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Nos Lecteurs ont la Parole

Le 7 octobre changera-t-il la carte du Moyen-Orient ?

Le premier coup violent qui a ébranlé le pouvoir ennemi n’a pas de résultats garantis dans les soubresauts de l’histoire.

L’attaque du 7 octobre 2023 était énorme et Israël n’en connaissait pas d’exemples. Mais quid du 8 octobre ? Ce que les Arabes ont offert a été un congrès arabe et un autre islamique, comme s’il sonnait la fin de l’arabisme. Tout ce que les Arabes et les musulmans ont donné a été une déclaration et « Dieu a évité aux croyants le mal des combats », à un moment où les flottes américaine et européennes mouillaient au large des côtes toutes proches, avec pour belle mission de changer la carte du Moyen-Orient.

Les Arabes et les musulmans offrirent une déclaration et les flottes occidentales servirent à Israël des armes et de la technologie des plus pointues.

La première frappe du 7 octobre, qui a secoué le monde par son ampleur et sa violence, a eu pour témoin l’histoire, mais celle-ci nous rappelle qu’une telle frappe, si elle est mal étudiée, se transforme in fine en son contraire. Et les exemples sont nombreux.

La frappe de Saddam Hussein et son invasion du Koweït relevaient de la folie et ont provoqué un tremblement de terre. Si elles ont secoué à leurs débuts le monde entier, elles se sont terminées par la pendaison de Saddam Hussein.

L’attaque de Pearl Harbor perpétrée en 1941 contre les États-Unis par le Japon était imaginée par ce dernier comme un grand coup après lequel l’Amérique ne se relèverait pas, mais elle avait eu cependant les effets suivants : l’Amérique a repris des forces et a rejoint les Alliés dans la guerre contre l’Allemagne, tout en rendant l’alliance beaucoup plus puissante. Pearl Harbor s’est conclue par les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. Les dernières frappes ont inversé la situation et la guerre a fini à l’avantage des Alliés. Le peuple américain qui refusait la guerre a fini par l’accepter et en est devenu le partisan.

Une autre attaque surprise très violente à la même période a eu l’effet contraire et a été suicidaire : celle de « Barbarossa », l’attaque nazie contre l’Union soviétique. Elle a eu pour résultats le renforcement des capacités alliées et une mise en déroute de l’armée allemande. Et elle s’est finalement terminée par la chute de Berlin, et a fait tomber l’Europe de l’Est sous la botte de la Russie. L’armée allemande avait été épuisée et ne pouvait plus se relever face aux nouvelles forces alliées rejointes par les troupes américaines et russes qui leur étaient opposées. L’attaque nazie contre la Russie a ainsi abouti à l’inversion de la situation au désavantage de l’Allemagne.

Aujourd’hui, après le 8 octobre, l’armée israélienne ne peut plus endurer la guerre de longs mois, ce jeu de cessez-le-feu ne peut plus se répéter comme avant : en 1948, deux trêves ; en 1967, six jours de combats ; en 1973, le seul cessez-le-feu qui pouvait être justifié. Le but était d’installer un réseau de missiles sur la rive ouest du canal de Suez en Égypte, et c’est ce qui a été fait.

Le jeu ne peut plus se répéter, sauf si la partie palestinienne ou arabe comprend que l’amplification des combats ne parvient pas à l’objectif attendu.

L’ennemi israélien a des capacités à prendre en compte. Il est en état de mobilisation générale et ne peut plus demeurer dans cette situation encore longtemps en raison des conditions de vie de ses citoyens.

Aujourd’hui il y a le front de Gaza et il n’existe pas de fronts arabes, parce que dans le cas où ceux-ci ouvraient le feu, les flottes occidentales agiraient de même.

C’est ce que les Américains ont fait lorsqu’ils ont dit que leurs flottes ouvriraient le feu si la guerre s’élargissait ou si elle s’étendait à l’Iran et ses acolytes, le Syrie, le Yémen et l’Irak ! Ce qui advient aujourd’hui au Liban n’est que des gesticulations que le pays peut à peine supporter vu qu’il n’existe plus en droit et n’a plus que le Hezbollah qui s’est substitué à l’État.

Rappelons que le jour du lancement de la guerre sur le canal de Suez et le début des opérations de traversée du canal, Henry Kissinger avait contacté le ministre des Affaires étrangères égyptien, Mohammad Hassan el-Zayat, qui était à New York. Il a commencé à exposer la proposition de cessez-le-feu qu’il avait préparée et qui impliquait le retour des forces aux lignes qu’elles occupaient avant le début des hostilités. La situation était gênante pour l’Américain en son parti pris pour Israël parce que les États-Unis supportaient beaucoup plus que toute autre partie la responsabilité de la souffrance subie par la partie arabe du fait de la persistance de l’état de non-guerre et de non-paix en ces temps-ci.

Cette tragédie se répète aujourd’hui d’une manière différente. Le requérant du cessez-le-feu est le Hamas et si la guerre continue et que l’Iran intervient par l’entremise de ses « proxies arabes », les flottes sont prêtes à mater l’Iran et changer la carte du Moyen-Orient.

Les Nations unies ont émis une résolution non contraignante (non comprise dans le chapitre VII) dans laquelle elles demandent à Israël une trêve ! Israël a fait la sourde oreille et n’a pas accepté. Il a continué son attaque avec acharnement pour éliminer le Hamas de la carte. Tout mouvement iranien visant l’élargissement des fronts aboutira à une intervention des flottes, et celle-ci aboutira à un changement de la carte du Moyen-Orient. Pour ces raisons, la situation sera grave non seulement pour le Hamas, mais aussi pour tous les fronts.

L’histoire est un professeur : existe-t-il des élèves qui le comprennent ?

Abdel Hamid EL-AHDAB

Docteur en droit, avocat

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le premier coup violent qui a ébranlé le pouvoir ennemi n’a pas de résultats garantis dans les soubresauts de l’histoire. L’attaque du 7 octobre 2023 était énorme et Israël n’en connaissait pas d’exemples. Mais quid du 8 octobre ? Ce que les Arabes ont offert a été un congrès arabe et un autre islamique, comme s’il sonnait la fin de l’arabisme. Tout ce que les Arabes et les...

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