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Politique - Focus

Présidentielle libanaise : Berry veut saisir la dynamique diplomatique

Occupé par ses affrontements contre Israël, le Hezbollah semble avoir laissé à son allié chiite le soin de gérer ce dossier.

Présidentielle libanaise : Berry veut saisir la dynamique diplomatique

Le président du Parlement, Nabih Berry. Photo d'archives/AFP

Un président de la République avant la fin de la guerre à Gaza ? Alors que nombre d'observateurs estiment que l'élection du prochain chef de l'État est ajournée jusqu'à la conclusion d'un « package-deal » impliquant le Hezbollah sur l'après-guerre, la dynamique diplomatique s’est remise en marche par le biais du quintette – États-Unis, France, Égypte, Qatar, Arabie saoudite – pour permettre un déblocage. Au niveau local, ces initiatives sont accompagnées par plusieurs signaux envoyés depuis Aïn el-Tiné et destinés à rejoindre les efforts entrepris par les Cinq. Dernière en date, la rencontre mardi entre le chef du Parlement, Nabih Berry, et l’ambassadeur d’Arabie saoudite, Walid Boukhari, qui a porté entre autres sur l’échéance présidentielle. Elle vient attester par ailleurs que la priorité est désormais à « l’urgence d’élire un président » et la nécessité de séparer ce dossier de la guerre de Gaza et de son prolongement au Liban-Sud. C’est également ce qui ressort de la rencontre qui a suivi entre M. Berry et l’ambassadeur d’Égypte, Ala’ Moussa.

« Ce qui se passe dans la région et les défis qui en découlent sont une raison de plus pour accélérer l’élection », a affirmé le diplomate égyptien à l’issue de l’entretien. M. Moussa a insisté par la même occasion sur le fait que le quintette « parle d’une seule voix » et qu’il n’y a pas lieu de parler de divergences en son sein. Il faisait allusion au débat qui avait eu lieu au sein du groupe sur la question des priorités : l’élection d’un chef d’État, parallèlement ou en amont d’un cessez-le feu à Gaza et donc au front du Sud, un processus qui risque de s’éterniser. Selon nos informations, lors de sa visite à Beyrouth début janvier, l'émissaire américain pour le Liban Amos Hochstein (qui représente son pays au sein du quintette) a proposé que le nom du prochain président soit inclus dans l'accord global sur l'après-guerre au Liban-Sud. Mais une source diplomatique française affirme que Paris insiste pour que l’échéance présidentielle « ait lieu le plus tôt possible », une position que les quatre autres composantes du quintette auraient fini par avaliser.

Le Hezbollah à Bkerké

La double rencontre de Aïn el-Tiné constitue ainsi un prélude à la réunion des ambassadeurs représentant le quintette prévue sous peu avec M. Berry dans le cadre de leur tournée auprès des principaux pôles politiques, apprend-on de sources concordantes. Fixée à l’origine lundi dernier, la réunion avec le chef du législatif a été reportée pour des raisons « logistiques », a-t-on appris de sources concordantes. Notamment, le fait que l’ambassadrice américaine, Lisa Johnson, fraîchement arrivée au Liban, n’a pas encore rencontré, à titre individuel, l’ensemble des acteurs libanais.

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C’est pour saisir l'occasion que le chef de l’Assemblée s'attelle de son côté à réactiver le dossier en interne. On le sait déjà : c’est lui qui fait l’interface avec l’Occident et le trait d’union entre ce dernier et le Hezbollah. D'autant que ce dernier est occupé par les affrontements contre Israël et semble avoir laissé à son allié chiite le soin de gérer ce dossier. « M. Berry veut tout simplement redorer son image de médiateur toujours en quête de solutions. La moindre des choses est qu’il ait quelque chose à dire aux membres du quintette lorsqu’il va les rencontrer », note anonymement un député aouniste.

De part et d’autre du tandem on assure qu’il n’y a pas lieu d’établir un lien quelconque entre l’élection d’un chef d’État et la guerre à Gaza. « La vacance à la présidence perdure depuis plus d’un an alors que le conflit à Gaza a commencé il y a 108 jours. Il n’y a aucune raison de lier la présidentielle à ce conflit », affirme le porte-parole du Hezbollah, Mohammad Afif Naboulsi à L’OLJ, en réponse aux informations de presse selon lesquelles le parti chiite pourrait réclamer l'élection de son candidat, le leader des Marada Sleiman Frangié, en échange de concessions au Liban-Sud. Lors d'un récent discours, le secrétaire général du Hezb, Hassan Nasrallah, semblait minimiser l'importance du dossier présidentiel, affirmant qu'il « ne l’évoquera pas pour le moment ». Une position qui a été « faussement » interprétée, selon M. Naboulsi. 

Mais de sources concordantes au sein du tandem, on insiste sur la nécessité d’un retour à la normale du fonctionnement des institutions. D’ailleurs, le Hezbollah a, lui aussi, pris une initiative dans ce sens. Lundi, les membres du comité du parti chiite présidé par Mohammad el-Khansa et chargé des relations avec Bkerké ont rencontré le porte-parole du patriarche maronite Walid Ghayad, avec au menu la présidentielle. « Nous sommes convenus de la nécessité de poursuivre le dialogue pour enfin aboutir à la relance de la question de l’élection d’un chef de l’État », assure une source proche du parti chiite qui estime qu’une brèche a été ouverte dans le mur. « Le paysage semble se décanter peu à peu », ajoute la source, laissant entendre que quand bien même le parti chiite s’accroche officiellement à la candidature de Frangié, il pourrait faire preuve de flexibilité. Idem pour Nabih Berry qui, selon une source anonyme du Courant patriotique libre, a clairement exprimé il y a quelque temps devant un député du CPL sa disposition à endosser une troisième voie. « M. Berry ne peut d’ailleurs plus, à ce stade, dire aux composantes du quintette qu’il n’y a que Sleiman Frangié en lice et personne d’autre », poursuit la source. La semaine dernière, le leader chiite avait pourtant martelé que le chef des Marada était « le seul candidat en lice ».

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La proposition de Berry

« Pourquoi devons-nous tabler sur les puissances étrangères pour activer une élection éminemment libanaise ? s’offusque le député Mohammad Khawaja, à la question de L’OLJ de savoir si M. Berry s’apprête à préparer ce dossier en amont de la réunion du quintette. Une manière de dire par ailleurs qu’en dépit des efforts diplomatiques entrepris, les parties libanaises doivent, elles aussi, faire leur part du travail. Dans les milieux proches du chef de l’Assemblée, on indique d'ailleurs que sa proposition  est toujours de vigueur : à savoir un dialogue d'une semaine au maximum entre toutes les parties pour tenter de s’entendre sur le nom d’un candidat. À défaut, Nabih Berry s’engage à tenir une séance électorale lors de laquelle les tours de vote se succéderont, sans possibilité de défaut de quorum, jusqu'à ce que le meilleur gagne. Or, l'opposition chrétienne a opposé une fin de non-recevoir à cette initiative, considérant qu'il s'agit d'un piège tendu par le chef du législatif. « M. Berry attend de voir ce que les diplomates ont à proposer », avance pour sa part une source de Aïn el-Tiné, qui dit toutefois que les circonstances internes ne sont pas encore propices. Comprendre qu’aux yeux du chef de l’Assemblée, c’est l’opposition dans ses composantes plurielles qui continue de faire obstruction au dossier. Si le processus visant à démêler le nœud gordien de la présidentielle est encore à ses débuts, il semble qu’aucune partie n’a plus intérêt aujourd’hui à mettre des bâtons dans les roues, à leur tête le Hezbollah. « L’élection d’un président pourrait éventuellement sortir le Hezb de l’ornière et de l’embarras dans lequel il se trouve à mener une guerre d’usure qui lui coûte beaucoup en termes de pertes humaines surtout après l’assassinat de plusieurs de ses cadres par Israël », décrypte Ali Amine, analyste politique hostile au Hezbollah. 

Un président de la République avant la fin de la guerre à Gaza ? Alors que nombre d'observateurs estiment que l'élection du prochain chef de l'État est ajournée jusqu'à la conclusion d'un « package-deal » impliquant le Hezbollah sur l'après-guerre, la dynamique diplomatique s’est remise en marche par le biais du quintette – États-Unis, France, Égypte, Qatar, Arabie...

commentaires (6)

Berry n’en revient toujours pas d’avoir pu enfin prendre la place du président et ne compte pas céder sa place de sitôt. Il joue au roi de notre pays, intronisé par son allié barbu, vendu, fort de ses armes offertes par un pays étranger pour détruire le sien de pays, et personne pour les en empêcher. Pourquoi arrêter?

Sissi zayyat

14 h 33, le 25 janvier 2024

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Commentaires (6)

  • Berry n’en revient toujours pas d’avoir pu enfin prendre la place du président et ne compte pas céder sa place de sitôt. Il joue au roi de notre pays, intronisé par son allié barbu, vendu, fort de ses armes offertes par un pays étranger pour détruire le sien de pays, et personne pour les en empêcher. Pourquoi arrêter?

    Sissi zayyat

    14 h 33, le 25 janvier 2024

  • Il est plus que clair que la position et les discours des vendus changent en fonction du ton du quinquet. Ils se montrent inflexibles lorsqu’ils détectent une division entre les membres du quinquet pour ensuite se raviser et se montrer plus coopérants lorsque ses derniers s’alignent pour ne parler que d’une seule voix. La balle est à présent dans le camp des pays intervenants pour exiger l’élection d’un président choisi et voulu par les libanais sans trembler. HB a épuisé toutes ses cartes et se retrouve au pied du mur. Il faut agir vite s’ils veulent sauver notre pays.

    Sissi zayyat

    14 h 04, le 25 janvier 2024

  • Avec l'absence quasi totale d'un "front Chrétien" pour la présidentielle ( J.Azzour n'était pas une personnalité acceptable pour le camp de la "Moumenaa " étant donné qu'il était parrene' par le célèbre Siniora), c'est peut-être Bkerke qui devrait se poster en "décision maker" pour avancer le processus et saisir l'occasion que le tandem Hizb-Amal se montre flexible. Face à l'inertie de l'actuel gouvernement vis à vis la présidentielle, Bkerke devrait s'atteler jour et nuit pour trouver une solution. Elle en est capable.

    Raed Habib

    12 h 23, le 25 janvier 2024

  • -BERRY VEUT SAISIR LA DYNAMIQUE, - D,UN ACTE ANTI CONSTITUTIONNEL. - LA MASCARADE ETAIT DRAMATIQUE, -AUX ECRANS EN AUDIOVISUEL. -C,ETAIT COMME ASSISTER AUX GAMINS, -DANS LA RUE QUI SE PRENNENT AUX MAINS . -AVEC MOINS D,OFFENSES ET D,INSULTES,.-ELUS ET GAMINS, QUI SONT INCULTES ? -PLUS D,ACTES DANS LA GROTTE ETOILEE , -QUI FERME ET OUVRE AU GRE DU PERCHE. -NI DES MINISTRES DE LA DETRESSE, -QUI CHAUFFENT LES CHAISES DE LEURS FESSES. -ILS ONT FAIT DU PAYS UN BORDEL, -PRESIDENT, SANS UN VOTE FORMEL. -TOUS ENSEMBLE ONT LIVRE LE LIBAN, -A LA MERCI DU PERSE TURBAN.=AILLEURS CA NE PASSERAIT JAMAIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 09, le 25 janvier 2024

  • "Il n’y a aucune raison de lier la présidentielle à ce conflit", C’est une évidence, sauf que, ici comme bien souvent, il n’y a ici pas le moindre rapport entre ce que dit le Hezbollah et ce qu’il fait. Chronologiquement, l’élection présidentielle aura peut-être lieu avant la fin de la guerre, mais elle entrera dans "l'accord global sur l'après-guerre au Liban-Sud" comme le propose Hochstein. Pour la milice iranienne, ce sera la 1701 en échange d’un président de son bord.

    Yves Prevost

    07 h 43, le 25 janvier 2024

  • On aimerai se dessaisir de Berry lui meme si cela est possible. Un tres long règne et peu de blame lui est impute pour les malheurs du pays; pourtant un personnage clé de plusieurs de no maux.

    hrychsted

    05 h 17, le 25 janvier 2024

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