Nous nous préoccupons beaucoup des tournants décisifs de notre vie, en nous demandant comment affronter ces moments. Mais ce sont plutôt les petits affolements, les menues irritations de la vie quotidienne qui devraient nous inquiéter. Car il n’en faut pas plus pour provoquer des défaillances qui peuvent nous rabaisser aux yeux des autres.
Si par exemple quelqu’un met notre parole en doute, nous avons tendance, au lieu de nous expliquer de manière plus convaincante, à perdre nos moyens et à bredouiller hâtivement une réponse que nous regretterons par la suite.
Ou encore, dans une conversation où nous rivalisons d’esprit avec l’interlocuteur, il peut nous arriver, pris de court, d’oublier tous les traits d’esprit qu’on aurait pu lancer si seulement nous y avions pensé au bon moment. Nous savons tous ce que c’est. Parfois, sous la pression des circonstances, nous prononçons des paroles qui n’ont aucun rapport avec ce que nous voulions dire, témoin ce jeune homme qui eut le trac dans le bureau de son patron à qui il demandait un congé sabbatique.
À force de ne pas savoir nous montrer à la hauteur devant les petites difficultés de la vie, nous risquons de gâcher ce qui précisément nous tient le plus à cœur : le plein épanouissement de notre personnalité. Mais, fort heureusement, la faculté de garder son calme n’est pas un don accordé aux uns et refusé aux autres. Elle est à la portée de tout le monde.
Pour apprendre à se dominer dans les situations délicates, il faut étudier le milieu environnant et s’adapter à ses différents rythmes. Une méthode sûre permet d’y parvenir : elle consiste à observer ceux qui sont déjà passés maîtres en cet art difficile. Ce sont souvent des gens qui portent, de par leurs fonctions, les plus lourdes responsabilités : des hommes d’affaires, des politiques, des champions sportifs ou encore de grands chirurgiens. L’expérience de ces femmes et de ces hommes permet de dégager quelques règles principales concernant l’art de garder son calme dans les moments critiques.
– Faisons appel à notre sens de l’humour. C’est la façon la plus efficace de provoquer une détente.
Mais il n’est pas toujours possible de trouver de but en blanc une répartie drôle ; il est donc utile d’avoir en réserve une ou deux anecdotes pour créer une diversion quand l’ambiance se charge d’électricité.
– Prenons notre temps. Sous la pression des circonstances, nous avons tendance à réagir trop rapidement. Or, dans la plupart des situations critiques, il faut justement se garder des décisions hâtives. Mieux vaut, en général, s’accorder un délai de réflexion ce qui nous évite de commettre un impair.
– N’imposons pas notre point de vue. En faisant une question d’amour-propre du « triomphe » de nos idées ou de nos désirs, nous provoquons des complications sans fin. Car personne n’aime être mis au pied du mur. Et pourtant, par nos exigences, il nous arrive souvent d’y placer sans le vouloir nos interlocuteurs.
– Essayons de comprendre. C’est devant les vives critiques ou les insultes que nous perdons le plus rapidement la tête ; alors comment faire pour rester calme en présence de personnes qui nous accablent des pires critiques ? Nous ne devons pas alors nous sentir réellement touché par ces jugements et créer une distance.
– Soyons prévoyant. Grâce au sang-froid et en ayant été bien préparé, on n’est par exemple jamais nerveux au début d’une conférence, ni confus à la fin. L’art de garder son sang-froid agit de bien des manières sur le bien-être physique.
De récentes recherches médicales montrent que notre santé dépend directement, et bien plus qu’on ne l’imaginait, de notre aptitude à nous dominer dans les moments critiques. Ces découvertes ont ouvert de nouvelles perspectives dans le domaine médical et psychologique. Un spécialiste canadien dont les travaux concernant l’influence de la tension nerveuse sur la santé font autorité a établi que notre état peut être affecté par la production des hormones, ces substances que sécrète notre organisme en quantité infinitésimale pour nous aider, notamment, à supporter les périodes de tension nerveuse.
Bien des maladies courantes résultent en grande partie de nos réactions défectueuses en présence des difficultés de la vie autant ou plus que l’action des microbes, des bactéries ou d’autres agents extérieurs.
Mais, de tous les avantages liés à la faculté de garder le sang-froid, le plus précieux est l’harmonie de notre personnalité, car exercer nos qualités de franchise, de patience et d’humour nous permet de prévoir et d’organiser. En résumé, apprendre à affronter avec un esprit lucide les vicissitudes de la vie, à rester maîtres de nos paroles et de nos actes, autrement dit à être pleinement nous-mêmes. Quiconque en arrive là est en passe d’atteindre à la sérénité, qui résulte de l’harmonie des facultés intellectuelles et des qualités morales.
Si ce n’est pas là le bonheur, c’est certainement l’état qui en est le plus proche.
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