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Nos Lecteurs ont la Parole

Où va le Liban ? (faire tomber les masques)

Où va le Liban ? 
(faire tomber les masques)

Photo d’illustration Bigstock

Après avoir imploré Dieu, d’aucuns vont interroger l’intelligence artificielle (chatGPT), qui semble avoir réponse à tout. Où va le Liban ? Que peut-on espérer ?

À naviguer dans les méandres de tous les problèmes du monde, un épais nuage envahit la planète. Les multiples points chauds ne font que s’étendre. Guerre entre la Russie et l’Ukraine, guerre au Tigré

(Éthiopie-Érythrée), les gangs qui dominent Haïti (sans président). En plus, le bouillonnement autour du Liban (Syrie, Gaza, Yémen, Libye, Soudan, Somalie). Plusieurs pays d’Afrique se bousculent et déraillent, en attendant le choc entre la Chine et Taïwan. Où va le monde ?

La faim à Gaza nous rappelle les images des camps d’Auschwitz subis par les juifs. Ne pouvant imposer une trêve ou une levée du blocus, on largue des vivres qui font encore plus de morts et n’arrivent pas à régler les problèmes. Les ruines à Gaza en quelques mois ressemblent au désastre de Hiroshima aplatie en quelques secondes. En réaction, les « opprimés n’ont d’autres armes que le terrorisme » (J-P Sartre). Les terroristes sont imprégnés d’un mal profond avec un univers intérieur caractérisé d’un délire de puissance illimitée. Il y a comme un retour d’un refoulé de façon envahissante. Le monde est déstabilisé par des tiraillements multiples (les faibles contre les forts, les petits contre les grands, ethnie contre ethnie, idéologies en confrontation, religions contre religions, les gens de couleur contre les Blancs, les anciens colonisés contre leurs colonisateurs, les minorités contre les majorités, un wokisme tous azimuts où chacun veut avoir tous les droits et aucun devoir ou concession). Les démocraties sont bousculées et supplantées par des groupes extrémistes ou bien des despotes.

Dans la vie, il y a un grand décalage entre les moyens dont l’individu dispose et ses élans fantasmatiques avec ses rêves ou ses convictions. Ne pouvant tout réaliser, il fait éclater la haine, la rage et les révoltes et tous les élans agressifs et guerriers. Il y a comme l’envie d’un toujours plus. C’est le désir, la pulsion dynamisante qui favorise les actions. L’humain vit un manque à être, essayant de capter une jouissance qui reste souvent impossible. Que font les dites « grandes puissances » ? Ou bien calmer le jeu ou bien attiser la flamme. Le monde baigne dans le sang, la haine, la colère et une agressivité dormante qui va entraîner une réfraction des conflits sur toute la planète. De nos émotions intimes à nos rapports interindividuels, les frictions sont multiples, alimentées par les échanges numériques et les plateformes sociales sans aucun contrôle. Toutes les guerres deviennent un spectacle permanent sur les médias avec leur cortège de ruine, de misère et de morts vécues en « live ». En fait, le monde manque de régulation. Notre civilisation a vécu un temps de paix qu’on a appelé le temps de la guerre froide (malgré la guerre du Vietnam et du Cambodge). Nous sommes actuellement dans une situation d’embrasements avec des foyers multiples qui est une tragédie existentielle. Les Libanais bernés d’illusions espèrent un renouveau, un nouveau Liban qui ressemblerait au Liban d’avant. Mais disons qu’une espérance déçue entraîne une profonde déception allant jusqu’au suicide. Si la vie ne correspond pas à nos espoirs, c’est que nos espoirs se sont trompés. Entre le Liban d’hier et celui d’aujourd’hui, où va le Liban ? Un pays est une mouvance, une dynamique qui évolue au gré des responsables, de leur idéologie, de leurs convictions, leur politique de gouvernance et en définitive leur personnalité. Au Liban, c’est la déviance des responsables qui domine la marche du pays. L’intérêt général, le bien-être social, les grands principes, le respect des lois sont ignorés. Le Liban est embarqué sans le vouloir dans une aventure guerrière aux conséquences imprévisibles, mais sûrement déstabilisatrices, faut-il le rappeler encore. Que reste-t-il du Liban où tout le tissu social est en déroute, tout le réseau étatique se disloque, un gouvernement en faillite par manque de moyens et de cohésion, mais surtout par un surplus de corruption. Les Libanais sont dans la nostalgie d’un passé florissant, insouciant, agréable à vivre. Ils sont dans l’idée d’un « c’était mieux avant ». En fait, ils doivent se réveiller et prendre conscience qu’avec cette équipe politique, rien ne pourra aller vers le bien. Il faut démasquer les incapables et les corrompus qui continuent à tromper le peuple. Le Liban devient un parc pour personnes âgées et d’autres personnes plus démunies, dominées par les rentiers de la peur, les va-t-en-guerre.

Le Liban est exclu de toute vision de relève.

Le Liban est exclu de tout projet d’avenir.

Le Liban est exclu de tout projet d’État.

Le Liban est exclu d’un projet rassembleur.

Le Liban est exclu d’un projet industriel.

Le Liban est exclu d’un projet de redressement et de développement.

Où va le Liban ? Dans la lutte entre le possible et le souhaitable, le Liban se disloque. Le pays est déstabilisé par les vents extérieurs venant des grandes puissances (pour parquer les déplacés palestiniens et syriens au Liban) et par les attaques meurtrières d’Israël. À l’intérieur, le pays est déstabilisé par la haine entre des responsables sanguinaires et incapables d’un dialogue constructif pour endiguer les courants extérieurs. Il y a un déficit dans le champ rationnel pour tenter de calmer les dérives passionnelles. Qui peut éviter au Liban le sort infligé par le passé à Hiroshima, à Dresde, à Hanoï, à Guernica, à l’expérience de 2006 et actuellement, le sort de Gaza ?

Face au choc des volontés, une rationalité doit s’imposer à tous par des responsables qui cultivent le sens de l’altérité et de l’humanité. Le Liban est une nation, un héritage d’échecs et de réussites et un rêve pour tous. Il est possible d’instaurer au Liban la stabilité et la sécurité. Les Libanais doivent se battre et lutter au lieu de subir et de se lamenter. Il y a moyen de rétablir une gouvernance démocratique en associant tous les courants politiques. Un plan global piloté par une équipe cohérente favorable au dialogue honnête et la réconciliation. Un soutien international de coopération technique et logistique. « Souvent, les dieux accomplissent ce qu’on n’attendait pas. Ce qu’on attendait demeure inachevé. À l’inattendu les dieux livrent passage » (Euripide). Cela évitera au Liban d’être le « remords du monde » (Charles Hélou).

Adel AKL

Psychiatre, psychanalyste

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Après avoir imploré Dieu, d’aucuns vont interroger l’intelligence artificielle (chatGPT), qui semble avoir réponse à tout. Où va le Liban ? Que peut-on espérer ?À naviguer dans les méandres de tous les problèmes du monde, un épais nuage envahit la planète. Les multiples points chauds ne font que s’étendre. Guerre entre la Russie et l’Ukraine, guerre au Tigré...

commentaires (1)

Très intéressant et très beau tant que les chrétiens si disputeront il n’y aura pas le beau Liban

Eleni Caridopoulou

17 h 41, le 27 mars 2024

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Commentaires (1)

  • Très intéressant et très beau tant que les chrétiens si disputeront il n’y aura pas le beau Liban

    Eleni Caridopoulou

    17 h 41, le 27 mars 2024

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