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Guterres dans le désert


Notre monde est en panne. Ce n’est pas une figure de style mais un simple constat prononcé hier par le secrétaire général de l’ONU. « Le Conseil de sécurité, principal outil pour la paix mondiale, est dans l’impasse en raison des fissures géopolitiques », a souligné Antonio Guterres dans sa présentation des priorités de 2024.

À force de veto et de blocages, le seul mécanisme imaginé par les nations pour gérer leurs relations, arbitrer leurs conflits et organiser leur secours, qu’il s’agisse de guerres ou de catastrophes, est officiellement déclaré « dysfonctionnel » par celui qui en est le gardien.

Ce n’est pas une surprise. On voit bien à quel point notre époque s’ensauvage. Pas une région de la terre qui ne connaisse de guerres plus ou moins médiatisées, plus ou moins féroces. Il n’existe évidemment pas de petite guerre. Quelle qu’en soit l’échelle, toutes sont sources de souffrance et de déshumanisation.

Sans se prétendre divinatoire, Guterres alerte sur la nécessité d’avoir une approche universelle des défis qui se précipitent vers nous, qu’il s’agisse de la dérive de l’armement, de l’apparition de pandémies inconnues ou de la poursuite de la destruction de notre environnement, sans compter l’inquiétude de voir le spectre de l’IA dominer nos sources d’information et nos centres de décision.

D’où viendra la réponse à ce cri mat qui ne trouve même pas une dune pour en répercuter l’écho ? L’humanité se montre incapable de réagir collectivement, ne serait-ce que pour assurer sa survie commune, et les finances vont bientôt manquer pour secourir le nombre croissant des populations affectées tant par les guerres que par le dérèglement climatique.

Le Liban est un exemple tragique de cette impasse, à son niveau de petit pays quasi insignifiant aux yeux du monde.

Depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas qui a ouvert sur Gaza les portes de l’enfer, il ne se trouve personne pour empêcher le Hezbollah d’entretenir avec Israël, au Sud libanais, une guerre d’usure qui a déjà emporté des dizaines de civils sans sauver un seul Palestinien. Cette guerre prétendument à fleurets mouchetés dont les détails sont à peine rendus publics a pratiquement détruit de vastes régions et villages où plus rien ne repoussera sur des tapis de phosphore et où, de nouveau, les habitants ne reviendront plus. Il n’a pas manqué de diplomates, notamment français, pour murmurer à l’oreille des prétendus responsables qu’Israël se tenait prêt pour une attaque d’ampleur. Mais, soit ils ne sont pas responsables, soit ils n’ont pas d’oreilles. Si le Liban n’est pas gouverné depuis bien longtemps, c’est précisément pour ne pas offrir d’interlocuteur à quiconque prétendrait s’adresser à une partie officielle. Quant au dirigeant officieux, son langage contient plus d’explosives que de labiales. Plus on s’éloigne de la zone de combat, plus règne une sorte de déni et plus le Sud semble un membre fantôme depuis longtemps amputé, mais qui de temps en temps se manifeste en élancements aigus. Plus on se rapproche des villes, plus on s’aperçoit que le tissu social est effrité. Les communautés sont disloquées, les voisinages défaits, les quartiers changent d’apparence. La légendaire promiscuité qui balançait entre la générosité la plus folle et la nuisance la plus abjecte a disparu. À Beyrouth, entre autres, depuis l’explosion du 4 août 2020 et le confinement du Covid, les liens qui étaient restés forts entre les gens depuis la guerre de quinze ans se sont distendus. Retrouverons-nous, si Israël décide d’étendre son champ de combat, cette solidarité qui a sauvé tant de vies en d’autres temps, et que Guterres appelle de ses vœux pour l’ensemble de l’humanité ?

Notre monde est en panne. Ce n’est pas une figure de style mais un simple constat prononcé hier par le secrétaire général de l’ONU. « Le Conseil de sécurité, principal outil pour la paix mondiale, est dans l’impasse en raison des fissures géopolitiques », a souligné Antonio Guterres dans sa présentation des priorités de 2024.À force de veto et de blocages, le seul...

commentaires (2)

Très bel article. Il est difficile de commenter car il ouvre la porte d’un passé qui n’a jamais eu une réelle fin. Pour le monde de l’IA il n’a rien d’Intelligent aujourd’hui car le résultat d’un outil dépendra de l’intelligence et surtout de la richesse culturelle du concepteur. Pour ma génération qui a connu le début de l’informatique, il faut se rappeler le proverbe des créateurs des programmes : « shit in = shit out », nous sommes donc bien loin de l’intelligence humaine...

IRANI Joseph

09 h 38, le 15 février 2024

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Commentaires (2)

  • Très bel article. Il est difficile de commenter car il ouvre la porte d’un passé qui n’a jamais eu une réelle fin. Pour le monde de l’IA il n’a rien d’Intelligent aujourd’hui car le résultat d’un outil dépendra de l’intelligence et surtout de la richesse culturelle du concepteur. Pour ma génération qui a connu le début de l’informatique, il faut se rappeler le proverbe des créateurs des programmes : « shit in = shit out », nous sommes donc bien loin de l’intelligence humaine...

    IRANI Joseph

    09 h 38, le 15 février 2024

  • Mais ou est Hassouna ?

    Eleni Caridopoulou

    12 h 55, le 08 février 2024

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