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Dernières Infos - Conflit

Les étudiants pro-palestiniens sommés d'évacuer leur campement à l'université de Columbia

Un campement d'étudiants pro-palestiniens devant l'université de Columbia, le 28 avril 2024. REUTERS/Caitlin Ochs/File Photo

La tension est montée d'un cran lundi à l'université de Columbia à New York, épicentre des manifestations pro-palestiniennes qui secouent de nombreux campus aux Etats-Unis, l'administration menaçant les étudiants de sanctions s'ils ne se dispersaient pas.

Minouche Shafik, la présidente de l'établissement - l'un des plus prestigieux du pays - a exhorté dans un communiqué les étudiants à quitter leur campement après l'échec de négociations. Dans un document distribué aux manifestants, intitulé « Avis au campement », l'université exige qu'ils évacuent les lieux à 14H00 (18H00 GMT). Sinon, « vous serez suspendus dans l'attente d'une enquête », selon le texte. Des étudiants ont aussitôt appelé à un rassemblement à midi pour « protéger le campement ». En milieu de journée, à l'entrée du campus, les étudiants pouvaient aller et venir normalement. Seuls ceux munis de leur carte d'étudiant pouvaient accéder à l'université, selon une journaliste de l'AFP.

Pour Joseph Howley, professeur à Columbia, le communiqué de l'université équivaut à « céder aux pressions politiques externes ». La direction de l'établissement choisit, estime-t-il auprès de l'AFP, de partir du « postulat selon lequel la simple présence d'un discours politique au nom de la Palestine est une menace pour les juifs comme moi », ce qui est « absurde et dangereux ».

Cela fait une dizaine de jours qu'une vague de protestation s'étend dans les universités américaines. Le mouvement est parti de Columbia où une centaine d'étudiants pro-palestiniens, qui avaient lancé une occupation des pelouses du campus pour réclamer la fin de la guerre à Gaza, ont été interpellés le 18 avril. Depuis, des centaines de personnes - étudiants, enseignants et militants - ont été brièvement interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités à travers le pays. Les images de policiers anti-émeutes intervernant sur les campus, après avoir été appelés à la rescousse par les dirigeants d'universités, ont fait le tour du monde, rappelant des événements similaires aux Etats-Unis lors de la guerre du Vietnam.

Débat tendu 

Les manifestations ont ravivé le débat, déjà tendu voire violent depuis l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, sur la liberté d'expression, l'antisionisme, et ce qui constitue de l'antisémitisme.

De nombreuses universités américaines se sont retrouvées au coeur de l'actualité avec le conflit à Gaza, et deux présidentes d'universités, dont celle de Harvard, ont dû démissionner il y a quelques mois après avoir été accusées de ne pas faire assez contre l'antisémitisme. D'un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer un discours politique, de l'autre plusieurs personnalités, dont des élus du Congrès, affirment que les militants attisent l'antisémitisme. « Nombre de nos étudiants juifs, et d'autres, ressentent ces dernières semaines une ambiance intolérable. Beaucoup ont quitté le campus et c'est une tragédie », a dit dans son communiqué la présidente de Columbia. Minouche Shafik a en outre affirmé que l'université ne se désengagerait pas de ses investissements en Israël, ce que réclament également les protestataires. Mais Columbia « a proposé d'investir dans la santé et l'éducation à Gaza », a-t-elle dit.

L'élue républicaine trumpiste Elise Stefanik, qui avait mené la charge contre les deux présidentes d'université ayant démissionné, a jugé « absolument honteux » le communiqué de Mme Shafik. « Il n'y est pas fait une fois mention de la protection des étudiants juifs contre l'antisémitisme qui fait rage à Columbia », a-t-elle écrit sur X. Dimanche, la Maison Blanche a appelé les manifestations de soutien à Gaza à rester « pacifiques ». « Nous respectons bien évidemment le droit à des manifestations pacifiques », a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby. « Mais nous condamnons entièrement les propos antisémites que nous avons pu entendre ces derniers temps et (...) tous les discours de haine et menaces de violence qui circulent », a-t-il poursuivi.

Au cours du week-end, 100 personnes ont été interpellées sur le campus d'une université à Boston, et leur campement a été démantelé, 80 dans une université du Missouri, 72 sur un campus de l'Arizona, et 23 autres à l'université de l'Indiana.

La tension est montée d'un cran lundi à l'université de Columbia à New York, épicentre des manifestations pro-palestiniennes qui secouent de nombreux campus aux Etats-Unis, l'administration menaçant les étudiants de sanctions s'ils ne se dispersaient pas.Minouche Shafik, la présidente de l'établissement - l'un des plus prestigieux du pays - a exhorté dans un...