
Un nuage de fumée s’élève au-dessus de Majdel Zoun, au Liban-Sud, suite à une frappe israélienne le 15 avril 2024. Photo AFP.
Trois jours après l’attaque inédite de l’Iran contre Israël, la tension bat son plein au Liban-Sud. Mardi, le Hezbollah a annoncé la mort d’un de ses combattants, Ismaïl Youssef Baz. Le parti n’a pas donné plus de précisions quant aux circonstances de son décès ou son rôle. Mais selon une source de sécurité citée par notre correspondant Mountasser Abdallah, la victime a été tuée dans une frappe israélienne ayant visé sa voiture à Aïn Baal, au sud de Tyr. Selon une source médicale, l’attaque a également fait un mort, Hussein Kerchat, présenté comme un civil, ainsi qu’un blessé, son frère. Dans un communiqué, l’armée israélienne a pour sa part affirmé qu’Ismaïl Youssef Baz était « le commandant du secteur côtier du Hezbollah ». « Il participe à la planification des tirs de roquettes et de missiles antichars en direction d’Israël », ajoute le texte. Une source proche de Haret Hreik a confirmé à l’AFP que Baz était un commandant militaire « responsable de la région de Naqoura ».Plus tard dans la soirée, deux personnes ont été tuées dans des frappes aériennes israéliennes qui ont visé deux voitures dans le village de Chéhabiyé, à l’est de Tyr. Presque au même moment, l’armée israélienne a déclaré avoir « éliminé un autre commandant du Hezbollah », sans donner plus de détails. De son côté, le parti chiite a, dans une série de communiqués, annoncé la mort de deux de ses combattants : Mahmoud Fadlallah et Mohammad Chehouri, sans préciser leur rôle au sein de la milice. Outre ces attaques, l’armée israélienne a visé plusieurs localités du Liban-Sud mardi. Des avions de combat ont mené un raid sur les villages de Alma el-Chaab, Khiam, Yaroun et Maroun el-Ras. Des tirs d’artillerie ont également visé un quartier de Khiam et la périphérie de Kfar Kila. De son côté, le Hezbollah a revendiqué au moins neuf opérations contre Israël. Il a affirmé notamment avoir lancé une « attaque aérienne au moyen de drones » contre un « système de défense aérien » dans la localité de Beit Hillel, dans le nord d’Israël, face à Houla, dans le caza de Marjeyoun. Selon le parti, cette attaque a « touché des plateformes du Dôme de fer, tuant et blessant des personnes ». Un peu plus tard, il a mené une nouvelle attaque contre la même localité en guise de riposte à l’élimination d’Ismaïl Youssef Baz. Le Haaretz, citant l’armée israélienne, a rapporté que l’explosion de deux drones dans le nord d’Israël a blessé trois personnes. L’armée aurait « identifié trois roquettes lancées sur Beit Hillel en Haute Galilée » et deux roquettes lancées sur le village de Hanita en Galilée occidentale. Le conseil régional de Haute Galilée a indiqué que les « roquettes ont atterri à Beit Hillel dans des champs ouverts et que des pompiers étaient en train d’éteindre les incendies qui se sont déclarés par la suite ». Le Hezbollah a annoncé également avoir tiré des roquettes sur la caserne israélienne de Zebdine, située dans les fermes contestées de Chebaa, ainsi que sur le site israélien de Berket Richa. Il a également frappé le quartier général de l’unité 769 (brigade « Hiram », positionnée à l’est de la frontière commune) à Kiryat Shmona, ainsi que la « base militaire stratégique » de Meron, souvent ciblée en période d’escalade des tensions. Ces deux dernières frappes ont été menées, selon le Hezbollah, pour répondre aux attaques de Chéhabiyé et Aïn Baal.
« Ça ne fonctionne pas »
Sur le plan politique, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a évoqué la question des affrontements entre le Hezbollah et Israël lors d’une conférence de presse mardi. Il a renouvelé ses critiques à la notion d’« unité des fronts » de l’axe pro-iranien. « C’est pour mettre fin à cela que nous avons adressé une lettre aux responsables libanais et aux pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU, les incitant à poursuivre leurs efforts pour un cessez-le-feu au Sud », a déclaré le chef du CPL. Dans cette lettre, M. Bassil a proposé l’idée d’adopter une nouvelle résolution du Conseil de sécurité qui « soutiendrait l’intégrité territoriale » du Liban et appellerait à un cessez-le-feu permanent le long de la frontière libano-israélienne. Selon M. Bassil, cette résolution serait « basée sur les principes contenus » dans la 1701 et soulignerait « le ferme soutien à l’intégrité territoriale » du Liban, « à la souveraineté et à l’indépendance politique du pays à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, telles qu’elles figurent dans l’accord d’armistice général entre Israël et le Liban du 23 mars 1949 ». Ces appels interviennent à l’heure où le Hezbollah s’obstine à lier tout cessez-le-feu au Liban-Sud à un arrêt des hostilités à Gaza. En réponse à l’initiative de Gebran Bassil, le président du Parlement Nabih Berry a affirmé que « séparer Gaza du Liban-Sud, ça ne fonctionne pas ». « L’unité des fronts est en place, qu’ils le veuillent ou pas », a-t-il lancé. Le chef du législatif a également félicité les Iraniens pour leur attaque inédite contre Israël. « Le tapis perse a dit aux Israéliens : les choses ne seront plus comme avant », a-t-il ironisé.
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19 h 59, le 17 avril 2024