Pour le Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL), « les mesures prises par le gouvernement et le Parlement depuis le début de la crise ont soigneusement évité d’en résoudre les causes profondes et favorisé le développement de l’économie informelle au Liban, au détriment des entrepreneurs qui respectent la loi ».
Tel est le message adressé mardi par le président du RDCL Nicolas Boukather que nous avons contacté après une réunion avec des journalistes économiques organisée dans ses locaux au centre-ville de Beyrouth. « L’État s’est contenté de rafistolages, à l’image des mesures fiscales adoptées dans le budget de 2024, et a remis aux calendes grecques les réformes de fonds attendues pour restructurer et relancer le secteur bancaire qui sont indispensables pour financer l’économie de manière efficace », explique-t-il.
Coûts en hausse
« La conséquence, c’est que les coûts des entreprises qui travaillent dans les règles explosent, ce qui amenuise d’autant leur compétitivité par rapport à leurs concurrents à l’étranger et favorise les acteurs locaux de l’économie informelle », poursuit Nicolas Boukather.
Le RDCL estime aussi que la taille de l’économie informelle a dramatiquement augmenté depuis le début de la crise qui a éclaté il y a plus de 4 ans. Alors que l’Administration centrale des statistiques (ACS) estimait traditionnellement que sa part atteignait 30 % du PIB, ce qui était encore le cas en 2020, l’association estime qu’elle pourrait bien avoir atteint la barre des 70 %. Un chiffre extrapolé à partir d’estimations que le RDCL a pu obtenir auprès des ministères concernés et qui ont notamment dévoilé que plus de 65 % de propriétaires de générateur privé ne s’acquittent pas de la TVA.
En 2022, l’ACS avait publié une étude basée sur des résultats de sondages réalisés entre décembre 2021 et janvier 2022 dans laquelle il ressortait que pas moins de 62,4 % des habitants travaillent de façon informelle (sans être enregistrés à la Caisse nationale de Sécurité sociale).
Après avoir laissé le secteur bancaire imposer illégalement des restrictions sur l’accès des déposants à leurs fonds en livres, fait défaut sur les obligations en dollars émises par le pays sans négocier avec les créanciers et laissé la livre libanaise s’effondrer, les autorités libanaises n’ont toujours pas réalisé de progrès sur le plan des réformes demandées par le Fonds monétaire international, ainsi que les pays et les organisations qui le soutiennent.
Dernier exemple en date. Le gouvernement sortant semble avoir complètement abandonné l’idée d’examiner le projet de loi devant organiser la restructuration du secteur bancaire et la répartition des pertes financières du pays, malgré un timide tentative de le remettre sur l’ordre du jour du Conseil des ministres en février dernier. Une réticence qui trouve sa source dans le fait qu’une partie des grands déposants ne souhaitent pas concéder de pertes sur leurs fonds en cas de restructuration, que des dirigeants de banque ne veulent pas être contraints à déposer le bilan et que des responsables politiques ont des intérêts alignés. Une des pistes les plus souvent évoquées par les détracteurs d’un accord avec FMI, qui compte notamment dans ses rangs l’Association des banques du Liban, pousse depuis le début de la crise vers une solution consistant à privatiser ou à vendre les actifs de l’État.
Le role du soi-disant etat, depuis bientot 5 ans, est de favoriser une economie de cash qui permet le blanchiment de l'argent de la corruption et du vol organise.
19 h 29, le 27 mars 2024