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Nos Lecteurs ont la Parole

Parler au nom de Dieu !

Dans un monde cauchemardesque où règne la violence, la misère et le cynisme, qui pourra rassurer, aider, sauver ou apaiser l’humanité ! Les groupes humains en manque d’imagination, de rationalité constructive ne savent pas où s’abriter. Mais les mythes, les religions, les enseignements, les philosophies semblent inopérants. La majorité des responsables se réfèrent à Dieu ou prétendent réaliser ses volontés. Ils possèdent la vérité sur tout ce qui se rapporte au Ciel. Les vues rationalistes des choses n’ont pas été efficaces par manque de supports et de compréhension. La planète entière est en émoi actuellement. « Vers l’Orient compliqué, je volais avec des idées simples » (De Gaulle, en 1941).

Mais depuis cette date l’Orient reste compliqué et en ébullition. Que de remous, de tourments et de coups d’État et de régimes militaires. Il s’y ajoute l’implantation d’Israël et la dispersion des palestiniens. Le 7 octobre 2023 éclate à Gaza le Déluge d’al-Aqsa entre le Hamas palestinien et l’État d’Israël. Des politologues, des historiens, des philosophes, des écrivains et journalistes spécialisés pourront nous expliquer les motifs et les dessous des événements. Dans cette flambée meurtrière le monde est en désordre. Les passions extrêmes continuent à creuser le fossé de la haine et de la discorde, à multiplier les morts et la misère, à faire parler le ciel, à faire parler Dieu. Les responsables guerriers tiennent le peuple sous emprise. Ils monopolisent l’interprétation de la bonté divine, et les émotions populaires. C’est un véritable choc des croyances et des convictions. Pour un Dieu unique, clément et miséricordieux, les croyants sont dissemblables. Au nom d’un même Dieu, les responsables vont imprégner le tissu social, politique, culturel de croyances pour justifier leurs agressions. Sur fond religieux vont se greffer des théories socioculturelles, économiques et historiques. Cela va entraîner le choc des intérêts et aboutir à des paranoïas. C’est un théâtre dramatique qui va justifier les violences, les agressions et les tueries entre les peuples. Il y a une poussée pulsionnelle qui va mobiliser l’énergie agressive et meurtrière, qui sommeille en chacun de nous. La bête furieuse qui est en nous va gouverner notre intelligence. Faute d’un échange par le dialogue, c’est le réveil de la haine, des passions destructrices guidées par les soins des responsables.

On est dans une dystopie impossible à vivre. C’est le discours totalitaire, discours unique pour imposer à l’autre sa propre vision du ciel et de la terre. De plus en plus dans le monde ce sont les forces extrémistes les despotes qui mènent les groupes sociaux. Ceci survient sous couvert de démocratie ou par voie démocratique. Notre région subit les chocs par les extrémistes des « hakhams » en Israël, par leurs représentants de l’extrême droite et les radicaux qui gouvernent. D’autre part, les extrémistes des ayatollahs iraniens et leurs affidés et acolytes chiites, et les frères musulmans sunnites réagissent avec la même vigueur. Aux États-Unis les « sionistes-chrétiens » sont de la partie attendant l’arrivée du sauveur après le retour de tous les juifs en Israël. Ils sont les meilleurs soutiens pour élire un Trump populiste extrémiste et imprévisible. En Russie, le président Poutine s’accroche à l’orthodoxie et dénonce les dérives culturelles et sociales de l’Occident. Quant à la Chine, un dragon en papier, c’est l’idéologie du parti qui est érigé en tant que religion. En Inde, le Premier ministre Narendra Modi érige un lieu de culte, le temple Rama voué au dieu Rama, entraînant les hindous contre les musulmans. Ce sont des tyrans fascistes avec leur domination impitoyable qui envahissent le monde. Les régions démocratiques semblent en difficulté, tiraillées par les groupes extrémistes. Le continent africain n’arrive pas à gérer ses richesses et reste sous une emprise tribale et l’exploitation par ses politiques peu rassurants.

Le monde subit les luttes des extrémistes religieux dictatoriaux. « Ce sont des fanatiques qui ne peuvent pas changer d’avis et qui ne veulent pas changer de sujet » (Churchill). Ce sont des groupes dominants qui soutiennent leur folie par le meurtre et la brutalisation par la guerre. Le peuple est pris dans ces affrontements entre croyances extrêmes et des politiques qui cultivent les amalgames politico-religieux. Nous sommes dans une période de multicrises (écolo, politique, sociale, économique). Il y a comme un égoïsme dominant et une disparition des solidarités traditionnelles. L’organisation des Nations unies semble de plus en plus désunie face à un retour du dogmatisme et du fanatisme.

Dans notre région, Israël s’arroge la « licence to kill » jusqu’aux « over killed » en tuant les Palestiniens après l’attaque meurtrière du Hamas du 7 octobre 2023. Le monde entier hésite à qualifier ces tueries (crime contre l’humanité, crime de guerre, épuration ethnique, massacre de civils, génocide…), c’est l’hubris des dirigeants d’Israël avec leurs soutiens qui font glisser le pays d’une prétendue démocratie à une ethnocratie. Les responsables se décivilisent. C’est le sang pour le sang, la mort pour la mort et l’éclosion des pulsions criminelles des dirigeants extrémistes. Mais il faut le dire aussi que dans les deux camps il y a des groupes rationnels capables d’un dialogue apaisé, constructif, pour calmer le peuple et bâtir la paix. Malheureusement le monde est dominé par ceux-là mêmes qui parlent au nom de Dieu et qui profitent de l’adhésion affective des peuples loin de toute rationalité et de toute entente. Or l’enseignement des religions est pour l’entente et l’apaisement.

Dans notre Liban pris dans la tourmente, l’équipe politique a pour adage : à tous les maux il y a deux remèdes, le temps et le silence. Les Libanais subissent comme un exode presque égal à celui des Palestiniens. Beaucoup des politiques jubilent à répandre le poison de l’ignorance, l’indécision, le laisser-faire, pourvu qu’ils restent en place et à bien sécuriser leur progéniture. Si on persiste à être neutre dans une situation d’injustice, c’est qu’on accepte le camp des agresseurs, si la politique est injuste, désobéir est un devoir, Gaza est agressé par une force ennemie de l’extérieur. Au Liban nous subissons le même ennemi de l’extérieur, Israël, mais surtout les « responsables » de l’intérieur qui dépècent le pays en vidant les institutions. Pas de président, pas de gouvernement actif et que dire des parlementaires errants et indécis ! Cette situation de guerre non déclarée est aussi pernicieuse et destructrice pour tout le pays.

L’extrémisme qui envahit le champ idéologique et l’espace vital entraîne fatalement la mort du consensus et du vivre ensemble du Liban. Le Liban se « somalise » ou se « balkanise » par les soins de supposés responsables. Le peuple est en état de servitude, il doit désobéir pour préserver sa dignité. Tous les secteurs de l’État sont en ruine, comment le dire autrement. Le pays est submergé par les Palestiniens et les Syriens sans leur avis. Un vrai remplacement se profile avec la complicité tacite de beaucoup de pays à l’extérieur et le laisser-faire à l’intérieur. C’est une façon d’épuiser le pays pour lui imposer des arrangements qui vont à l’encontre de ses intérêts.

Comment aider à plus de rationalité dans la gouvernance du pays ! Comment arriver à souder les opposants ! Comment les aider à prendre conscience de l’intérêt national ! Comment faire régresser leur égoïsme ! Comment les emmener à respecter le peuple ! Le peuple attend une opposition cohérente respectueuse, et des groupes qui le guident à la désobéissance, au sursaut, au soulèvement, à la révolte salvatrice. Au Liban la déroute doit s’arrêter par une prise de conscience qui va s’élargir, par un élan libérateur, chacun doit s’approprier son destin et respecter une loi qui s’impose à tous. Par un refus du clientélisme en faisant tomber ceux qui abusent du pouvoir, qui sont imprégnés d’une morale perverse et sont tentés par l’aventure du mal. Une grande part de l’enseignement des religions cherche à relever l’humain vers les niveaux de plus de noblesse. Les religions enseignent la paix, la concorde mais les dirigeants exploitent la part agressive des humains. « Dieu n’est pas fanatique mais il fanatise » (Jean Daniel, du Nouvel Observateur). Ce fanatisme est en train de bousculer les démocraties et de favoriser des régimes totalitaires qui asservissent les peuples, aliènent leurs libertés et pervertissent les rapports humains. On arrive à des sociétés serviles et sans dignités. Le peuple libanais continue à subir les troubles psycho-traumatiques comme si c’était une catastrophe collective (bombardements, attentats, tremblement de terre, déportation…). Certains des responsables se font des représentations mentales, une certaine fiction et vont justifier la guerre.

Évitons le désordre des émotions, et renforçons les démocraties, le bien commun pour éviter les populistes et les tyrans. Regarder l’avenir, c’est avoir des vues proches mais pas les mêmes points de vue. C’est l’action d’une opposition organisée avec les nouveaux représentants du peuple qui peut et doit travailler en vue d’une action commune. Une action de chaque jour pour dessiner le chemin de la relève à l’intérieur, une diplomatie active, dynamique, et non attentive à l’extérieur. Le peuple en souffrance attend les libérateurs guidés par l’esprit et le courage. Avec l’aide de Dieu !

Adel AKL

Psychiatre, psychanalyste

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Dans un monde cauchemardesque où règne la violence, la misère et le cynisme, qui pourra rassurer, aider, sauver ou apaiser l’humanité ! Les groupes humains en manque d’imagination, de rationalité constructive ne savent pas où s’abriter. Mais les mythes, les religions, les enseignements, les philosophies semblent inopérants. La majorité des responsables se réfèrent à Dieu ou...

commentaires (1)

Votre article très intéressant pauvre Dieu il en a marre de ce monde et il nous a laissé

Eleni Caridopoulou

12 h 41, le 28 février 2024

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Commentaires (1)

  • Votre article très intéressant pauvre Dieu il en a marre de ce monde et il nous a laissé

    Eleni Caridopoulou

    12 h 41, le 28 février 2024

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