Le patriarche maronite Béchara Raï n'a pas mâché ses mots dimanche concernant la situation au Liban-Sud, vidé de sa population et théâtre d'affrontements presque quotidiens entre le Hezbollah et l'armée israélienne, en estimant, dans son homélie, que cela était dû à « la politique imposée » aux habitants de la région, alors que la zone frontalière est considérée comme principalement contrôlée par le parti pro-iranien.
Revenant sur la corruption et l’incurie des dirigeants libanais, Mgr Raï a déploré « l’état d'humiliation, de pauvreté et de régression sociale, économique, financière » du peuple libanais. « Il n'est pas étonnant que notre État sans tête soit devenu la proie des gens corrompus », a-t-il déclaré, soulignant que « les habitants des villages frontaliers du Sud expriment leur douleur face à l'abandon par l'État de ses devoirs et responsabilités à leur égard ». Ces habitants «subissent, jeunes et vieux, le poids de la politique qui leur est imposée», a-t-il encore affirmé.
Le dignitaire religieux a ensuite cité ce qu’il a décrit comme des témoignages d’habitants du Sud, qui critiquent notamment le fait que, en raison des bombardements, leurs enfants sont « privés d’éducation et de divertissement ». « Nous refusons, ma famille et moi-même d’être des otages, des boucliers humains et des boucs émissaires pour l’échec de la politique libanaise et pour la culture de la mort qui ne mène notre pays qu'à plus de victoires factices et de défaites honteuses », a encore cité Mgr Raï parmi ces témoignages.
Depuis le 8 octobre, au lendemain des attaques sanglantes du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le territoire israélien, le Hezbollah, largement déployé au sud du fleuve Litani, revendique plusieurs attaques par jour contre des positions israéliennes, tandis que les villages de la bande frontalière sont régulièrement bombardés par Israël. Depuis le début des hostilités, le parti chiite a annoncé la mort de 171 de ses combattants, en Syrie et au Liban.
« Nous entendons ces témoignages et notre cœur saigne. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider ces personnes », a conclu le patriarche.
« La guerre la plus sainte »
Les critiques voilées de Mgr Raï à l'encontre du Hezbollah et des autorités n’ont pas manqué de provoquer une levée de boucliers.
Le mufti jaafarite Ahmad Kabalan, proche du parti chiite, a ainsi estimé que l'expression « la culture de la mort », est « la culture de ceux qui ne se soucient pas de la patrie, de la souveraineté ni du massacre d'un peuple ». Sans jamais citer le patriarche maronite, il a publié un communiqué acerbe dans lequel il s'en prend à « ceux qui poignardent la guerre la plus sainte et la plus importante sur le front du Sud ». « Cette guerre est la plus grande pour la souveraineté », a-t-il ajouté. « La population du Sud n'a besoin du témoignage de personne » et « aujourd'hui, le front sud est une norme nationale, pour que le Liban reste le Liban et que les générations futures continuent à parler arabe et non hébreu », a ajouté le mufti. « La mort sur le front du Sud est donc la preuve d'une vie vécue pour la patrie, un État, un peuple et des institutions ».
Les internautes partisans du Hezbollah se sont également déchaînés sur les réseaux sociaux, où le hashtag «Patriarche des collabos» (avec Israël, ndlr) était en vogue dimanche après-midi. « Dites au patriarche que sans la résistance dans le Sud et le Hezbollah, il nous serait arrivés comme à Gaza », a ainsi écrit un utilisateur de X.
Assez de prêches et contre vérité. Il faut un manifeste signé par,tous les repos sables libanais ainsi que tous les politiciens libanais, pas iraniens, pour exiger le retrait de ces milices armées de nos frontières et les déclarer comme des intrus usurpateurs puisqu’ils agissent pour l’intérêt des pays autre que le leurs en sacrifiant par la même occasion sa population qui elle, n’a rien demandé tout comme le Hamas a fait des gazaouis. Le Kabalan devrait renoncer à prononcer le mot saint. Dans sa bouche c’est un sacrilège pour tous les vrais croyants.
15 h 20, le 29 janvier 2024