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Moyen-Orient - Guerre Hamas/Israël

La reconnaissance d'un État palestinien, un levier sur le conflit à Gaza

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a déclaré lundi qu'il s'attendait à ce que plusieurs pays européens annoncent leur reconnaissance unilatérale courant mai.

La reconnaissance d'un État palestinien, un levier sur le conflit à Gaza

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, lors d'une réunion du World Economic Forum à Riyad, en Arabie saoudite, le 28 avril 2024. FAYEZ NURELDINE/AFP

Au-delà de la portée symbolique, la reconnaissance d'un Etat palestinien par plusieurs pays européens, attendue en mai, pourrait être un levier dans les discussions sur la solution à deux Etats prônée par les Occidentaux pour résoudre le conflit à Gaza, estiment des analystes.

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a déclaré lundi à Riyad (Arabie Saoudite) qu'il s'attendait à ce que plusieurs pays européens annoncent leur reconnaissance unilatérale courant mai, dont l'Espagne, l'Irlande, la Belgique, la Slovénie et Malte.

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"C'est un geste avant tout symbolique, qui, dans un premier temps, ne changera pas la vie des Palestiniens mais qui peut être un levier pour contraindre Israël à reconnaître cet État palestinien", souligne Agnès Levallois de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est un opposant historique à la création d'un Etat palestinien, que l'administration Biden et les Etats membres de l'UE considèrent comme la seule solution à long terme. Après les attentats sanglants commis par le Hamas en Israël le 7 octobre dernier, il estime même que ce serait "un cadeau" au mouvement islamiste palestinien, explique Hasni Abidi du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen.

"Les Européens pensent au contraire que reconnaître l'État palestinien, c'est un pas supplémentaire vers l'établissement des droits palestiniens en renforçant l'Autorité palestinienne et en affaiblissant la position du Hamas", poursuit-il. "Cela renforcerait la dynamique (...) de la paix, qui n'a jamais été le point fort ni du Hamas ni de Netanyahu".

Redonner de la voix à l'UE

Pour Bertrand Besancenot, ancien ambassadeur français au Qatar et en Arabie Saoudite, une reconnaissance de plusieurs Etats européens n'aura aucun effet direct sur le positionnement de Netanyahu. "Cela l'irriterait très certainement mais je ne suis pas sûr que ça le ferait bouger dans ses convictions et dans son action", estime-t-il. "En revanche, cela aiderait l'administration Biden dans ses pressions sur Netanyahu en montrant qu'il y a un mouvement des Européens en ce sens et que l'on ne peut faire semblant que la question ne se pose pas", ajoute-t-il.

Analyse

Antisémitisme, islamophobie : une haine commune ?

Le 10 avril, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, qui cherche à rallier un maximum de pays, avait argué devant les députés espagnols que la reconnaissance était "dans l'intérêt géopolitique de l'Europe". C'était quelques jours après la publication d'une déclaration commune avec ses homologues irlandais, maltais et slovène dans laquelle les dirigeants se disaient "prêts à reconnaître la Palestine" lorsque cela pourra "apporter une contribution positive" à la résolution du conflit israélo-palestinien.

Alors que les représailles israéliennes à Gaza ont provoqué une crise humanitaire catastrophique et que le gouvernement de Netanyahu semble déterminé à poursuivre la guerre, les Européens s'efforcent de peser. Les déclarations de Josep Borrell interviennent au moment où "la voix européenne est marginalisée", observe Hasni Abidi. Une reconnaissance unilatérale massive permettrait "de replacer les Européens en position de force dans les discussions et de peser face à l'entêtement du  gouvernement israélien actuel".

Pas un tabou pour Paris

Mais pour l'heure, Paris et Berlin, leaders de l'UE, ne suivent pas le mouvement. A Riyad, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a rappelé à ses homologues que la reconnaissance n'était "pas un tabou pour la France mais devait être utile dans une stratégie globale pour la solution politique à deux Etats", a indiqué l'entourage du ministre à l'AFP. 

Bertrand Besancenot regrette cette "tergiversation" mais si d'autres pays européens franchissent le pas, "cela faciliterait une décision française". Pour sa part, Agnès Levallois met en garde contre "un vrai piège" qui consisterait à reconnaître un Etat palestinien "pour se donner bonne conscience" sans autre engagement concret. 

A ce jour, 137 des 193 Etats membres de l'ONU ont franchi le pas. Dans une Tribune publiée dans le New York Times mi-décembre, David Harden, ancien conseiller du président Barack Obama et l'humanitaire Larry Garber pressaient Washington de franchir le cap, y voyant un moyen de nuire "aux ambitions du Hamas d'établir un État islamique +du fleuve à la mer+".  Et "cela inciterait la population à choisir de nouveaux dirigeants qui œuvreraient à la réalisation du rêve palestinien d'indépendance, longtemps différé", écrivaient-ils.

Au-delà de la portée symbolique, la reconnaissance d'un Etat palestinien par plusieurs pays européens, attendue en mai, pourrait être un levier dans les discussions sur la solution à deux Etats prônée par les Occidentaux pour résoudre le conflit à Gaza, estiment des analystes.

Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep...
commentaires (6)

Un état palestinien c'est indispensable, qui va le diriger ? le système mafieux actuel ?

Zeidan

10 h 27, le 02 mai 2024

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Commentaires (6)

  • Un état palestinien c'est indispensable, qui va le diriger ? le système mafieux actuel ?

    Zeidan

    10 h 27, le 02 mai 2024

  • """"Agnès Levallois met en garde contre "un vrai piège" qui consisterait à reconnaître un État palestinien "pour se donner bonne conscience" sans autre engagement concret"""". La crainte est légitime d’une reconnaissance pour se donner "bonne conscience", même par de grandes puissances (France, USA). C’est la reconnaissance par Israël qui est fondamentale. Longtemps la Syrie ne reconnaissait pas le Liban… Mais entre les revendications légitimes des Palestiniens et la mise en œuvre d’un État viable, on pourrait dire que les problèmes recommenceront…

    Nabil

    10 h 08, le 02 mai 2024

  • """....y voyant un moyen de nuire "aux ambitions du Hamas d'établir un État islamique +du fleuve à la mer+""". C’est la crainte du Hamas donc, qui inciterait à la création d’un Etat palestinien… On pourrait écrire à l’avenir que ses actes relevaient de la résistance surtout islamique.

    Nabil

    09 h 43, le 02 mai 2024

  • Sinon sur les frontières de 1947

    Mohamed Melhem

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