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Moyen-Orient - Décryptage

Ce qu’il faut retenir de l’entretien de Netanyahu à Politico

Dans une interview à Politico, le Premier ministre israélien a répondu aux critiques émises par l’administration américaine à l’égard de son gouvernement. Retour sur ses déclarations.

Ce qu’il faut retenir de l’entretien de Netanyahu à Politico

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’une conférence avec les présidents des principales organisations juives américaines à Jérusalem, le 18 février 2024. Ronen Zvulun/Reuters

Offensive à Rafah : « Nous irons là-bas. Nous n’allons pas les laisser. Vous savez, c’est une ligne rouge. Et vous savez laquelle ? Que le 7 octobre ne se reproduise pas. Jamais plus. »

Alors que de nombreux pays alliés de l’État hébreu et des organisations internationales ont averti sur les conséquences désastreuses d’une potentielle incursion militaire dans la ville frontalière avec l’Égypte, qui abrite plus d’un million et demi de déplacés, les déclarations du dirigeant israélien sont en réalité adressées au président américain. « Contrairement à l’impression publique qu’ils tentent de créer, les officiers de l’armée israélienne ne sont pas désireux d’entrer à Rafah et le gouvernement n’est pas non plus pressé de le faire », a écrit dimanche le Haaretz. Mais Joe Biden avait confié de manière inédite la veille à MSNBC qu’une offensive terrestre dans Rafah était une « ligne rouge » pour Washington, sans esquisser les conséquences d’un franchissement de cette limite.

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Le locataire de la Maison-Blanche a néanmoins précisé que la défense d’Israël était un enjeu stratégique et qu’aucune ligne rouge ne le ferait suspendre les livraisons d’armes à destination du système de défense du Dôme de fer. Si, pour forcer la main du gouvernement israélien, les États-Unis pourraient aller jusqu’à imposer des restrictions sur les armes offensives à destination d’Israël – certains élus, dont Bernie Sanders, réclamant même une suspension de l’aide militaire –, Benjamin Netanyahu compte sur le soutien indéfectible de Washington à l’État hébreu, dissocié de son cabinet, pour poursuivre sa campagne militaire encore quelques semaines au moins.

Hamas et durée de la guerre : « Nous avons détruit  les trois quarts des bataillons de combat terroristes du Hamas. Et nous sommes sur le point de terminer la dernière partie de la guerre », a déclaré le Premier ministre israélien, ajoutant que les combats ne « prendront pas plus de deux mois », « peut-être six semaines, ou quatre ».

Benjamin Netanyahu a estimé à 13 000 le nombre de combattants palestiniens tués depuis le 7 octobre, arguant que le ratio de civils tués était de 1 à 1,5 personne par combattant, soit un bilan total de morts entre 26 000 et 32 500. La semaine dernière, Joe Biden avait pour sa part repris les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, tenu par le Hamas, comptabilisant plus de 30 000 morts, en précisant qu’une grande majorité d’entre eux étaient des civils. Alors que Washington soutient l’objectif israélien d’éliminer le mouvement islamiste, la Maison-Blanche a appelé plusieurs fois dès la semaine dernière à un cessez-le-feu pour permettre une trêve de six semaines et la libération d’otages en échange de prisonniers palestiniens.

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Certains analystes ont interprété la décision américaine de construire un port temporaire – qui devrait prendre 60 jours – pour acheminer l’aide humanitaire à Gaza comme un signe que la guerre durerait encore longtemps. Le ministre israélien pour les Affaires de la diaspora, Amichai Chikli, a par ailleurs indiqué à CNN que le corridor « Netzarim », séparant le nord et le sud de la bande de Gaza, sera utilisé au moins pendant un an. Un signal que le conflit pourrait perdurer sous une autre forme après la « dernière partie de la guerre », avec une occupation du Nord et des raids plus ciblés dans le Sud.

Soutien des pays arabes : « Ils comprennent que le Hamas fait partie de l’axe de la terreur iranien », a énoncé le Premier ministre, avançant – sans les mentionner directement – que les pays arabes comprenaient la poursuite de l’assaut contre le Hamas, et « même étaient d’accord avec cela, discrètement ».

Si les partenaires arabes de l’État hébreu se sont retrouvés dans l’embarras après le début de la guerre destructrice d’Israël à Gaza, ils ont parfois haussé le ton avec Tel-Aviv, sans pour autant rompre leurs liens. Issu des Frères musulmans, le Hamas fait en effet partie de « l’axe de la résistance » mené par Téhéran. Et les États de la région tentent au contraire de préparer l’après-guerre en renforçant l’Autorité palestinienne de Ramallah, exclue de Gaza en 2007 après une guerre fratricide avec le Hamas. Utilisé comme carotte par Washington pour influencer Tel-Aviv, Riyad a en outre conditionné une normalisation à la reconnaissance d’un État palestinien, sans préciser par qui elle devrait être faite. « J’ai parlé à la majorité des leaders arabes, de l’Arabie saoudite à l’Égypte, à la Jordanie, ils sont tous prêts à reconnaître pleinement Israël, à commencer à reconstruire la région », a fait miroiter Joe Biden dans son interview à MSNBC samedi

Soutien de la population israélienne : « S’il (Joe Biden) entendait par là que je poursuis des politiques privées contre la majorité, le souhait de la majorité des Israéliens, et que cela nuit aux intérêts d’Israël, il se trompe sur les deux tableaux », a lancé Benjamin Netanyahu en réponse à la déclaration du président américain affirmant que le Premier ministre « nuit plus à Israël qu’il ne l’aide ».

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L’écart se creuse au sein du cabinet de guerre israélien

Depuis son accession au pouvoir fin 2022, Benjamin Netanyahu fait face à une forte opposition populaire concernant la réforme de la justice souhaitée par son gouvernement. Si l’unité nationale avait été invoquée et respectée dans les premiers mois de la guerre, une partie des Israéliens entend de nouveau exprimer son rejet du cabinet le plus à droite de l’histoire du pays, reprenant les manifestations appelant à la démission du gouvernement. Les sondages d’opinion prédisent qu’en cas d’élections immédiates, le parti de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et principal rival du Premier ministre, en sortirait vainqueur. Une menace sur laquelle joue également Washington, la vice-présidente américaine Kamala Harris ayant reçu la semaine dernière le responsable israélien, alors que Benjamin Netanyahu n’a pas encore été invité à la Maison-Blanche depuis son investiture. À une question du journaliste de MSNBC, le président Joe Biden a répondu que oui, il pourrait se rendre de nouveau en Israël pour s’adresser à la Knesset, alors que certains le poussent à se rendre de nouveau dans l’État hébreu. Le chef de l’État a cependant refusé de donner plus de détails.

Solution pour l’après-guerre : « La dernière chose que nous devrions faire une fois que nous détruirons le Hamas est de mettre l’Autorité palestinienne, qui éduque ses enfants au terrorisme et qui le finance, en charge de Gaza. »

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Évoquant le soutien de la population israélienne à ses politiques, le chef de cabinet israélien a fait référence au refus de la création d’un État palestinien. Benjamin Netanyahu s’était par le passé targué d’être le seul à pouvoir empêcher une telle entité de voir le jour en Cisjordanie et à Gaza. Une position allant à rebours des déclarations de ses alliés occidentaux, plaidant pour la solution à deux États comme la seule permettant de sortir de l’impasse politique à long terme. Afin d’écarter toute éventualité en ce sens, le Premier ministre a également rejeté l’option avancée par les Américains et les pays arabes de remettre la gestion de Gaza à une Autorité palestinienne réformée, ajoutant qu’Israël devrait avoir le contrôle sécuritaire total de tous les territoires arabes à l’ouest du Jourdain.

Biden vs Trump : « La dernière chose que je veux faire est d’entrer dans l’arène politique américaine. »

Alors que Benjamin Netanyahu a utilisé son entretien à Politico pour répondre aux récentes attaques personnelles de Joe Biden, le Premier ministre israélien n’a pas souhaité prendre partie dans le duel présidentiel qui s’annonce en novembre entre le président démocrate et Donald Trump. Une manière de garder la porte ouverte au dialogue ? Le geste rappelle en tout cas que le locataire de la Maison-Blanche n’a pas rencontré Benny Gantz lors de son passage à Washington. 

Offensive à Rafah : « Nous irons là-bas. Nous n’allons pas les laisser. Vous savez, c’est une ligne rouge. Et vous savez laquelle ? Que le 7 octobre ne se reproduise pas. Jamais plus. »Alors que de nombreux pays alliés de l’État hébreu et des organisations internationales ont averti sur les conséquences désastreuses d’une potentielle incursion militaire dans la ville frontalière...

commentaires (4)

Saloperie de discussion stérile. On parle de deux etats, mais il faut d’abord reconnaître la Palestine pour former son etat.

Mohamed Melhem

21 h 18, le 12 mars 2024

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Commentaires (4)

  • Saloperie de discussion stérile. On parle de deux etats, mais il faut d’abord reconnaître la Palestine pour former son etat.

    Mohamed Melhem

    21 h 18, le 12 mars 2024

  • Le message est très clair : les gazouis doivent disparaître pour satisfaire les petits accords des pouvoirs cités. Après ils feront de même avec la Cisjordanie, puis le Liban... Je vous rappelle les propos du 1er ministre Invocation de la bible hébraïque nous accomplissons les prophétie d'ésai, décrivant d'étendre la terre Sainte du Nil à l'euphrate. Donc après la Palestine, faut s'attendre à d'autres conquêtes ! Pour les 13 000 combattants palestiniens tués, je ne vois pas où il va chercher ce chiffre : un mensonge pour convenir à leur récit et servir leur plan.

    peacepeiche@gmail.com

    12 h 33, le 12 mars 2024

  • "... Benjamin Netanyahu a estimé à 13 000 le nombre de combattants palestiniens tués depuis le 7 octobre ..." - oui mais pour lui un "combattant palestinien" est tout palestinien mâle agé de 7 à 77 ans...

    Gros Gnon

    10 h 27, le 12 mars 2024

  • Netanyahu était au courant de tout mais il a laissé faire pour massacrer les palestiniens et rester à son poste

    Eleni Caridopoulou

    01 h 14, le 12 mars 2024

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