Plonger dans la philosophie est bien plus qu’une simple entreprise intellectuelle ; c’est une quête profonde et incontournable pour chaque être humain. Cette discipline unique nous invite à explorer les profondeurs de l’existence humaine, à sonder ses mystères et à contempler ses grandes questions. C’est une tentative courageuse de percer le voile qui entoure notre condition, de comprendre nos motivations, nos valeurs et nos aspirations. Je m’y risque donc moi aussi, comme un cri de révolte, contre l’absurdité de la condition humaine, ses incertitudes connues et ses incertitudes inconnues.
La vie n’a pas de sens absolu. Nous sommes confrontés à un univers de taille virtuellement infinie, ostensiblement indifférent à nos aspirations et nos désirs. Dans cet univers sourd, aveugle et indifférent, l’homme est condamné à philosopher pour essayer de trouver un sens à sa vie. Ne pas philosopher, c’est laisser sa vie défiler devant lui de façon linéaire, insipide et banale.
Pourtant, c’est dans cette indifférence cosmique, généralisée, éternelle et sourde que nous devons construire des liens significatifs avec les autres êtres humains. C’est dans ces relations que nous devons trouver le sens et la raison d’être de notre existence. En effet, le sens de la vie n’est que relatif aux autres qui la partagent avec nous. Nous vivons pour les autres, pour nos enfants, pour nos amis, pour notre communauté, pour notre cause ou pour notre pays.
Par exemple, dans le cas très théorique où tous les êtres humains venaient à disparaitre demain, rien n’aurait de sens. Rien n’aurait jamais eu de sens. Et rien n’en aura jamais. Dans ce scénario, toute notre quête de sens, nos luttes, nos réalisations sembleraient futiles et éphémères. Et la Terre s’en retrouverait à reverdir et à embellir, délestée du poids de siècles d’activités humaines de pollution, de guerres et d’agression contre la nature et les animaux. La Terre, débarrassée de notre empreinte nocive, poursuivrait son cours, indifférente à notre disparition, dans un univers infini où l’homme n’est qu’à peine une goutte d’eau perdue dans un océan. C’est ce constat froid mais lucide qui écorne l’ego humain et la raison fondamentale de son existence.
Ce constat est certes cruel, mais il révèle une vérité fondamentale : l’humain est fragile et éphémère dans un univers vaste et mystérieux. Notre existence individuelle est strictement insignifiante à l’échelle cosmique. Cependant, c’est précisément cette fragilité qui pourrait donner une valeur particulière, relative certes, à chaque instant de notre vie, à chaque relation que nous entretenons, à chaque choix que nous faisons.
En effet, bien que la notion de sens absolu puisse nous échapper, cela ne signifie pas que notre existence est nécessairement condamnée à être dénuée de valeurs ou d’objectifs. Puisqu’on vit, autant en faire quelque chose. C’est dans notre capacité à donner un sens à nos vies individuelles et collectives que réside notre seul véritable espoir de pouvoir. Un acte de compassion, un moment de connexion authentique avec un autre être humain ou animal, un effort pour améliorer le monde qui nous entoure contribuent à tisser le tissu même de la réalité. Nous sommes condamnés à être des architectes de notre propre destinée, des créateurs de sens dans un univers en perpétuelle évolution et auquel nous ne comprenons presque rien.
Ainsi, alors que nous naviguons dans les eaux tumultueuses de l’existence, nous sommes appelés à embrasser notre rôle en tant qu’agents de sens et de transformation. C’est notre seule voie de salut. En reconnaissant à la fois notre vulnérabilité et notre potentiel limité, nous pouvons embrasser pleinement la richesse et la diversité de l’expérience humaine. Et dans cette danse éternelle entre l’ombre et la lumière, entre le doute et la certitude, que nous pourrions trouver finalement la véritable essence de ce que signifie être humain.
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