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Tribuns en tribus


Deux jours de logorrhée et le rideau n’est pas encore tombé sur la ménagerie de l’Étoile. Béni soit Istiz Nabeuh qui assure l’animation et traîne à donner le signal du cou-couche panier. Comme prévu, la foire traditionnelle du budget n’aura pas échappé aux clichés classiques : langue de bois débitée en troncs de cèdre, numéros pompeux de tribuns donneurs de leçons, rires gras, rots bruyants et curetage de nez, ramenant des débris peu ragoûtants… La haute politique, il n’y a que ça de vrai !

Comme il se doit, le débat à la Chambre a inspiré quelques puissants commentaires du genre : « Faut augmenter les recettes et diminuer les dépenses », ce qui ne mange pas de pain arabe, ou encore le très original « État de droit et des institutions », sans négliger la ritournelle sur les déposants « qui récupéreront bientôt leurs avoirs ». Pas cracher non plus sur les pensées profondes du genre « l’ennemi israélien tapi aux frontières » et la gamberge inédite sur le « complot mondial ourdi contre le Liban ».

Le plus dur aura été le verbiage de certains intervenants, dont on ne se souvient même plus du nom, au demeurant imprononçable et sans aucun intérêt. On remarquera que ce sont les mêmes qui demandent à l’État de tailler dans ses dépenses, et qui ensuite glapissent d’effroi dès qu’il s’agit de vider leurs protégés feignasses qui pantouflent dans l’Administration. Le tout débité index relevé, comme Diogène quand il annonçait sa théorie sur le ballon-sonde. Très important l’index. Surtout lorsqu’il est prolongé d’un ongle en deuil.

Certes, on passera la finesse et l’élégance des troufions du Parlement qui, dès six heures mercredi, sommaient les manants, sous peine d’être fusillés, de virer leurs sales charrettes de la rue des Banques et des voies adjacentes, afin que les carrosses officiels laqués de noir puissent s’y garer. Mais ose expliquer à des blaireaux, dont le salaire ruisselle de nos impôts, qu’ils sont payés pour nous protéger des turlupins officiels et non pour protéger ces derniers de la population.

Deux jours entiers pour parler du budget, et quel budget ! 75 % en salaires de fonctionnaires, pour la plupart véreux et corrompus, 25 % allant en frais de bouche, bahuts et autres camions noirs, sans oublier les gardes du corps-aboyeurs affectés aux ministres et haut perchés planqués. Et pour le reste… Eh bien ! il n’y a pas de reste. On pourra toujours se gratter pour extraire ne serait-ce qu’une ébauche de projet de développement. Circulez et allez braire ailleurs !

En revanche, les nouveaux impôts et taxes figurent bel et bien, et en caractères gras siouplait. On l’attendait celle-là. Fallait bien que le ministère des Finances, dont l’incontinence pécuniaire n’a d’égal que la pléthore de ses salariés, trouve quelque chose pour régaler l’ordinaire. Au final, ce n’est plus un budget, c’est une attaque à main armée ! « Plumer l’oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris. » Depuis Colbert, on n’a pas fait mieux !

Bref, tout baigne sous le cèdre branlant. S’il suffit d’un oignon pour faire pleurer les gens, nous au moins avons inventé le fruit qui les fait rire : la banane… en République.

gabynasr@lorientlejour.com

Deux jours de logorrhée et le rideau n’est pas encore tombé sur la ménagerie de l’Étoile. Béni soit Istiz Nabeuh qui assure l’animation et traîne à donner le signal du cou-couche panier. Comme prévu, la foire traditionnelle du budget n’aura pas échappé aux clichés classiques : langue de bois débitée en troncs de cèdre, numéros pompeux de tribuns donneurs de leçons,...

commentaires (6)

On dirait l’Amérique du Sud …..

Eleni Caridopoulou

17 h 51, le 26 janvier 2024

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Commentaires (6)

  • On dirait l’Amérique du Sud …..

    Eleni Caridopoulou

    17 h 51, le 26 janvier 2024

  • Merci Gaby pour ce pur moment de plaisir et de Facchet khelk !!! J'en ri encore !!!!

    Eva Younes

    15 h 22, le 26 janvier 2024

  • Amen...

    Wlek Sanferlou

    14 h 26, le 26 janvier 2024

  • Merci Gaby Nasr vous vous êtes surpassé.

    Sissi zayyat

    12 h 08, le 26 janvier 2024

  • ""Et pour le reste… Eh bien ! il n’y a pas de reste"". Mais si. On se trompe sur le personnage, tant qu’il se croit encore avoir de "beaux restes". Il a réussi à se faire élire au perchoir depuis trois décennies. La politique au Liban peut être résumée comme ceci : se servir de mécanismes démocratiques sans la démocratie. Les séances au sein de l’hémicycle : des joutes verbales et des noms d’oiseaux, en faisant miroiter qu’on touche à l’essentiel…

    Nabil

    00 h 31, le 26 janvier 2024

  • Génial. Merci beaucoup.

    Abdallah Barakat

    00 h 19, le 26 janvier 2024

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