Le nouvel accord du Caire

« Le Hamas a revendiqué des tirs de roquettes depuis le Liban-Sud, pour la première fois depuis novembre » (l’OLJ).

Le Hamas a plutôt revendiqué des tirs de roquettes depuis le « Hezbollah-Hamas Land », après le feu « Fatah Land », et non depuis le Liban-Sud, et pour la première fois depuis novembre 2023 qui nous renvoie à novembre 1969, date de la signature de l’accord du Caire qui avait apporté la calamité sur notre terre, lequel vient d’être à nouveau (symboliquement) ratifié après avoir été abrogé par le président Amine Gemayel en juin 1987.

Le nouvel accord du Caire a été « signé », cette fois, entre Hassan Nasrallah et Ismail Haniyeh, en l’absence du commandant en chef de l’armée et pendant la vacance de la présidence libanaise. Contrairement à l’entente de 1969, le nouvel accord a été conclu non pas en secret, mais ouvertement, effrontément, dans le mépris absolu de l’État libanais, de son gouvernement fantoche et d’une opposition toute croche.

En effet, force est d’admettre que ledit accord est aujourd’hui ressuscité, ainsi que son contexte mortifère. Il n’y a qu’à remplacer OLP par Hamas qui opère hors des camps palestiniens comme bon lui semble, au vu et au su de la grande muette et impuissante.

La présence armée palestinienne hamasienne et jihadiste est de ce fait autorisée de facto, sous la houlette de l’omniprésence divine iranienne qui constitue la nouvelle légalité sous la nouvelle République islamique.

Et les armes, de tous calibres, prolifèrent, ainsi que les guérilleros de tout acabit et de tout poil. L’ancien Liban-Sud est redevenu une poudrière, une rampe de lancement de roquettes et de missiles et le réceptacle sanglant des bombardements aériens quotidiens dans la perspective apocalyptique d’une invasion sioniste extraterrestre.

Et tout cela en conséquence d’un « front de soutien » – inutile – à une Gaza rasée, d’un front qui est un « affront » à notre souveraineté et une occasion de rendre notre terre à nouveau convoitable, envisageable comme « patrie de remplacement », à présent que les Territoires d’à côté sont plus occupés que jamais par l’effet d’un déluge extrême qui a appelé un contre-déluge dévastateur.

Oui, pleurons pour la Palestine, mais pleurons aussi pour le Liban qui est en train de se « palestiner », de voir ses territoires aujourd’hui occupés par des milices pro-iraniennes et palestiniennes.

Pleurons pour notre république confisquée, notre armée bâillonnée, nos institutions délabrées, notre présidence vacante et notre gouvernement vacataire.

Pleurons pour notre Assemblée multinationale, nos parlementaires sectaires.

Pleurons pour notre opposition écartelée par ses opposants en course pour la « pole position ».

Pleurons pour notre peuple trop las pour se soulever, trop occupé à survivre économiquement plutôt qu’à faire revivre la flamme de sa révolution du 17 octobre 2019.

Pleurons pour nos valeurs aussi dévalorisées que notre monnaie nationale.

Pleurons pour notre culture de vie engloutie par la culture de mort, pour notre vivre-ensemble transformé en mourir-ensemble par la main (ou l’index) d’enturbannés qui vivent et nous font survivre dans un état de guerre perpétuelle jusqu’à la chute utopique du Grand Satan et de son protégé satanique.

Pleurons la destruction de notre temple national ! Bientôt nous aurons un support pour le faire : notre propre mur des lamentations.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.