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Campus - FÉMINISME

Sarah Ibrahim appelle les femmes à assumer leur féminité et à revendiquer leurs droits

Élue présidente du club féministe de l’Université Saint-Joseph en début d’année, l’étudiante en droit, souhaite aider les jeunes femmes à se reconnaître à leur juste valeur, pour qu’elles puissent occuper la place qu’elles méritent à l’université.

Sarah Ibrahim appelle les femmes à assumer leur féminité et à revendiquer leurs droits

Sarah Ibrahim. Photo DR


« Ce n’était pas facile pour moi, ma première année à l’université. On ne me prenait pas au sérieux parce que j’étais une jeune fille », se remémore Sarah Ibrahim, aujourd’hui 20 ans. Pour cette jeune étudiante qui reconnaît avoir eu des difficultés d’intégration à sa première rentrée, ce qui lui tient le plus à cœur, désormais, c’est d’aider les femmes à sentir qu’elles appartiennent à la communauté universitaire, en les informant sur leur valeur et leurs droits. « Je veux qu’elles sachent qu’elles ont les mêmes capacités et la même valeur que les hommes, qu’elles méritent le même respect et qu’elles possèdent un rôle intégral dans la société », assure-t-elle, exprimant le souhait que le club féministe soutienne les étudiantes de la même manière qu’il l’a accueillie lorsqu’elle avait 18 ans. C’est en effet dans ce club qu’elle s’était épanouie, en devenant rapidement membre. Elle y assiste alors aux sessions sur les droits des femmes ou à leur rôle dans la vie politique. « Le club sensibilisait sur des sujets qui, pour moi, étaient évidents, mais dont je ne connaissais pas l’application pratique. À travers ces séances, j’ai acquis des informations tangibles et j’ai compris que mes principes sont soutenus par des lois qui me permettraient d’exercer mes droits », affirme-t-elle. En parallèle, c’est sur le campus qu’elle fait la connaissance de professeures qu’elle admire et qui incarnent le modèle de femmes auquel elle aspire. « Ce sont des femmes puissantes, bien cultivées, qui détiennent un pouvoir intellectuel », note Sarah Ibrahim. Des figures qui se démarquent de la mentalité qui règne dans le pays. « J’ai toujours été entourée par des personnes conservatrices qui n’acceptaient pas qu’une fille puisse s’imposer ou exprimer ses opinions, à défaut d’être traitée d’insolente », avoue-t-elle. Au lieu de calmer son ardeur pour se conformer à cette image sociétale de la jeune fille modèle, cette étudiante en droit a persisté dans son engagement. Sarah Ibrahim devient ainsi vice-présidente du club féministe dès sa deuxième année universitaire, avant d’en être élue présidente un an plus tard. S’étant forgé un chemin, elle vit ses convictions féministes sans aucune concession.Cette personnalité déterminée, elle la doit en grande partie à sa mère. « Spécialisée en littérature française, elle nous lisait, lorsqu’on était petit, des poèmes avant de dormir, sur la force et la beauté des femmes », se souvient-elle. Sa mère l’incitait souvent à se libérer des stéréotypes et des jugements. « Il a toujours été facile pour les hommes de mener la vie qui leur plaisait parce que tout est plus facile pour eux, leurs droits sont acquis, ils n’ont pas à s’inquiéter de se faire entendre. Dans ce contexte, ma mère me disait, enfant, d’oser m’exprimer, de ne pas avoir peur de dire tout haut ce que je pensais tout bas, même si cela devait rencontrer l’opposition de certaines personnes. Et c’est là que résiderait ma force. » Ainsi, à l’école, lors des débats, elle participait à des sujets controversés et défendait hardiment le droit des minorités, sans s’inquiéter des jugements des autres. « C’est devenu une partie de moi-même, que de m’exprimer en toute franchise », assure Sarah Ibrahim.

L’urgence de dire halte au harcèlement sexuel

Pour la présidente du club féministe, il était ainsi tout naturel de réfuter les stéréotypes véhiculés par la mentalité patriarcale, telle celle qui dicte aux femmes, « une fois le diplôme en main, de se marier, rester à la maison et élever leurs enfants ». Une autre idée préconçue révolte encore plus la jeune femme. « À l’école, des jeunes filles se confiaient sur le harcèlement ou le sexisme dont elles ont été victimes, sans s’avouer que c’en était un ou en acceptant les faits prétextant que c’est la mentalité du pays que l’on ne peut pas contester », se rappelle-t-elle, refusant d’un bloc cette perception. « Je me sens secouée lorsque certains prétendent que telle femme est la cause de son propre malheur, à cause de sa façon de s’habiller ou de ce qu’elle a écrit sur les réseaux sociaux », poursuit-elle. Comme elle n’a pas été élevée de la sorte, une fois en société, elle s’aperçoit que tout n’est pas comme elle se l’était imaginé. « Je me suis rendu compte que non, je ne pouvais pas me comporter comme je suis habituée à le faire, ni marcher dans la rue le soir sans m’inquiéter, parce que je suis une femme. » Les vannes lancées par un homme à une jeune inconnue « sont normalisées, mais ça doit arrêter de l’être. On ne doit pas non plus taire la sexualisation et l’objectivisation de la femme », continue Sarah Ibrahim. Dans le cadre de ses activités menées à l’intérieur et à l’extérieur du campus, de même que sur ses réseaux sociaux et son groupe WhatsApp, il est ainsi primordial pour cette jeune féministe que le club qu’elle préside « sensibilise sur les moyens pratiques permettant aux femmes d’exercer leurs droits, d’une part, et, d’une autre part, expose les problèmes rencontrés par les Libanaises et les solutions pour les surmonter ». Lors de la nuit des clubs de l’USJ, le 8 mars au campus de l’innovation et du sport, et à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le club féministe a présenté un projet de distributeurs de serviettes hygiéniques, à installer dans les toilettes de l’université, disponibles contre un prix symbolique ou gratuitement. De même, le club a proposé d’accrocher des citations sur la positivité corporelle et l’empowerment des femmes. « Mon but est qu’on se sente confortable d’être femme, de s’accepter telle qu’on est, ne pas s’évaluer en se basant sur la construction sociale ou sur les standards de beauté qui changent continuellement. Il est aussi important que les femmes ne se sentent pas en compétition à cause de ce genre de pression sociale », souligne Sarah Ibrahim. Car, pour elle, « les femmes ne doivent jamais changer pour plaire aux autres. Elles doivent exister et s’imposer en tant que femmes, sans douter de leur féminité ».

« Ce n’était pas facile pour moi, ma première année à l’université. On ne me prenait pas au sérieux parce que j’étais une jeune fille », se remémore Sarah Ibrahim, aujourd’hui 20 ans. Pour cette jeune étudiante qui reconnaît avoir eu des difficultés d’intégration à sa première rentrée, ce qui lui tient le plus à cœur, désormais, c’est d’aider les femmes...

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