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Moyen-Orient - Conflit

Des colis "pour les poissons" ? Le largage d'aides alimentaires au-dessus de la côte de Gaza fait polémique

Lâcher des colis au-dessus de la mer « n’est pas la manière idéale pour envoyer des aides humanitaires, mais, en ce moment, les besoins sont tellement grands que toute aide est la bienvenue quelle qu’elle soit », selon l'IFRC. 

Des colis

De l’aide humanitaire larguée au-dessus de la bande de Gaza, en coopération avec la France, le 26 février courant. Photo Forces armées jordaniennes /Handout via Reuters

Des aides larguées « directement à la population » de Gaza ou « aux poissons » en Méditerranée au large de l’enclave ? Une opération de l’armée jordanienne, menée conjointement avec la France, visant à lâcher des colis d’aides alimentaires au-dessus de l’enclave palestinienne, fait l’objet d’une polémique sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes dénonçant le fait que ces colis, ou du moins certains d’entre eux, sont tombés dans la mer et qu’il aurait fallu en envoyer dans le nord de ce territoire. 

Selon un communiqué lundi de l’armée jordanienne, les colis envoyés aux Gazaouis comportent des rations préparées à l’avance et à haute valeur nutritive « pour alléger la souffrance des habitants de l’enclave ».

Les internautes ont partagé par centaines des vidéos impressionnantes du largage au-dessus de plages, sur lesquelles on aperçoit des hommes et de jeunes enfants attroupés pour récupérer les colis tombés dans l’eau. « Il y a des biscuits et un verre avec un sachet de café », se réjouit un jeune qui vient d’ouvrir un paquet sous les applaudissements de ses compagnons. Certains enfants scandent le nom de la Jordanie en guise de remerciement. D’autres vidéos montrent une foule se pressant sur la plage avec, au deuxième plan, des avions qui lancent des colis, ou encore des Gazaouis tenant des paquets de rations alimentaires couvrant les repas d’une journée entière avec, notamment, des portions de riz et de poulet.

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Si cette distribution d’aides a été plutôt bien accueillie selon ces vidéos, elle a été critiquée par certains internautes. Commentant le fait que de nombreux colis ont atterri dans l’eau, un utilisateur de la plateforme X a écrit : « Ils les ont jetés pour les poissons. » « J’ai entendu dire que le Hamas a tiré sur les gens qui voulaient récupérer les aides et que certains colis ont coulé », peut-on encore lire sur X.

Pourquoi les colis sont tombés en mer ?

Lâcher des colis au-dessus de la mer « n’est pas la manière idéale pour envoyer des aides humanitaires, mais, en ce moment, les besoins sont tellement grands que toute aide est la bienvenue quelle qu’elle soit », commente pour L’Orient-Le Jour May Sayegh, directrice de la communication de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) pour la région MENA. « Les besoins sont énormes et nous appelons à faire entrer des aides au plus vite à Gaza », ajoute-t-elle.

Selon des informations du général libanais à la retraite Khalil Helou, cette opération « inhabituelle » a été effectuée pour des raisons politiques et sécuritaires : « Les Jordaniens voulaient d’abord larguer des aides au-dessus de l’enclave, mais ils ont préféré le faire au niveau de la mer parce que l’opération a été effectuée sans l’accord des Israéliens. » « Pour lancer des colis, les avions jordaniens devaient voler à basse altitude, et ils ne voulaient pas le faire en territoire hostile (au sein de l’enclave en guerre, NDLR). Ils ont donc choisi la mer, même si ce n’est pas une opération qui s’effectue habituellement de la sorte », explique le général Helou. 

« La loi du plus fort »

La localisation du largage, au niveau du centre de la bande de Gaza, a également fait parler d’elle.

Un youtuber gazaoui, Marah Nashat, qui a filmé et diffusé l’intégralité de la scène, dénonce une opération qui a profité à quelques-uns seulement. Selon lui, certains habitants de la côte auraient mis la main sur la majorité des paquets récupérés. « Malheureusement, des personnes ont saisi les aides (jordaniennes) par la force. Aucun déplacé, notamment du nord de Gaza, n’y a eu accès (...) Ça ne sert à rien de distribuer des aides de cette façon. Je suis désolé de m’exprimer ainsi, mais c’est la réalité que nous vivons. La situation est très difficile, et c’est la loi du plus fort qui l’emporte », poursuit-il.

La journaliste gazaouie Bisan Owda a, elle, appelé sur Instagram à « nourrir les habitants du Nord (...) qui meurent de faim ».

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« La plupart des habitants n’ont rien eu. Nous appelons la Jordanie ainsi que les régimes arabes et islamiques à venir en aide à Gaza, notamment à sa partie nord, en fournissant surtout de la farine pour qu’ils puissent fabriquer du pain, au lieu de leur envoyer des repas légers », écrit pour sa part le site yéménite al-Hawiya, citant des sources palestiniennes.

Selon des chiffres fournis par l’IFRC, le nombre de camions d’aides humanitaires autorisés à entrer dans l’enclave palestinienne, et qui transportent notamment des médicaments, de la nourriture, de l’eau potable et des couvertures, a drastiquement chuté en février. « Nous sommes passés de 135 camions par jour en janvier à environ 60 en février, et parfois même à 10 camions autorisés, alors que les besoins augmentent sans cesse », dénonce May Sayegh. « Les gens sont en train de manger des grains réservés normalement au bétail ou des plantes qu’ils trouvent dans la nature. La farine est très chère et presque introuvable », ajoute-t-elle en signalant qu’« un paquet de couches pour bébé coûte désormais 55 dollars à Gaza ».

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