
Oliviers millénaires et éternels. Photo tirée du site officiel du village de Bchaalé
C'est ce que révèle le New York Times dans son édition du 9 mars, dans un article intitulé, « These May Be the Oldest Olive Trees in the World » (ce sont probablement les plus vieux oliviers du monde) ». Le quotidien américain se réfèrait ainsi aux oliviers légendaires du village libanais de Bchaalé, dans la région de Batroun au Liban-Nord, dont les arbres ont battu, selon les chercheurs, tous les records de longévité.
L’article précise : « L’un d’entre eux, un géant dont le diamètre mesure environ 7 mètres, a plus de 1100 ans. Il s’agit du plus vieil olivier du monde, comme rapporté le mois dernier dans la revue Dendrochronologia. ». Le prestigieux journal newyorkais en fait le tour pour mettre en relief ce phénomène, d’autant plus que les oliviers sont généralement « sous-étudiés », comme le souligne J. Julio Camarero, spécialiste d’andrologie à l'Institut pyrénéen d'écologie de Saragosse, en Espagne, qui a dirigé une étude des arbres de Bchaalé : « Déterminer scientifiquement l'âge des oliviers est un défi, car ces arbres manquent souvent d’anneaux de croissance réguliers. De plus, les anneaux ne sont pas faciles à discerner ».
En 2019, Jean Stéphan, expert écologiste et professeur assistant à l’Université libanaise, a déclaré à L’Orient-Le Jour que « les oliviers de Bchaalé sont les arbres les plus vieux jamais étudiés au Liban ». Selon une étude financée l’année précédente par l’USAid, en collaboration avec l'Université américaine de Beyrouth (AUB) et en partenariat avec l’Université d’Arizona, deux des oliviers qui y ont été étudiés ont 1700 ans ! D’autres sont plus jeunes de quelques centaines d’années, entre 1200 et 1300 ans.
L’âge de Noé
La curiosité scientifique des experts en la matière œuvrant dans de célèbres centres de recherche, on apprend ainsi qu’en 2018, plusieurs collègues du Dr. Camarero s’étaient rendus à Bchaalé, située à 1250 mètres d'altitude, au nord de Beyrouth. Au lieu d'effectuer des prélèvements d’échantillons de bois sur les oliviers, exercice délicat, l’équipe avait décidé d'utiliser le procédé de datation au carbone 14 pour évaluer l’ancienneté de l’arbre, alors qu’outre-Atlantique le Laboratory of Tree-Ring Research de l’Université d’Arizona avait travaillé sur les extraits de bois.
Toujours au pays de l’Oncle Sam, Peter M. Brown, directeur du Rocky Mountain Tree-Ring Research, qui n'avait pas participé à la nouvelle étude, y est allé de son avis : « Il est indéniable que personne n'a prêté beaucoup d'attention aux olives en raison de l’extrême difficulté de faire des recherches sur les anneaux des arbres ». Mais quel que soit leur âge réel, les oliviers sont des trésors vivants pour les habitants. Lesquels en prennent soin comme de la prunelle de leurs yeux, pour préserver cet héritage inestimable.
Paul Bou Mansour, membre de la municipalité de Bchaalé chargé de la communication, affirme pour sa part à L’Orient-Le Jour : « La croyance de nos anciens perdure toujours. Ici, nous faisons abstraction des calculs scientifiques et nous sommes convaincus que nos oliviers ont 6000 ans. C’est-à-dire qu’ils remontent au temps de Noé et de son arche. Car la branche d’olivier sèche que lui avait apporté la colombe pour signaler la fin du déluge provenait de chez nous ». Ce qui n’a pas empêché, les habitants d’avoir « relooké » et réexploité leurs richesses naturelles autour de la production de leur huile.
Un olivier au diamètre spectaculaire. Photo tirée du site officiel du village de Bchaalé
Le village transformé en Écomusée
M. Bou Mansour précise que cette huile est si prisée qu’elle a fait l’objet d’une vente aux enchères en ligne, très populaire parmi les pays arabes. De plus, ce qui est appelé dans ce village « Les oliviers de Noé » a donné lieu à un tourisme écologique de pointe avec notamment un Trail baptisé The Olive Tree Routes.
Récemment, un Écomusée de la Culture de l'Olivier a vu le jour, fruit d'une collaboration entre le ministère libanais de la Culture et la Commission Nationale Libanaise de l'UNESCO, l’objectif étant de transformer tout le village en un musée de la culture de l'olivier. Cette initiative comprend une visite du village avec différentes stations de mise en valeur de l’aspect matériel et immatériel lié aux us et coutumes de la culture de l'olivier : Modes de vie toujours pratiqués, extraction de l'huile d'olive, plantation et cueillette des olives, légendes et chants.
« Le chemin des oliviers était le plus beau sur terre ...», avait magnifiquement chanté Yves Montand. Ô combien il a raison...
Est-ce que ce sont les mêmes oliviers autour desquels l’architecte libanaise Hala Wardé avait réalisé une installation, avec également des œuvres d’Etel Adnan, à la biennale d’architecture à Venise il y a 2 ans ? Si c’était le cas comme je le pense, il est dommage de ne pas l’avoir mentionné dans l’article.
11 h 46, le 19 mars 2024