Un rapport de la Finul confirme qu’il n’y avait pas d’échanges de tir au moment de la frappe israélienne

C'est bien un char israélien qui a tué le reporter de Reuters Issam Abdallah au Liban-Sud le 13 octobre 2023, et blessé plusieurs autres, en tirant deux obus de 120 mm sur un groupe de « journalistes clairement identifiables », en violation du droit international, confirme à son tour une enquête de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dont le rapport a été consulté par Reuters.

Le principal apport de ce nouveau rapport de la Finul apparaît dans le constat suivant : « Il n'y avait pas eu d'échanges de tirs recensés par la Finul de part et d'autre de la Ligne bleue durant 40 minutes avant et après que la Merkava n’ait fait feu sur le groupe de journalistes ». Le texte en conclut que « la raison des frappes sur les journalistes n'est pas connue ».

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Ce rapport souligne clairement que « le fait de tirer sur des civils, en l'occurrence des journalistes clairement identifiables, constitue une violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU et du droit international ». En vertu de la résolution 1701, adoptée en 2006 pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah, les forces de maintien de la paix de l'ONU ont été déployées pour surveiller un cessez-le-feu le long de la ligne de démarcation de 120 kilomètres entre Israël et le Liban.

Le 13 octobre 2023, alors que les hostilités entre le Hezbollah et Israël avaient débuté depuis le 8 octobre, un groupe de journalistes avait été ciblé au Liban Sud. Issam Abdallah, photoreporter de Reuters de 37 ans, avait été tué sur le coup. Les autres blessés étaient les journalistes de Reuters Thaer Al-Sudani et Maher Nazeh, Carmen Joukhadar, reporter d'al-Jazeera, Elie Brakhya, caméraman d'al-Jazeera, Christina Assi, photographe pour l'AFP qui est restée hospitalisée jusqu’à très récemment, et Dylan Collins, journaliste vidéo pour l'AFP. La mort d’Issam Abdallah avait instantanément provoqué un vif émoi, d’autant plus que les témoignages de ses confrères blessés avaient convergé sur le fait qu’il n’y avait pas de combats au moment de leur présence dans le village d’Alma el-Chaab, pour couvrir le conflit naissant. L’enquête de la Finul vient aujourd’hui corroborer leurs propos.

L’armée israélienne « ne tire pas délibérément » sur les journalistes

L'armée israélienne « devrait mener une enquête sur l'incident et procéder à un examen complet de ses procédures de l'époque, afin d'éviter que (le ciblage de journalistes) ne se reproduise », poursuit le texte. Il ajoute que l’armée israélienne « devrait partager les conclusions de son enquête avec la Finul ».

Interrogé par Reuters sur le rapport de la Finul, le porte-parole de l’armée israélienne, Nir Dinar, a soutenu que le Hezbollah avait attaqué les militaires israéliens près de la localité de Hanita en ce 13 octobre. L'armée a donc, selon lui, « répondu par des tirs d'artillerie et de chars afin d'écarter la menace et a reçu par la suite un rapport faisant état de journalistes blessés ».

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« L'armée israélienne déplore toute blessure infligée à des parties non impliquées et ne tire pas délibérément sur des civils, y compris des journalistes », a déclaré M. Dinar. « L'armée considère que la liberté de la presse est de la plus haute importance », a-t-il ajouté, tout en précisant qu'il est dangereux de se trouver dans une zone de guerre.

Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), au moins 95 journalistes auraient trouvé la mort à Gaza durant la guerre israélienne sur la bande déclenchée par l’opération du Déluge d’al Aqsa par le Hamas le 7 octobre 2023, un bilan particulièrement lourd. Par ailleurs au Liban-Sud, deux autres journalistes ont été tués le 22 novembre 2023, les correspondants de la chaîne al-Mayadeen, Farah Omar (25 ans) et le cameraman Rabih Maamari (39 ans), et une troisième personne, leur accompagnateur Hussein Akil, près de Tayr Harfa. La direction d’al-Mayadeen avait accusé les forces israéliennes de les « avoir pris délibérément pour cible ».

Le rapport de la Finul souligne également la responsabilité de l’armée libanaise dans le maintien de la paix au Liban-Sud. « L’armée libanaise doit prendre les mesures nécessaires pour s'assurer qu'il n'y a pas de personnel armé, de biens ou d'armes autres que ceux du gouvernement libanais et de la Finul entre la Ligne bleue et le fleuve Litani », souligne le rapport. L’armée libanaise devrait également « prendre des mesures appropriées pour assurer la supervision de l'accès à la Ligne bleue ».