Intempéries : Mikati suit la situation, le Akkar particulièrement touché

Le Premier ministre sortant Nagib Mikati s’est réuni lundi avec les responsables chargés de suivre et de répondre aux évolutions du terrain alors que la tempête qui s’est abattue en fin de semaine dernière sur le Liban a encore provoqué d’importants dégâts dans certaines régions du pays, et plus particulièrement dans le Akkar.

Le chef du gouvernement s’est entretenu avec le ministre sortant de l’Environnement, Nasser Yassine, le secrétaire général du Conseil supérieur de la défense, le général Mohammad Moustapha, et celui du Haut comité de secours, le général Mohammad Kheir, pour étudier les résultats de l'étude préliminaire sur les dégâts de la tempête. Il a aussi appelé à prendre les mesures appropriées pour identifier et renvoyer devant la justice ceux qui « empiètent sur les cours d’eau » et travailler pour rouvrir les routes et venir en aide aux citoyens.

Il a également été décidé que l’armée et le Haut comité de secours continuent d’évaluer les dégâts avec les responsables des localités des régions touchées, et de solliciter le Conseil national de la recherche scientifique (CNRS) pour améliorer les systèmes permettant d’alerter à l’avance les citoyens en cas de risque de fortes intempéries.

Pour mémoire

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Un mètre d’eau

Dans le Akkar, quelques jours après une inondation dévastatrice qui a détruit des centaines de tentes de réfugiés syriens et inondé des maisons locales, la situation était encore dramatique lundi. Selon un communiqué publié par le ministère de l’Agriculture, le niveau de l’eau a atteint « un mètre » dans cette partie du pays.

L'Orient-Le Jour avait rapporté samedi que plusieurs champs et propriétés de la région avaient été inondés, en particulier dans la zone de Wadi Khaled, ainsi que de nombreux camps de réfugiés, notamment à Cheikh Zennad, Kenayseh et Summaqié. Pendant la tempête, les rivières al-Kabir et al-Istwan ont débordé d'une manière inédite en raison des fortes pluies, entraînant des inondations qui ont atteint une hauteur de plus d'un mètre et demi, selon notre correspondant dans le Nord, Michel Hallak. Des habitants de Summaqié au Akkar ont raconté à L'Orient Today que l'eau atteignait la taille à l'intérieur de leurs maisons. Près de 2 000 personnes ont été déplacées dans une mosquée, une école et partout où elles peuvent trouver de la place pour dormir.

Une portion de route s'est effondrée après une tempête hivernale qui a provoqué ce que les villageois ont appelé "la pire inondation depuis des années" à Summaqieh, dans le gouvernorat d'Akkar. 15 janvier 2024. Photo Joāo Souza/L'Orient-Le Jour

Pertes catastrophiques

Le moukhtar de Summaqié, Abdallah Darwich, a déclaré que la tempête avait causé des "pertes catastrophiques" pour les habitants et les agriculteurs de la région, affirmant que "les choses sont devenues complètement incontrôlables". Dans son communiqué de lundi, le ministère de l’Agriculture a lui aussi fait état de dégâts considérables sur les cultures et la faune.

M. Darwich a également appelé le ministre des Travaux publics à lui donner des instructions pour commencer à réparer la route qui relie la ville de Summaqieh à Arida (Akkar). Selon notre correspondant dans le Nord, la tempête a également détruit des centaines de ruches.

Lors d'une visite dans les zones touchées lundi, L'Orient-Le Jour a constaté que 11 camps dans la région de Summaqié étaient complètement inondés et que les tentes et les biens des habitants avaient été détruits. L'Orient Today a également découvert que 17 familles (91 personnes), composées principalement de femmes et d'enfants en bas âge, ont trouvé refuge dans la maison de l'ancien maire de Summaqié. Ces personnes ne savent pas où aller car elles n'ont plus de tentes.

Un garçon porte de l'eau à sa tente dans un camp de réfugiés informel à la périphérie de Summaqieh dans le gouvernorat d'Akkar, le 15 janvier 2024. Photo Joāo Souza/L'Orient-Le Jour

La colère de la population

Selon la municipalité de Summaqié, qui a recensé les familles déplacées, 341 familles (1 754 personnes) ont été déplacées par les inondations. Interrogé sur son logement, une tente dans la ville, Abou Aya, un père de famille de 36 ans qui s'est réfugié dans la maison du maire avec sa famille, a déclaré que "tout ce qu'il y avait à l'intérieur avait disparu". Abdul Razzak Awed Chakra, dont la maison a été inondée jusqu'à la taille, a indiqué que 45 à 50 de ses 250 moutons sont morts à cause des inondations, et que 45 autres devraient mourir de maladie.

Selon notre correspondant, les habitants du Akkar ont exprimé leur colère car ce n'est pas la première fois que les rivières débordent ainsi. Ils tiennent les autorités pour responsables d'avoir toujours négligé les demandes de renforcement et d'approfondissement du lit des rivières avant l'hiver et d'avoir mis en œuvre la décision d'établir une berme sur la rive libanaise de la rivière al-Kabir. Ils ont également demandé aux autorités supérieures de secours d'évaluer les dégâts et de fournir rapidement des compensations à la population.

Des ruches inondées dans une exploitation du Liban-Nord. Photo Michel Hallak

Pour le troisième jour consécutif, les équipes de la Croix-Rouge libanaise et l'armée libanaise distribueront de l'eau et du pain aux familles libanaises et syriennes dont les maisons ont été inondées, selon notre correspondant. Le syndicat de l'Union des agriculteurs des serres a appelé à déclarer l'état d'urgence afin de rétablir rapidement la vie dans les terres et les fermes du Akkar, selon un communiqué publié par l'Agence nationale d’information (Ani, officielle).