En tant que nouveau vice-recteur à la recherche, quels sont vos objectifs stratégiques ?
Mon premier objectif, c’est bien évidemment de soutenir nos chercheurs dans leurs projets, pour leur permettre de les mener à bien, en leur assurant les meilleures conditions de travail au sein de nos laboratoires. C’est dans ce cadre que j’ai présenté au conseil restreint de l’université un plan triennal pour 2024-2026 regroupant les principales actions à mener. Mon deuxième objectif est d’impliquer davantage les étudiants dans les programmes de recherche, travailler sur l’engagement des enseignants, sur l’indexation des revues de l’USJ pour donner une meilleure visibilité à nos publications et à nos recherches. D’où l’urgence aujourd’hui de travailler pour assurer les fonds afin de financer tous nos projets. C’est dans ce but que nous prévoyons avec le révérend père recteur la mise en place d’un conseil stratégique de la recherche qui regroupera des personnalités nationales et internationales connues du milieu scientifique et permettra de maximiser l’efficacité, l’impact, la qualité de la recherche et le positionnement de l’université à l’international. Ce conseil aidera également les
enseignants-chercheurs à trouver des fonds et à postuler à des projets de financement internationaux européens, américains ou autres pour travailler dans les meilleures conditions afin d’assurer les objectifs de nos projets ainsi que l’innovation et le développement dans les domaines correspondants. C’est bien entendu un travail d’équipe que je mène actuellement avec l’aide du bureau de la recherche et des collègues enseignants-chercheurs qui représentent les principales disciplines des différentes institutions de l’USJ.
De quelle manière comptez-vous impliquer davantage les étudiants dans des projets de recherche à l’université ?
En les initiant aux programmes de recherche, et ceci depuis les premières années de leur parcours universitaire à l’USJ. Aujourd’hui, beaucoup de programmes du premier cycle proposent des stages et des cours sur les méthodologies de recherche, ce qui prépare les étudiants à cet exercice. En second cycle, ils seront beaucoup plus impliqués dans les laboratoires et seront en quelque sorte des assistants de recherche. Ils auront par la suite à présenter des projets de fin d’études obligatoires dans des projets de recherche qui seront évalués et notés. En doctorat, ils passeront la quasi-totalité de leur temps sur un projet bien déterminé. Mais le conseil de la recherche de l’université encourage toutes ces structures à travailler selon des plans bien précis en centralisant leurs projets de recherche. Ce conseil travaille également en étroite collaboration au niveau des recherches entreprises à l’Hôtel-Dieu de France, qui est le centre hospitalier universitaire de l’USJ.
Quels sont les domaines de recherche-clés actuellement explorés au sein de l’USJ ?
Les domaines prioritaires de la recherche au sein de l’USJ se déclinent en cinq domaines : médecine et santé ; sciences, ingénierie et technologies ; économie, gestion, banque et assurances ; droit et sciences politiques ; et le 5e domaine, arts et lettres, sciences humaines et sciences religieuses. Nous essayons de nous adapter aux priorités de chacun, qui varient d’un domaine à l’autre, pour répondre aux besoins spécifiques de nos collègues chercheurs. Mais il y a également d’autres domaines transdisciplinaires sur lesquels nous nous attardons et qui ont trait à tout ce qui concerne le développement durable. Nous travaillons par ailleurs sur la mise en place d’un centre en intelligence artificielle (IA) qui regroupera toutes les activités et les expertises que nous avons en matière d’IA, que ce soit pour la recherche ou pour l’enseignement, car aujourd’hui toutes les institutions et les facultés de l’université sont appelées à mettre en place des enseignements en IA et à développer des projets de recherche dans chacune de leurs structures de recherche.
Pouvez-vous partager des exemples concrets d’impacts positifs découlant de vos projets de recherche ?
Oui, certainement. Il s’agit déjà des brevets d’invention nationaux et internationaux qui sont le fruit de la recherche pratique réalisée dans nos structures. Nous pouvons citer également les réalisations industrielles développées dans le cadre du transfert de technologie que nous menons avec nos différents partenaires. Sans oublier les conférences internationales organisées à l’université avec nos collaborateurs, les publications et le nombre de citations de nos projets de recherche. Dans les tout derniers classements internationaux du Times High Education, nous avons été classés dans deux domaines : la médecine et la santé, et les sciences de la vie. Ce qui montre que, malgré les faibles moyens et la situation difficile que traverse le pays, nous arrivons quand même à percer et à rendre nos recherches visibles à l’international, et surtout à mettre en valeur ce que nous faisons au sein de l’USJ.
Quels sont les plus gros défis que la recherche universitaire rencontre actuellement ?
Bien évidemment, c’est le défi économique. Le Liban ploie sous une crise économique sans précédent depuis cinq ans. Malgré cela, l’université a pu libérer un budget considérable de son propre budget pour financer les projets de recherche, mais également les bourses de doctorat. Nous avons cinq écoles doctorales à l’USJ et nous portons beaucoup d’importance au financement des thèses. Il ne faut pas oublier que ces doctorants passent en moyenne trois années dans les laboratoires de recherche dirigés par des directeurs de thèse. Il est donc essentiel de leur assurer un environnement propice pour mener à bien leurs travaux de recherche : laboratoires équipés avec une technologie de pointe, accès aux ressources bibliographiques internationales, accès aux revues et aux abonnements annuels payés essentiellement en devises étrangères et qui sont essentiels à tout enseignant-chercheur.
Comment l’université sécurise-t-elle ces financements et ces subventions ?
Grâce à des financements internationaux, notamment avec des programmes américains et européens, que ce soit de la Commission européenne, de l’Agence française de développement ou encore de nos collaborateurs à l’Agence universitaire de la francophonie, pour ne citer que quelques-uns, ainsi qu’à des possibilités de financement qui passent par l’ambassade de France, sans oublier évidemment les aides en interne que fournit l’université. Ces dernières années, nous avons pu obtenir des fonds internationaux qui nous ont permis de développer nos projets de recherche. Je peux de même signaler les financements nationaux des projets et des bourses doctorales octroyés par le Centre national de la recherche scientifique-Liban (CNRS-L). Certains contrats industriels nous assurent les budgets nécessaires pour la mise en place de projets innovateurs.
Comment l’université soutient-elle ses professeurs et étudiants dans la recherche ?
À l’USJ, en plus d’un budget alloué à la recherche, il y a un statut d’enseignant-chercheur qui prévoit une charge annuelle de recherche pour chaque enseignant, afin de l’encourager à dédier du temps à divers projets. Nous étudions actuellement la mise en place du statut de chercheur, qui mettra en valeur le travail des chercheurs consacrant tout leur temps à la recherche. Il y aura également un contrat doctoral, qui concerne tous les étudiants qui vont entreprendre leur doctorat. Justement, un des projets sur lesquels je travaille actuellement, c’est la formation à la recherche d’une équipe au sein du vice-rectorat, qui aidera les enseignants-chercheurs et ces doctorants à la préparation de leur demande de candidature pour des financements internationaux.
L’université collabore-t-elle avec d’autres institutions, entreprises ou organisations dans le cadre de projets de recherche ?
À l’échelle nationale, nous avons au niveau de la recherche 23 partenaires, entre universités, ministères, ONG, organisations gouvernementales et municipalités, ainsi que des industries. À l’échelle internationale, nous collaborons avec plus de 50 partenaires avec lesquels nous copublions des articles. Ce qui montre l’envergure de la collaboration internationale que nous avons et que nous sommes en train de développer encore plus de nos jours. Mais aujourd’hui, les gens travaillent de plus en plus dans ce qu’on appelle des laboratoires virtuels : une équipe travaille à partir du Liban et une autre à l’international. Par la suite, ils se partageront leurs savoir-faire et leurs connaissances, et unifieront leurs résultats pour faire avancer la recherche tant au sein de l’université partenaire qu’à l’USJ.