Pourquoi des drones du Hezbollah ont réussi à franchir la défense d'Israël ?

Le Hezbollah aurait-il commencé à sortir ses armes les plus sophistiquées contre Israël ? À deux reprises cette semaine, le parti chiite a réussi à mener des frappes de précision contre le nord de l'État hébreu, à l'aide de drones piégés, sans que les systèmes de défense aériens israéliens soient activés.
Mercredi, une attaque du Hezbollah contre le « nouveau quartier général de la reconnaissance militaire » dans la localité frontalière de Arab al-Aramche a blessé au moins 14 soldats israéliens. Les drones du parti pro-iranien n'ont pas été interceptés par l'État hébreu, poussant l'armée à ouvrir une enquête, selon la presse israélienne. Un incident similaire s'est produit la veille, dans la localité de Beit Hillel (face à Houla, dans le caza de Marjeyoun), où l'engin du parti chiite n'avait pas été repéré non plus. Selon le Hezbollah, cette attaque lui a permis de « toucher des plateformes du Dôme de fer, tuant et blessant des personnes ». 

Elijah Magnier, ancien journaliste de guerre et expert militaire, explique à L'Orient-Le Jour comment et pourquoi les drones du Hezbollah ont réussi à passer entre les mailles du filet.

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Comment expliquez-vous que des drones du Hezbollah n'aient pas été interceptés par Israël à deux reprises cette semaine ?

Plusieurs facteurs ont contribué à ce que ces drones passent inaperçus. Ils ont d'abord été tirés à moins d'un kilomètre de la frontière, ce qui n'a pas donné le temps de les intercepter. Ils volaient également à basse altitude, alors que le Dôme de fer détecte mieux les drones volant à haute altitude. Il s'agit également d'une nouvelle génération de drones iraniens qui ne fait pas de bruit. 

Le Hezbollah possède toute sorte de drones. Il a d'anciens engins très bruyants, d'autres de deuxième génération plutôt silencieux et qui peuvent voler pendant plusieurs heures. Il détient aussi des drones de troisième génération (comme ceux utilisés cette semaine) difficilement repérables par les radars et qui peuvent voler pendant plus de 30 heures. Ces drones peuvent porter jusqu'à 500 kg d'explosifs.

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Pourquoi avoir dévoilé ces drones maintenant ?

Nous n'avions pas vu les drones modernes du Hezbollah jusqu'à présent. En les utilisant, le parti annonce qu'il réserve encore plein de surprises à Israël. L'engin utilisé à Arab el-Aramche portait, par exemple, une charge de 50 kg d'explosifs, alors que d'habitude, un drone est chargé d'une dizaine de kilos au maximum.

Lorsqu'il s'est engagé dans ce conflit, le Hezbollah n'a pas montré d'un coup l'ensemble de ses capacités militaires. Il y va graduellement. L'une des erreurs du Hamas a été de lancer 5 000 roquettes d'un coup le 7 octobre 2023, alors qu'il n'était pas capable de maintenir le même rythme. 

On sait par ailleurs que le Hezbollah dispose de capacités avancées en matière d'intelligence électronique et de matériel. Il peut, par exemple, facilement infiltrer des téléphones et espionner la communication entre les soldats israéliens. Malgré une interdiction qui date de 2010, de nombreux militaires israéliens utilisent leurs portables sur la ligne de front. 

Quel message le Hezbollah essaie-t-il de faire parvenir à Israël ?

Le Hezbollah tenait jusqu'à maintenant à suivre les règles d'engagement. Il se contentait de frapper des cibles militaires pour que le conflit ne s'élargisse pas. Il sait que s'il énerve Israël, la réponse de ce dernier sera destructrice. 

Par ailleurs, le parti chiite est lié de manière organique à l'Iran. Il essaie donc de dire à Israël qu'il prendra part au conflit si l'État hébreu décide de répondre à l'Iran. À travers ses actions, le Hezbollah donne un avant-goût de ses capacités militaires.