lire les détails ici
-Samedi, peu après 11h, l'armée israélienne avait affirmé dans un communiqué avoir « éliminé Hassan Nasrallah ». Dans ce texte, publié notamment par le porte-parole arabophone de l'armée israélienne Avichay Adraee, ce dernier indiquait que la frappe de vendredi soir sur la banlieue sud de Beyrouth a également éliminé « le commandant du Front Sud du Hezbollah » et plusieurs autres commandants. Selon le texte, ces hommes sont morts lors de la première frappe sur « le quartier général souterrain » du parti chiite, « situé sous un immeuble résidentiel » de la banlieue sud de Beyrouth. Ce bombardement « a été effectué alors que des dirigeants du Hezbollah se trouvaient » à cet endroit. Le communiqué affirme qu'« au cours de ses 32 années à la tête » du parti chiite, Nasrallah « a été responsable du meurtre d'innombrables citoyens et soldats israéliens » et de la planification d'attentats contre Israël « et dans le monde entier ».
-L’armée israélienne a également déclaré en soirée avoir assassiné samedi Hassan Khalil Yassine, "responsable du département de renseignement du Hezbollah", après avoir émis de nouveaux ordres d'évacuation aux Libanais habitants dans la Békaa, la banlieue sud de Beyrouth et le Liban-Sud.
-« Nos actions contre le Hezbollah ont empêché une attaque plus large », a également déclaré le porte-parole de l'armée israélienne, ajoutant : « Il reste encore du chemin à parcourir, le Hezbollah a toujours la capacité de tirer sur Israël ».
-Samedi à la mi-journée, l'armée israélienne a indiqué avoir frappé, depuis vendredi soir, « plus de 140 cibles (...) du Hezbollah, notamment des lanceurs (de roquettes) visant des civils israéliens, des bâtiments dans lesquels des armes étaient stockées (...) et d'autres sites d'infrastructures terroristes (...) dans la région de Beyrouth ».
-Dans un communiqué, le Hezbollah a, de son côté, revendiqué, peu après 9h30, le lancement d’une salve de missiles Fadi-3 sur l’aéroport et la base militaire de Ramat David, située à l'est de Haïfa.
-L'armée israélienne a bombardé intensément tout au long de la majeure partie de la nuit de vendredi à samedi, la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où un raid d'une violence inouïe a visé vendredi le chef du parti. Cette frappe, qui a eu lieu à 18h30, a touché, selon Israël, le QG du Hezbollah dans la banlieue.
-Samedi matin, le bilan exact de la nuit restait incertain, alors que les secouristes étaient toujours déployés sur le terrain afin de sortir les habitants des décombres et de transporter les blessés vers les hôpitaux. Selon un communiqué publié ce matin à 8 heures par la Défense civile, le déploiement des équipes de sauvetage hier soir et dans la nuit a pour l'heure permis d’identifier 38 victimes. Lors d'une conférence, le ministre sortant de la Santé, Firas Abiad, a indiqué que, depuis le 8 octobre 2023, date à laquelle le Hezbollah a ouvert un front de soutien à Gaza, au Liban-Sud face à Israël, le Liban compte 1 640 tués (dont 104 enfants et 194 femmes), 8 404 blessés et nombre de disparus dont les corps n'ont pas été retrouvés sous les décombres, des suites des agressions israéliennes.
-Plus de 50.000 personnes ont fui vers la Syrie en raison des frappes aériennes israéliennes sur le Liban, a déclaré samedi le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés (HCR) Filippo Grandi.
-Selon une source proche du Hezbollah, six immeubles ont été totalement détruits, soulevés par d'énormes explosions qui ont provoqué d'épaisses colonnes de fumée et creusé de larges cratères, semant la panique parmi les habitants.
(Retrouvez, ici, les premières images de la banlieue sud de Beyrouth après les frappes)
-Samedi matin, d'épaisses colonnes de fumée s'élevaient encore dans le ciel, selon des journalistes de l'AFP sur place.
-Des centaines de personnes ayant fui leurs domiciles, souvent à la suite d'un message de l'armée israélienne envoyé avant les frappes, ont passé la nuit à la belle étoile. Les correspondants de l'AFP ont vu des familles entières assises à même le sol toute la nuit dans le centre de Beyrouth ou sur la corniche du bord de mer.
-Samedi matin, le ministère de la Santé libanais a annoncé que tous les hôpitaux des zones bombardés dans la nuit allaient être évacués « en raison de l'agression » israélienne. Il a demandé les hôpitaux des autres secteurs « à cesser de recevoir des cas non urgents jusqu'à la fin de la semaine prochaine, pour faire de la place à l'accueil des patients des hôpitaux de la banlieue sud de Beyrouth ».
-L'armée israélienne affirme, depuis vendredi soir, frapper des bâtiments civils abritant, selon elle, des dépôts d'armes, des fabriques de munitions et des centres de commandement du Hezbollah. Le mouvement chiite a démenti des « allégations » d'Israël sur la présence de dépôts d'armes dans les immeubles d'habitation.
-Dans la nuit, l'armée israélienne a indiqué que son aviation survolait les environs de l'aéroport de la capitale, pour empêcher l'Iran d'y faire atterrir des cargaisons d'armes destinées au Hezbollah.
Réaction iranienne
-L'Iran a affirmé samedi que la « ligne de Hassan Nasrallah se poursuivrait » en dépit de l'élimination la veille du chef du Hezbollah. « La ligne glorieuse du chef de la résistance, Hassan Nasrallah, se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération de Qods (Jérusalem), si Dieu le veut », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un message publié sur X.
Le mouvement chiite, qui fait partie de ce que l'Iran appelle l' « axe de la résistance » contre Israël, a confirmé samedi la mort de son chef dans une attaque israélienne. Le vice-président iranien Mohammad Javad Zarif a de son côté exprimé ses condoléances pour la mort de Nasrallah, le qualifiant de « symbole de la lutte contre l'oppression ». Un drapeau noir a été érigé en signe de deuil au sanctuaire de l'imam Reza, le principal lieu de culte chiite du pays situé dans la ville de Machhad, dans le nord-est du pays, selon l'agence de presse locale Tasnim. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait déjà dénoncé samedi la politique israélienne « à courte vue », dans un message publié samedi avant la confirmation officielle de la mort de Nasrallah.
-Le président iranien Masoud Pezeshkian affirme que les États-Unis "ne peuvent pas nier leur complicité" dans l'assassinat de Hassan Nasrallah, annoncent des médias d'Etat iraniens cités par Reuters.
Réactions internationales
-"Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, est gravement préoccupé par l'escalade dramatique des événements à Beyrouth au cours des dernières 24h", a déclaré samedi son porte-parole Stéphane Dujarric. Il demande "instamment aux parties de s'engager à nouveau à mettre pleinement en œuvre la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité et de revenir immédiatement à une cessation des hostilités".
-Le département d’État américain a ordonné samedi à certains employés de son ambassade à Beyrouth et aux membres de leur famille éligibles de quitter le Liban dans un contexte de tension croissante au Moyen-Orient.
-"Les États-Unis sont déterminés à empêcher l'Iran et les groupes soutenus par l'Iran de tirer parti de la situation au Liban ou d'élargir le conflit", a pour sa part déclaré le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin.
-L'Allemagne a déploré une situation "très dangereuse" après la mort du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah tué par des frappes israéliennes sur le Liban et un risque de "déstabilisation" qui n'est "pas du tout dans l'intérêt de la sécurité d'Israël".
Le contexte
Ces frappes massives sont intervenues quelques heures après un discours du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à l'Assemblée générale de l'Onu. Lors de ce discours, il a affirmé que son pays poursuivra la guerre contre le Hezbollah jusqu'à ce que « tous les objectifs » soient atteints. Il n'a pas dit un mot de la proposition internationale conduite par les États-Unis et la France d'un cessez-le-feu de 21 jours.
Elles interviennent également dans le contexte d'une escalade brutale, depuis plus d'une semaine, des frappes israéliennes contre le Liban-Sud, la Békaa et la banlieue sud de Beyrouth, bastions du Hezbollah au Liban. Des frappes qui ont fait plus de 700 morts des plus d'une centaine de milliers de déplacés.
Une éventuelle opération au sol contre le Hezbollah sera « aussi courte » que possible, a assuré vendredi matin un responsable israélien de la sécurité, alors que le chef d'état-major de l'armée, le général Herzi Halevi, avait demandé mercredi aux soldats de se préparer pour une possible incursion terrestre.
Plus de 1.500 personnes ont été tuées au Liban en près d'un an, selon Beyrouth, soit plus que les 1.200 morts en 33 jours de guerre entre Israël et la formation chiite libanaise en 2006. L'Unicef s'est alarmée du « rythme effrayant » auquel les enfants sont tués, ainsi que des dommages aux installations civiles comme les stations de pompage, qui privent « 30.000 personnes d'accès à l'eau potable » dans l'est et le sud du Liban.
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18 h 21, le 29 septembre 2024