Hariri à Beyrouth pour poser la première pierre de son retour ?

Une visite qui n’a rien à voir avec celle de l’année dernière. L’ancien Premier ministre Saad Hariri est arrivé dimanche au Liban pour participer mercredi à la 19e commémoration de l’assassinat de son père Rafic Hariri. Il s’agit de son second (bref) séjour beyrouthin depuis qu’il s’est exilé volontairement aux Émirats arabes unis dans la foulée de son retrait politique en janvier 2022. Mais alors que sa visite de l’année dernière était particulièrement discrète, le chef du courant du Futur a prévu cette fois-ci plusieurs entretiens politiques. Il s’est notamment rendu au Grand Sérail pour s’entretenir avec le Premier ministre sortant Nagib Mikati, qui l’a accueilli en fanfare. Assez pour alimenter les rumeurs sur un retour potentiel du leader sunnite dans l’arène politique. « C’est sa maison... c’est lui qui nous accueille, et pas nous », a lancé M. Mikati lors de la cérémonie de réception de son prédécesseur. Et d’espérer que « la commémoration de l’assassinat de Rafic Hariri et ses compagnons sera une occasion de rassembler les Libanais face aux dangers qui les menacent ». Saad Hariri avait annoncé la suspension de toutes ses activités politiques le 24 janvier 2022, provoquant un véritable séisme politique dans la rue sunnite, qui reste sans réel leadership depuis cette date.

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Dans ce contexte, nombreux sont ceux qui attendent la reprise de ses activités politiques. D’autant que, après le rapprochement entre l’Iran et l’Arabie saoudite, et plus encore après le Déluge d’al-Aqsa, la région semble se diriger vers un accord politique aux allures de modus vivendi. Un art dans lequel Saad Hariri est passé maître. Les spéculations sont également alimentées par les différentes campagnes menées par le courant du Futur et ses proches pour « convaincre » l’ancien Premier ministre de revenir s’installer à Beyrouth. Elles reposent notamment sur une démonstration de soutien populaire au centre-ville, où les partisans haririens seront rassemblés le 14 février. Si, du côté du parti bleu, on affirme que ces campagnes ne sont pas orchestrées par M. Hariri, des analystes y voient un message à l’intention de l’Arabie saoudite. En effet, les relations entre M. Hariri et Riyad, son soutien historique, se sont fortement détériorées à partir de 2017, ce qui a poussé l’ancien Premier ministre à quitter le pays.

Aujourd’hui, les haririens semblent vouloir montrer au royaume que Saad Hariri reste le seul à pouvoir fédérer les sunnites au Liban et empêcher la montée en puissance de partis radicaux ou pro-Hezbollah, comme la Jamaa islamiya qui gagne du terrain du fait de sa participation à la guerre contre Israël. L’objectif étant peut-être de paver la voie pour un retour avant les prochaines élections législatives, prévues en mai 2026. « Il nous a dit que le Liban lui manque », raconte à L’Orient-Le Jour un ancien député s’étant entretenu avec le chef du Futur à la Maison du centre. « Mais concernant un hypothétique retour, il s’est tenu aux généralités, affirme cette source. Il n’a pas non plus souhaité dire s’il allait prendre la parole le 14 février. »

De nombreux observateurs attendent de voir si Saad Hariri va s’adresser à ses supporters mercredi et surtout s’il va évoquer, de près ou de loin, ses plans pour la prochaine phase. Il s’agirait, le cas échéant, d’un signal fort envoyé tant au niveau local que régional. En attendant, Saad Hariri est censé s’entretenir avec le mufti de la République Abdellatif Deriane, mais aussi le président du Parlement Nabih Berry. Dans ses cercles privés, ce dernier n’a jamais arrêté d’espérer le retour du leader sunnite. « Quand bien même il n’a pas participé aux législatives, il a le plus grand bloc sunnite », au sein de la nouvelle Chambre, répète-t-il souvent, selon une source proche de Aïn el-Tiné, en référence aux élus indépendants proches de M. Hariri.